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Quel est le dieu de Trump ?

Article lié : Bernanos et les hommes dévalués

Denis Monod-Broca

  26/01/2025

Trump invoque volontiers dieu.
Mais de quel dieu s’agit-il ?
La question n’est pas anodine, elle n’est pas non plus simplement rhétorique. Elle est essentielle.
Trump a prêté serment sur la bible mais est-ce bien le dieu de la bible qu’il invoque ? Certainement pas. Le dieu qu’il invoque si volontiers, si légèrement, est un dieu d’avant, un dieu primitif, violent, vengeur, un dieu à idolâtrer, un dieu de l’aveuglement et de l’ignorance, ou de l’inconscience. Il est le dieu des « armées célestes » de certains passages de l’ancien testament. Il est le dieu des Croisés qui massacraient en son nom. Il est le dieu des guerres de religion et de la persécution des Juifs. Il est l’un de ces dieux dont les hommes se servent depuis le commencement du monde pour masquer, à leurs propres yeux, leur propre violence, leur propre besoin de vengeance.
Le dieu de la bible est tout autre : il est raison et vérité, foi et conscience, amour et miséricorde.
Il serait censé, pertinent, rationnel, de la part de la France, de contrer Trump sur ce terrain-là.
Rêvons un instant, imaginons Macron, s’exprimant au nom de la France, disant à Trump qu’il est idolâtre, que, par ses invocations inconsidérées, il trahit le dieu biblique au nom duquel il a prêté serment. Cela aurait de l’allure, cela aurait du sens. Et quel sens !
Mais non, bien sûr, laïcité oblige, laïcité mal comprise oblige, jamais, au grand jamais, Macron ne fera ça. Que c’est dommage !
Chassez le sacré par la porte, il revient pas la fenêtre : parler de dieu, en public, pour un homme politique français, est tabou, interdit. Par un complet retournement, l’absence de dieu est sacrée désormais, au point qu’elle nous tient lieu de dieu : n’est-ce pas elle qui guide notre pensée et nos lois ?
Nous sommes donc idolâtres, tout comme Trump. Et d’ailleurs, pensant comme lui, nous ne savons pas comment nous opposer à lui. Il croit en la force (et en l’argent), comme nous, et il est plus fort (et plus riche) que nous, alors ?...
Sur le terrain spirituel, nous pourrions lutter, mais nous ne voulons pas y aller. Alors il reste à nous aligner. Ce que nous avons commencé à faire, à l’exemple de nos hommes d’affaires, cela se sent bien…
Comment pouvons-nous, à ce point, renier le fondement même, négliger la pierre d’angle, trahir l’héritage, sur lesquels reposent notre savoir, notre pensée, nos principes ?
Nous faisons fausse route.

L’apocalypse trumpiste, avec ses excès tellement extrêmes qu’ils en crèvent les yeux, sera-t-elle révélation ?

Mr

Article lié : Le rêve de Vladimir Vladimirovitch

jean-luce Morlie

  26/01/2025

Dans l’élaboration de cette prospective, il semble que  Trump ait déclaré qu’il comprenait que pour la Russie l’Ukraine devait être un pays neutre ; c’est pour la Russie le point vital !

Question: d'autres déclarations de Trump sont plus floues et ne peuvent convenir à la Russie; peut-être Trump doit-il préparer,  l'opinion publique, à l'idée que les USA et L'OTAN ont  perdu la guerre ? (may be it take two to tango)

L'article 5 ou la tangente

jc

  18/01/2025

Pour moi c'est la tangente.

J'en profite pour présenter une ébauche de programme politique.

Pour moi un véritable centriste est un stratège, la place du juste milieu étant la place du milieu de terrain au foot. L'équilibre est difficile à trouver car ça cout tout le temps -et surtout par les temps qui courent-. Comme au foot.

En politique comme au foot il faut avoir quelque chose à défendre et un but à atteindre.

En politique mon maître à penser est Goscinny. Pour moi il faut en effet trois chefs pour que ça marche : Mimine dans les buts, Abraracourcix en avant centre et Panoramix au centre : bleu-blanc-rouge. Et il faut que les trois soient d'accord pour engager le pays (guerres, traités…).

Je préfère "utopie réaliste" à "idéologie réaliste". Et mon utopie politique est l'anarchie positive, à savoir l'état d'une société suffisamment bien élevée pour ne pas avoir besoin de chef, ce qui permet à chacun de "faire ce que voudra" comme le disait Rabelais (François de son prénom).

En rajoutant un petit zeste de Montaigne ("Mieux vaut une tête bien faite que bien pleine"), une cuiller à café de Descartes revisité à ma façon ("Penser et agir comme on est"), une cuiller à soupe de Pascal (Blaise de son prénom…), et une bonne louche de Thom, voilà quelque chose comme une ébauche de projet politique intelligible par le footeux basique et/ou le lecteur d'Astérix basique.

* :  N. Bonnal a écrit que Goscinny avait tout compris…

Forêts de symboles

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  14/01/2025

[ Pour attirer l'attention des non-mathématiciens sur l'œuvre de Thom. (Ce n'est pas destiné aux connaisseurs !) ]

Il s'agit de forêts de symboles naturels émis par la nature en direction du mathématicien* et de forêts de symboles mathématiques émis par le mathématicien en direction de la nature.

En 1609 (?) Galilée a affirmé que le livre de la nature était écrit en langage mathématique. Peut-être pensait-il à la nature vivante, mais ses travaux ont, à mon insuffisante connaissance, seulement porté sur la nature inerte -la physique post-galiléenne-. Si bien qu'un dialogue entre les mathématiciens et la nature était à cette époque impossible.

Il a fallu attendre 1968 et René Thom pour entrevoir que ce dialogue était possible en ce qui concerne la nature vivante -la physique aristotélicienne-, et l'auteur de Stabilité Structurelle et Morphogénèse fut salué à l'époque comme un nouveau Newton :

"L'ambition ultime de la théorie des catastrophes, en fait, est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne."

Il suit de * que Thom est logocrate à la condition expresse que le langage qu'il utilise soit le langage mathématique. Il suit alors que Thom est topocrate lorsqu'il utilise le langage naturel et qu'il ne l'est pas lorsqu'il utilise ce langage.

Sans cette fois citer Galilée, Thom écrit dans "De l'icône au symbole" (1972)** :

"On sait que vers l'âge de dix-huit mois, le nouveau-né commence son babillage; il prend conscience de ses possibilités articulatoires, et -disent les spécialistes- forme à cette époque les phonèmes de toutes les langues du monde. Les parents lui répondent dans leur propre langue, et, peu de temps après, le bébé n'émet plus que les phonèmes de cette langue, dont quelques mois plus tard, il maîtrisera le vocabulaire et la syntaxe.

Je verrais volontiers dans le mathématicien ce perpétuel nouveau-né qui babille devant la nature; seuls ceux qui savent écouter la réponse de Mère Nature arriveront plus tard à ouvrir le dialogue avec elle, et à maîtriser une nouvelle langue. Les autres ne feront que bourdonner dans le vide -bombinans in vacuo.

Et où, me direz-vous, le mathématicien pourrait-il entendre la réponse de la nature? La voix de la réalité est dans le sens du symbole."

Pour préciser la façon dont s'ouvre le dialogue, je ne vois pas mieux que le passage de Stabilité Structurelle et Morphogénèse consacré au modèle thomien de formation des organes génitaux : d'un côté on a les catastrophes thomiennes ombilic elliptique et ombilic hyperbolique, décrites par des forêts de symboles mathématiques, et de l'autre on a les champignons naturels "elliptiques" (typiquement le Phallus impudicus) et "hyperboliques" comme les lactaires (?).

On notera à ce propos que le chapitre dont est tiré ce passage est épigraphé : "Et le Verbe s'est fait chair", ce qui laisse peu de doutes sur la façon dont Thom pense la logocratie.

* : cf. L'IA et le logocrate.3

** : On trouve cet article dans "Modèles Mathématiques de la Morphogenèse" (1974, 1980)

L'IA et le logocrate.4

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  13/01/2025

Thom logocrate.

Dans les commentaires précédents on reconnaît un Thom indubitablement topocrate et aristotélicien.

Mais je crois que Thom peut être aussi considéré comme un logocrate platonicien, à condition de se placer dans le cadre du langage mathématique, et non dans celui du langage usuel. Il rejoint alors Galilée pour qui "le livre de la nature est écrit en langage mathématique".

Thom : "En dépit de mon admiration pour Aristote, je reste platonicien en ce que je crois à l'existence séparée (« autonome ») des entités mathématiques, étant entendu qu'il s'agit là d'une région ontologique différente de la « réalité usuelle » (matérielle) du monde perçu. (C'est le rôle du continu — de l'étendue — que d'assurer la transition entre les deux régions.)" (ES, p.245)

L'IA et le logocrate.3

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  13/01/2025

"Ne peut-on admettre que les facteurs d'invariance phénoménologique qui créent chez l'observateur le sentiment de la signification proviennent des propriétés "réelles" du monde extérieur, et manifestent la présence "objective" d'entités formelles liées à ces objets et dont on dira qu'elles sont "porteuses de signification" ? Cela les poètes* l'ont su et l'ont dit bien avant les savants :

"La nature est un temple où de vivants piliers
laissent parfois sortir de confuses paroles.
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
qui l'observent avec des regards familiers."

Extrait de "Topologie et signification" que l'on trouve dans "Modèles Mathématiques de la Morphogenèse" (1974, 1980).

* : Baudelaire, Les fleurs du mal

L'IA et le logocrate.2

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  13/01/2025

Steiner, logocrate : " Pour simplifier à outrance, la théorie “transcendante” du langage postule un processus ou un moment de “création spéciale”. Elle soutient que la notion de “pensée préverbale” est, littéralement, dénuée de sens. "

Thom, topocrate : "On notera que cette présentation des ontologies intelligibles peut être faite au niveau préverbal : l'intelligibilité* est ainsi une propriété des phénomènes (interprétés en tant que Gestalten) avant toute conceptualisation au sens strict." (Esquisse d'une Sémiophysique", p.31).

L'opposition logocrate/topocrate : une opposition transcendance/immanence ?

Pour Thom (pour qui la théorie des catastrophes est une théorie de l'analogie) : "Le monde de l'analogie est un monde qui porte son ontologie en quelque sorte avec soi.",

et : "L'immanence désigne, en philosophie et en parlant d'une chose ou d'un être, le caractère de ce qui a son principe en soi-même, par opposition à la transcendance, qui indique une cause extérieure et supérieure." (Wikipédia)

* : le sens…

L'IA et le logocrate.1

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  13/01/2025

En reparcourant l'article je tombe sur un paragraphe qui ne m'avait pas accroché dans mes précédentes lectures :

" « Pour bien écrire, il faut penser clairement, et penser clairement est difficile. » Ce qui pourrait être dit encore plus vite, par cet axiome absolu : “pour penser, il faut écrire (c’est-à-dire parler une langue)”. C’est l’amorce du fondement de la logocratie, dont on sait que je suis un partisan total."

Cet extrait n'est pour moi pas si clair que ça parce que j'interprète « Pour bien écrire, il faut penser clairement, et penser clairement est difficile. » par "pour bien écrire il faut au préalable bien penser" alors que j'interprète "pour penser, il faut écrire" par "pour écrire il faut d'abord penser".

En bref le problème est : est-ce qu'on parle parce qu'on pense ou est qu'on pense parce qu'on parle ? La réponse à cette question renvoie à la question suivante : qu'est-ce qu'un logocrate ?

Thom (who else ?) replace ces questions dans un cadre plus général :

"Cette opposition entre une singularité créée comme un défaut d'une structure propagative ambiante, ou une singularité qui est source de l'effet
propagatif lui-même pose un problème central qu'on retrouve pratiquement à l'intérieur de presque toutes les disciplines scientifiques. La
Physique contemporaine admet plutôt le premier [deuxième ?] aspect : la particule est source d'un champ qu'elle génère ; Einstein, en Relativité Générale, verra
plutôt dans la particule la singularité d'une métrique de l'espace-temps. On retrouve ici cette aporie fondamentale du continu et du discret qui est au
cœur de la mathématique. On retrouvera cette même aporie jusqu'en psychologie : est-ce que nous parlons parce que nous pensons, ou au
contraire est-ce que nous pensons parce que nous parlons ?" (1986, Philosophie de la singularité, article qui figure dans Apologie du logos, Hachette, 1990)

Pour moi un logocrate pense parce qu'il parle alors qu'un topocrate parle parce qu'il pense.

 

Une utopie réaliste ?.1

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  13/01/2025

Autres citations thomiennes :

- à rajouter :

"Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, détient dans sa structure les clés de l'universelle structure de l'Être."

- à rajouter (?) :

"L'analogie Génétique-Linguistique, si tentante qu'elle soit pour l'esprit, n'en suscite pas moins de sérieuses réserves. Les structures biologiques sont tri-dimensionnelles, et non uni-dimensionnelles comme l'est la chaîne parlée. L'unidimensionnalité du génome est vraisemblablement moins due à une contrainte de communication qu'à une contrainte d'autoréplication. Personnellement, je serais tenté de croire que l'analogie doit être prise en sens inverse de celui où on la prend d'ordinaire. Le langage s'est créé chez l'Homme, par invasion du champ conceptuel par le champ « génétique » :
les concepts pensés par l'homme sont devenus capables de se reproduire, en fabriquant leurs propres « gamètes » que sont les mots. Autrement dit : la Linguistique s'explique par une extension des mécanismes de la Génétique, et non l'inverse."

- à ne certainement pas rajouter (?) :

"Le rôle du génome apparaît finalement plutôt comme un dépôt « culturel » de modes de fabrication des substances nécessaires à la morphogénèse. Il n'est peut-être guère plus nécessaire à l'embryogénèse que ne l'est la consultation des livres de cuisine aux réalisations gastronomiques d'un grand chef (ou en tout cas guère plus que l'ensemble de ses fournisseurs…)."*


* : L'intuition haute des grands chefs…

Une utopie réaliste ?

Article lié : L’IA tuant le logocrate,  – ou le sauvant ?

jc

  13/01/2025

PhG* : « Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. »

Sur le même mode peut-être suffit-il aussi d'un (bon) symbole pour qu'une situation s'éclaire d'un seul coup "en un instant de bonheur fou", la lumière, c'est bien connu, courant plus vite que les doigts sur le clavier ?

Pour se représenter l'opposition IA/IH je propose l'image de la BnF répartie comme on sait en quatre bâtiments (hauteur 80m ?) symbolisant la connaissance livresque, sis aux quatre coins d'une dalle nue au centre de laquelle est érigée une structure fine, frêle et souple comme un roseau.

Fine structure évidemment en forme de double hélice, dominant (de 40m ?) les quatre monolithes, domination symbolisant celle de l'IH sur l'IA.

Au rez de chaussée un panneau : Tour Panoramix avec blason de la ville de Paris et sa devise "Fluctuat nec mergitur" et aussi avec blason de la commune de Le Tartre Gourhan (presque le même, dessiné par Uderzo) avec sa devise "Nec mergitur item".

Plateau panoramique au sommet avec en son centre une reproduction agrandie du génome humain (5 millièmes de millimètres, ai-je lu).

Date des plus anciens écrits de l'humanité, date estimée de l'origine du génome humain.

Citations :

- Le roseau pensant de Pascal, évidemment ;

- Je verrais bien aussi celle-ci de Thom : "Nous ne pourrons jamais connaître que ce que notre esprit peut connaître. Mais fort heureusement, nous ne connaissons pas les limites de ce que notre esprit peut connaître."

[ Mon symbole préféré est incontestablement celui du blason avec devise du Tartre-Gaudan, car il renvoie au village Astérix cher, j'en suis convaincu, à France d'en bas.

Si part belle est ici laissée aux logocrates, il ne faut pas oublier les topocrates…]


* : https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu




 

Crise de la raison humaine ?.1

Article lié : Musk, héritier de Guillaume Faye ?

jc

  12/01/2025

Je reprends à mon compte la remarque de Jacques Ellul selon laquelle toutes les civilisations ont, d'une manière ou d'une autre, sacralisé la nature, alors que "notre" contre-civilisation sacralise ce qui la profane, à savoir la technique.

Pour moi, c'est là que commence le délire de notre contre-civilisation, qui est une contre-civilisation globale car, qu'ils le veuillent ou non, les leaders du monde actuels sont tenus prisonniers par la technique sous peine de disparition, qu'il s'agisse de la Russie de Poutine, de la Chine de Xi ou de l'Amérique de Biden/Trump.

Dans l'article Dedefensa sur la crise de la raison humaine*, il y a un passage qui m'a intrigué quand je l'ai lu (et maintes fois relu), passage qui s'éclaire pour moi à la lumière des lignes ci-dessus :

"Lorsqu’un officiel chinois, représentant de l’ambassade, lui fit remarquer que la Chine et de nombreux pays d’Asie ne partageaient pas cet enthousiasme pour bien des raisons, et que les partisans du système occidentaliste pourraient “avoir des surprises, dans quelques années, lorsqu’ils verraient l’évolution de cette région”, – entendant par là que cette évolution ne serait pas celle du “système TINA”, – le silence [ du représentant UK ] pour toute réponse…

(...)

Nous pouvons dire notre conviction que l’intervenant se trompait, qu’il se trompe en croyant qu’un modèle de civilisation asiatique rénové s’imposera rapidement, à côté du modèle occidentaliste, éventuellement pour le concurrencer et le remplacer.

Ce n’est nullement que ses arguments de fond ne soient pas justifiés et excellents; ils le sont, ceci et cela, et plus qu’à leur tour. Mais l’intervenant ignore deux choses: combien le modèle occidentaliste est, à la fois, plus puissant qu’il ne croit et plus proche de l’effondrement catastrophique qu’il ne croit. Cela implique simplement que nous sommes tous concernés, que nous sommes tous impliqués, que nous sommes tous révoltés, que nous sommes tous prisonniers."

Pour moi il ne s'agit pas seulement du TINA thatchérien et reaganien que les élites occidentales en place tentent de maintenir "coûte que coûte". Il s'agit plus profondément de la crise de la rationalité occidentale, crise issue des Lumières, il s'agit de la remise en cause de "notre" déesse Raison qui, telle un cancer, a gagné le monde "qui compte".

Jusqu'à quand le sacré sera-t-il prisonnier du profane ? Jusqu'à quand serons-nous prisonniers de cette déesse Raison ?

Le fait que toutes les civilisations aient sacralisé la nature nous donne une piste à explorer, à savoir la piste "naturelle". C'est la voie suivie par René Thom qui propose "une métaphysique réaliste pour redonner du sens au monde" -dernière phrase de "Esquisse d'une Sémiophysique"-, en précisant qu'il s'agit d'une métaphysique minimale.

En d'autres termes Thom propose une religion susceptible de relier tous les humains parce que concernant "seulement" la nature d'une part et parce que minimale d'autre part; et par suite susceptible d'être qualifiée de religion universelle (καθολικός en grec ancien), c'est-à-dire en quelque sorte de néo-catholicisme athée :

"Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre. Il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu" ("Infini opératoire et réalité physique" -article de 1989 que je n'ai pas lu-).

Cette religion susceptible de relier tous les humains pourrait, il me semble, intéresser des philosophes comme Alexandre Douguine à la pensée de René Thom.


* : https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-subvertie

 

Archéofuturisme ou archéoavenirisme ?

Article lié : Musk, héritier de Guillaume Faye ?

jc

  12/01/2025

PhG distingue le futur et l'avenir en citant de temps à autre Fabrice Hadjadj :

» “En un mot, le futur est relatif à ce qui va, l’avenir à ce qui vient, et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d’une vie qui meurt en se fixant dans un programme. Cette subordination du futur à l’avenir marque aussi la supériorité et plus encore la surprise de l’avenir par rapport au futur. "

Hoffmeister fait, à mon avis, une distinction sinon analogue du moins en rapport lorsqu'il écrit :

"L’archéofuturisme propose que l’avenir de l’humanité doit rejeter le progressisme linéaire en faveur d’un modèle cyclique…" ,

phrase qui se termine et se poursuit par :

"où les principes archaïques sont ravivés et fusionnés avec des technologies de renouvellement du monde. Les projets d’Elon Musk sont des prouesses d’ingénierie et des vecteurs d’une philosophie qui réveille les différentes âmes ethniques de l’humanité tout en la propulsant vers les étoiles." ,

alors que Hadjadj poursuit :

"Quand le monde ne va pas, quand, sous nos yeux, il court à sa perte, cela n’empêche pas le royaume de venir : sa grâce ne dépend pas de nos mérites, elle présuppose même plutôt notre condamnation.” .

Hoffmeister place Trump en position de conservateur et Musk en position de futuriste. Si je suis d'accord avec lui en ce qui concerne Musk, je ne suis pas en ce qui concerne Trump. Car pour moi Trump n'est pas un conservateur, c'est quelqu'un qui s'est emparé du parti conservateur (comme jadis Mitterrand s'est emparé du parti socialiste). Trump est pour moi un archaïque en ce sens que c'est un instinctif "Big Now" qui agit et/ou réagit dans l'instant, comme un animal. C'est pour moi un penseur "génétique".

En introduisant Guillaume Faye comme grand philosophe et essayiste, PhG laisse entendre par son titre que Musk pourrait également en être un.

Que Musk pense et ait une pensée audacieuse me semble indiscutable. Mais sa pensée est-elle sage? Pour moi cela mérite argumentation.

C'est une argumentation que je ne trouve pas dans l'article d'Hoffmeister. Quid de celle de PhG, qui a jadis écrit :  "La sagesse aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée"?

[ PS : Il y a eu jadis sur ce site toute une série de dialogues entre Philippe Grasset et Jean-Paul Baquiast, dialogues nés du livre du dernier cité intitulé "Le paradoxe du sapiens", pour moi  en rapport avec l'archéofuturisme.

La différence de position -que j'imagine…- entre Faye, Hoffmeister et Baquiast d'une part et Grasset d'autre part apparaît dans "Le grain de sable divin"* où PhG oppose la cathédrale de Reims aux tours de Dubaï, tours que je renomme -pour les mettre au goût du jour- en l'archaïque tour Trump et en la future (et futuriste) tour Musk, évidemment plus grosse** que la tour Trump.

* : https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin

** : On attendrait plutôt "plus haute", mais le qualificatif est choisi pour souligner la vulgarité que m'inspire ces deux personnages dorénavant aux manettes du bloc occidental. ]




 

Crise de la raison humaine ?

Article lié : Musk, héritier de Guillaume Faye ?

jc

  11/01/2025

[ J'ai découvert Guillaume Faye et l'archéofuturisme en parcourant quelques uns des nombreux articles qui lui sont consacrés sur le site Euro-synergies.hautetfort (que Dedefensa m'a fait découvrir). J'ai retenu que l'archéofuturisme de Faye était à rapprocher du post-modernisme de Maffesoli, ainsi que ce que j'ai trouvé dans Wikipédia :

"[Faye] fait l’éloge de la « mentalité européenne » faustienne qui se manifesterait dans « […] la cathédrale de Reims, l’escalier à double révolution du château de Chambord, les dessins de Vinci, les BD de Liberatore et de l’école bruxelloise, ou du design des Ferrari ou les réacteurs germano-franco-suédois d’Ariane 5 »

En mettant en rapport l'escalier à double vis de Chambord et le design des Ferrari*, Faye pose le problème du rapport entre art et technique, sachant que l'art français est la traduction du tèknè grec, ainsi que le problème du rapport entre physique archaïque (phusis) et physique moderne, entre physician et physicist.
]

Trump est-il archéofuturiste ?

Un coup d'œil au titre du papier et à la dernière phrase du chapô indique très vraisemblablement la position de PhG, à savoir : non. Position que je partage et précise : Trump est pour moi un Big Now, il est archéofuturiste à l'expresse condition que passé et futur soient réunis et confondus dans le présent. Son temps est le Kairos grec (Trump opportuniste).

Musk est-il archéofuturiste ?

Pour moi Musk est un matérialiste progressiste pour qui les seuls progrès qui vaillent sont les progrès techniques (au sens moderne du terme). Son temps est le Chronos grec.

Thom est-il archéofuturiste ?
 
Si Thom peut être qualifié d'archéofuturiste c'est parce que son temps est l'Aïon grec, le temps de l'éternité (le temps qui passe, immobile, de "En attendant Godot"). Car pour lui les causes temporelles "initiale" et  "finale " s'effacent devant les causes matérielle et formelle qui, je crois, seules comptent pour lui :

"L'attitude matérialiste, traditionnelle en Science, consiste à dire que l'existence précède l'essence (en fait, l'existence implique l'essence) ; le modèle de la théorie des catastrophes en Morphogenèse va à l'encontre de cet axiome, car il présuppose que, dans une certaine mesure, l'existence est déterminée par l'essence, l'ensemble des qualités de l'être. On peut y voir une résurgence du schème aristotélicien de l'hylémorphisme : la matière aspirant à la forme."

Thom commence un article sur l'innovation** où il commence par rappeler que pour lui c'est l'art qui imite la nature et non l'inverse :

"Encore une fois, comme le disait Aristote, ce n’est pas la nature qui imite l’art, c’est l’art qui imite la nature. C’est parce que nous avons implicitement le schéma de la pompe réalisée dans le cœur que nous avons pu ultérieurement construire des pompes technologiques. Et maintenant, les gens vous disent, le cerveau, c'est un ordinateur ! On continue…" ,

Article qu'il conclut en titrant "Il faut décourager l'innovation" dont la dernière phrase est :

"Si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."

[ Dans cette dernière phrase, Thom fait la distinction entre catastrophe au sens usuel et catastrophe en son sens.

Parmi les articles sur Faye figure un article de Robert Steuckers intitulé "Guillaume Faye et la convergence des catastrophes” dans lequel "le mathématicien et philosophe français René Thom" est cité à contresens. (Alain de Benoist a également cité Thom en le liant à celui de Prigogine (à propos d'émergence), alors que leurs philosophies des sciences sont diamétralement opposées, "déterministe" pour Thom, "hasardeuse" pour Prigogine.)

Je pense qu'à notre époque où la science moderne bricole le génome et le cerveau, il serait bon que les philosophes contemporains pénètrent plus avant la pensée thomienne. La lecture de "Aux frontières de l'esprit humain : le jeu"*** me paraît être une bonne entrée en matière à l'heure où l'IA bat les meilleurs joueurs humains d'échecs et de go. ]

Crise de la raison humaine ( https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-subvertie ) ?

* : Personnellement je préfère associer l'escalier "Léonard" de Chambord à la double hélice du génome plutôt qu'aux escalators géants du métro de Newyork. Je pense que PhG ne me désavouera pas, lui qui sait faire la distinction entre la cathédrale de Reims et les tours de Dubaï.

** : Sur le problème de l'innovation, Encyclopaedia Universalis, vol.17, Organum, pp. 81-82.

*** : Dernier chapitre de "Modèles mathématiques de la Morphogenèse" (2ème ed., ne figure pas dans la première) dont voici un extrait de la fin :

"Toute la science moderne est fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses. Si ce postulat paraît assez bien fondé en Physique (où les difficultés théoriques proviennent le plus souvent du nombre infini des êtres à considérer), il n'en va plus de même en biologie (ni a fortiori dans les sciences humaines). Les phénomènes d'adaptation de certaines espèces vivantes devant nos traitements d'extermination chimiques ou biologiques devraient nous inciter à plus d'humilité. Plutôt que de les attribuer stupidement au hasard néo-darwinien de mutations favorables bien promptes à se réaliser, on ferait mieux de se demander si là aussi des structures simulatrices de l'intelligence humaine ne sont pas engagées. L'idée qu'il pourrait y avoir dans la nature des instances dont le comportement imiterait -tout en l'excédant- notre propre intelligence et ferait ainsi obstacle à nos desseins les mieux fondés, une idée n'est pas sans provoquer en nous un réel malaise. Car alors nos capacités de progrès dans le dévoilement de la nature s'évanouiraient et un monde bien triste, un monde sans eu s'installerait, véritable tombeau de l'humanité. Ici, inutile d'évoquer l'existence d' "extra-terrestres" qui nous domineraient. Il nous suffit d'imaginer qu'il existe des êtres de nature abstraite, quasi-platonicienne, qui puissent jouer ce rôle. Toute science avertie devrait accepter cette possibilité et se tenir prête à relever le défi."

Au passage

Article lié : De L.A.-1992 à Hollywood-2025

Paolo Scampa

  10/01/2025

Monsieur
Pour votre info personnelle. Nul besoin de publier. https://aipri.blogspot.com/2024/12/la-terre-radiologique-promise.html
A propos des incendies de LA.  Les départs de feu ont été quasiment simultanés comme le montrent les reprises par satellite. Cela ouvre la piste du réseau électrique en tant qu'initiateur. Cela étant hypothétiquement dit: Hollywood, Hollyrad ? Bien des sources radiologiques (dentistes, etc.) sont à risque sans compter la remise en suspension certaine des retombées atomiques passées. D'ici un ou 2 ans de beaux papers "scientifiques" se pencheront sur ces effluences radioactives comme cela été le cas avec les incendies précédents.
Salutations cordiales.

Le génie de Trump

Article lié : Tous les génies sont fous...

jc

  10/01/2025

Selon mon gourou Thom les sociétés ont un psychisme, et ce psychisme est proche du psychisme animal :

"Il semble que le psychisme social présente un caractère fragmentaire semblable au psychisme animal: la société ne trouve sa conscience qu'en face d'une tâche urgente où son existence, sa stabilité sont menacées (une guerre par exemple); de même, la conscience spatiale d'une société présente un caractère très local, focalisé sur certaines zones menacées: autant de caractères communs avec le psychisme animal."

Comme tout dirigeant anglo-saxon (?) Trump est un pragmatique. Et pour Thom le pragmatisme n'est que la forme conceptualisée d'un certain retour à l'animalité.

Ce point de vue thomien conforte l'idée que Trump est bien un animal politique en phase avec le peuple "profond".

Je vois Trump au mieux comme un tacticien, mais certainement pas un stratège, ce que sont Poutine et Xi.

Que va-t-il se passer en adoptant un point de vue thomien?

Les empires naissent et meurent, et Thom associe à cette dynamique la catastrophe "pli".

Avant la mort il y a parfois un sursaut pour retarder l'inéluctable, sursaut que Thom associe à la catastrophe "queue d'aronde", alias "double pli". Mais Thom évoque également la possibilité de suicide (possibilité toujours liée à la catastrophe queue d'aronde).

Ajouter à ce qui précède que l'assertion "le prédateur affamé est sa propre proie est à la base de l'embryologie sociale"* conforte l'idée que, derrière l'histoire superficielle, il y a l'histoire profonde, la métahistoire.

* Pour Thom l'assertion de nature translogique "Le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale.