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Article : Notes sur mon Ennemi favori

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Une nation un jour ?

Ni ANDO

  23/01/2010

Bel article. Mais qui passe cependant trop vite la question qui vient naturellement à l’esprit à la lecture de sa dernière ligne. Les Etats-Unis ne sont pas une nation, certes (sauf bien sur dans les représentations hollywoodiennes qui jouent un rôle considérable dans le maintien de la cohésion du système). Ils sont dépourvus depuis l’origine de “substance historique”. Certes également. Cependant, cette appréciation vaut pour le passé et le présent. Qu’en est-il du futur ? La création d’une nation, investie d’une telle substance, est affaire de temps et d’épreuves vécues en commun. Pourquoi dénier l’apparition de cette possibilité ?

Mais peut-être que le lien (ontologique en quelque sorte) avec l’Europe est si puissant que l’apparition d’une véritable nation ne pourrait avoir lieu que si l’Europe disparaissait en tant qu’entité historique et culturelle originale. Les Etats-Unis sont toujours une “colonie”. C’est à la fois le socle de leur histoire et le squelette de leur substance actuelle.
 

l'europe a aussi ses démons

geo

  23/01/2010

«Nous allons vous faire une chose terrible, nous allons vous priver d’Ennemi.»

La phrase d’Arbatov, adressée aux américains dans ce cas, a été perçue comme valant universellement, maxime de philosophie politique (bonne ou mauvaise) plus qu’expression de pénétration psychologique. Des militaires français après la chute du mur allaient disant que « l’ennemi est un concept structurant », et ne cachaient ni leur déroute ni leur adhésion à ces vues.

Cette philosophie a été formalisée par l’allemand karl Schmitt (reprise par le français julian Freud) et, si elle a quelque validité, interdit de considérer le rapport structurant à l’ennemi comme spécifique d’entités non nationales. (Bien que des entités non nationales puissent s’affirmer dans un tel rapport.)

Schmitt et d’autres ont même posé cette structuration comme l’essence de la souveraineté.

« L’Amérique a besoin d’un Ennemi pour ne pas affronter sa propre réalité.
Quelle est cette réalité? Nous revenons souvent sur ce fait: son inexistence en tant que nation, au sens régalien et transcendantal du terme. »

Ces militaires Français de la fin de la guerre froide faisaient-t-ils face à l’inexistence de la France? Ils exprimaient plutôt leur conviction que toutes les entités souveraines se définissent par leurs ennemis, ce qui n’est pas très surprenant pour les soldats d’une nation qui s’est battue plus que d’autres.

« Historiquement, le besoin d’Ennemi des USA – ou ce qui est présenté comme tel en général – est connu. Les racines sont diverses et nombreuses, aussi bien dans les origines religieuses du pays, dans les politiques d’élimination de certaines populations, dans l’hystérie anti-socialiste commencée d’une façon institutionnalisée en 1919, dans les procédures de type maccarthystes et ainsi de suite. »

Ce sont les « démons de l’Amérique », selon une formule ancienne, qui représentent une spécificité. Peut-être surévaluée.

Qui se souvient de l’adhésion européenne aux actions balkaniques des USA soupçonne que la crise d’identité n’était pas qu’américaine. Le démon serbe fut aussi un succès européen.

Très beau texte

Roger Leduc

  23/01/2010

Magnifique texte, synthèse remarquable! Très éclairant sur le non-être de la nation américaine. Point sur lequel je n’arrivais pas à saisir l’essence. Le rapprochement psychologique de l’homme qui a perdu son âme, son essence, cadre parfaitement avec l’américanisme.

La recherche d’ennemis, c’est le grand problème de l’Homme moderne. Disons que cette crise a toujours existé, mais qu’elle a atteint son point culminant. Ce trouble psychologique passe nécessairement par une compréhension psychologique. Pas moyen de s’en sortir autrement! Cela peut sembler de simples mots, jusqu’au jour où ces mots veulent dire quelque chose de concret pour soi. C’est ce Nouveau Monde que j’aimerais aborder prochainement dans OUVERTURE LIBRE. Notre rapport à la réalité, dans le concret. Les images du temps de Platon doivent être remplacées par une compréhension psychologique, et une mise en pratique. Il y a un monde entre lire sur l’amour, et aimer; un monde entre l’image qui nous parle et la réalité. La continuité de la civilisation passe par ce développement psychique. Nous devons sortir de nos illusions!