Forum

Article : Méditation sur la vie en résistance

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Saison brune

Stephane Eybert

  04/07/2012

Je viens de lire la bande dessinee “Saison brune” et l’impression est forte. Il y a une poesie et une lenteur dans cet ouvrage, qui manquent a notre espece pour pouvoir alterer sa course.

La vacuité de la fourmilière.

Andros

  04/07/2012

Si c’est un système anthropotechnique vieux de 500 ans qui doit s’écrouler, cela peut prendre bien plus de temps que prévu.

Les esprits analytiques mésestiment souvent la vitesse de l’effondrement (d’une entreprise, d’une organisation) parce que la mécanique qu’ils ont découverts n’est qu’une partie de l’équation. Il existent des organisations qui n’ont jamais cessé d’être gérées de manière chaotique depuis des générations et qui pourtant subsistent, en dépit de toute logique et de tout « idéal de perfection ».

Quant à l’ « idéal de puissance », n’est-il pas finalement une production de gens affamés (au moins psychologiquement) et qui n’a pour horizon ultime que la perspective de ne plus jamais connaître la faim ?

De ce point de vue, une organisation incroyablement mal gérée mais qui, finalement, assure à ses membres d’être nourris va durer très longtemps. On pourrait parler des combinats soviétiques mais on pourrait tout aussi bien parler du Pentagone.

Et dans cette perspective, le Système ne s’effondre pas du tout. Cette vacuité dont il est question est celle de la fourmilière, qui a comme seul mérite, et seule ambition, de faire survivre ses membres. Comment un monde construit sur l’optimisation des rendements, les machines et l’intelligence artificielle n’aboutirait-il pas à la fourmilière ? D’ailleurs (et cela est-il vraiment un hasard ?) il paraît que les fourmilières sont en fait très peu optimales, car nombre de fourmis font n’importe quoi (voire sabotent involontairement le travail des autres), mais grâce à la quantité et au temps, l’ensemble parvient à survivre.

Ce qui s’effondre, c’est une constellation de sociétés, qui furent d’ailleurs les fourmilières de leur temps mais encore, un peu, autre chose, car la spiritualité et l’intelligence avaient pu y survivre, d’ailleurs sous une forme plus clandestine et bricolo que l’hagiographie ne veut bien l’admettre.

Google, Facebook, la NSA et toutes ces choses doivent veiller au bon fonctionnement de la fourmilière, qui n’est que la somme de toutes les fourmis. C’est là où le combat de la « résistance » va se porter et stagner pour, sous le nombre (désormais mécanique, Cf les « chatbots » et autres manipulations cybernétiques du contenu disponible sur internet) et l’accumulation du temps, ne jamais aboutir.

On peut considérer la résistance selon sa définition, comme une réaction, donc une attitude dénuée d’initiative. A l’âge de l’accumulation mécanique (découplée de l’activité humaine, par les robots) et même scientifique et intellectuelle (l’intelligence artificielle, la mise en réseau des meilleurs spécialistes etc.), comment la résistance pourrait-elle un jour avoir l’initiative ? C’est de l’ordre de l’armée soviétique de 1944, ni manœuvrière ni subtile (par impossibilité opérationnelle, du fait de la masse) mais inexorable.

Et il ne faudra pas compter sur la Russie ou la Chine, entièrement tributaires qu’elles sont de la bonne marche de l’économie globalisée, pour résister à cette évolution de fond.

Quant à la sauvegarde de la dignité humaine, qui est bien le propos final de la résistance, combien de temps avant qu’une nouvelle génération d’Irakiens ou de Libyens ne veuille succomber pleinement à Facebook et à la PS3 ? (je pourrais dire à Coca-Cola, mais cela serait terriblement vieux jeu). Comment un système qui resterait digne pourrait-il offrir du poulet à 2€ le kilo aux masses qui ne génèrent plus que 2€ de valeur par jour ?

Je ne veux pas être trop déprimant, mais si l’on veut sauvegarder les trésors de l’humanité, pour une nouvelle éclosion dans plusieurs millénaires sans doute, encore faut-il prendre en considération cette violence extrême qui a vu le jour au XXème siècle et qui n’en finit plus de se développer jusqu’à l’absurde, c’est à dire l’inhumain.

Titre

Annette Thomez

  19/06/2022

Tout ca me donne mal à la tête.