• Parmi les signatures régulières que nous affectionnons et auxquelles nous prêtons grande attention sur le net, il y a celle du russe Dimitri Orlov. • Il est le créateur d’une forme de pensée que l’on pourrait désigner comme une “science de circonstance”, une “science” suscitée par les circonstances même que nous traversons et que nous décrivons et désignons nous-mêmes comme la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES) : la “collapsologie”, ou “science de l’effondrement”. • Nous pensons que suivre régulièrement ses écrits est d’un intérêt qui rencontre complètement l’orientation de dedefensa.org : cela peut être fait grâce à nos excellents rapports avec Le Sakerfrancophone, qui reprend systématiquement les textes d’Orlov (en général deux par semaine) et les traduit en français. • Avec l’accord du Sakerfrancophone, que nous remercions bien chaleureusement, nous allons donc reprendre les textes d’Orlov dans cette rubrique propre intitulée “Le monde d’Orlov”. • Son fonctionnement est régi par les mêmes règles que celui d’Ouverture Libre mais cette rubrique a désormais une place structurelle dans dedefensa.org. • Le premier texte, une interview d’Orlov par Le Sakerfrancophone du 15 juin 2016, à l’occasion de la sortie en français du livre d’Orlov (Les cinq stades de l’effondrement aux éditions Le retour aux Sources) sert parfaitement de présentation de cet auteur.
Notre tâche consiste à définir les aspects louables de l’irresponsabilité, et pour ce faire, nous devons d’abord définir l’irresponsabilité elle-même. Et là, nous découvrons immédiatement plusieurs possibilités. Il y a l’irresponsabilité par action, être irresponsable en commettant des actes irresponsables. Il y a aussi l’irresponsabilité par omission, être irresponsable en n’agissant pas de manière responsable. Et ne négligeons pas de mentionner l’irresponsabilité volontaire, qui consiste à refuser d’accepter ou de reconnaître ses responsabilités. Enfin, il y a la méta-irresponsabilité, qui consiste à considérer la question de la responsabilité d’une manière irresponsable, comme paer exemple ce jugement : “Votre discussion sur la responsabilité devient fatigante !” Mais un tel recueil d’irresponsabilité ne donne guère de réponse à la question de savoir ce qui est digne d’éloges. Faisons donc un peu marche arrière. Tout d’abord, définissons la responsabilité. Ensuite, nous exposerons ses nombreux aspects déplorables, détestables, répréhensibles. Enfin, par une simple soustraction nous arriverons à l’irresponsabilité dans ses aspects louables et dignes d’éloges. Allons-y, jetons-nous à l’eau ! (Suite)
L’expression “pecunia non olet”(l’argent n’a pas d’odeur) aurait été pondue (sans jeu de mots) par l’empereur romain Vespasienqui régna de 69 à 79 après J.-C. Elle signifie généralement que la valeur de l’argent reste la même quelle que soit la façon dont il a été obtenu. (Eh bien, dites-le à une équipe de blanchiment d’argent !) Vespasien avait raison : la monnaie romaine était principalement utilisée sous forme de pièces d’argent qui tiraient leur valeur de leur teneur en argent plutôt que de toute autre chose. Mais déjà à l’époque, l’argent romain commençait à puer un peu : en 64 après J.-C., l’empereur Nérona dégradé les deniers de 25% en y mélangeant du cuivre. Ce processus a suivi son cours au IIIe siècle après J.-C., alors qu’un denier typique était composé de plus de 50 % de cuivre. Puis l’empereur Caracallaa introduit une pièce de deux deniers qui pesait 1,5 fois plus – une dépréciation supplémentaire de 25%. Il ne fait aucun doute que les légionnaires romains chargés de protéger les frontières de Rome contre les barbares de plus en plus nombreux, et qui étaient payés avec cet argent de moins en moins précieux, pensaient qu’il puait vraiment, et agissaient en conséquence, comme les barbares. (Suite)
Les voix officielles ne manquent pas pour nous exhorter à agir de manière responsable. Des efforts acharnés sont déployés pour nous faire sentir responsables des représentants gouvernementaux que nous sommes censés élire (en répondant à une question à choix multiples que nous n’avons pas le droit de poser). L’irresponsabilité financière – le surendettement à titre personnel – est vilipendée (tandis que la dette du gouvernement se prolonge vers les étoiles sans penser à un quelconque remboursement). L’éducation responsable des enfants est considérée comme une grande vertu qui nous oblige à adhérer à des normes de sécurité exagérées nous amenant, génération après génération, à élever des idiots congénitaux exagérément dorlotés. Les autorités nous poussent à dénoncer les diverses infractions mineures de nos voisins – c’est-à-dire, espionner pour le compte du gouvernement – en ignorant le fait que la surabondance de lois fait en sorte que chaque personne commet en moyenne trois crimes par jour. Même les compagnies d’assurance se lancent dans ce jeu moralisateur, nous conditionnant à penser qu’agir de façon responsable réduira les primes d’assurance de notre assurance obligatoire – mais ne dites à personne que si votre risque est suffisamment faible, il vaut mieux vous assurer en utilisant vos propres économies plutôt que de les gaspiller pour gonfler les profits des compagnies d’assurance. Bref, être responsable, c’est ne pas trop penser, car à y regarder de près, “la responsabilité” se réduit à “faire ce qu’on dit et ne pas poser de questions”. (Suite)
Ces derniers mois, les gouvernements syrien et russe ont été accusés par les gouvernements américain et britannique de mener des attaques avec des armes chimiques et se sont retrouvés dans une situation assez difficile. Les accusations portées contre eux sont tout simplement absurdes. Il est très difficile, voire impossible, de formuler une réponse rationnelle à une accusation absurde, si ce n’est de souligner son évidente absurdité. Mais ce n’est généralement pas du tout utile parce que les acteurs politiques occidentaux contemporains qui se délectent de l’absurdité évitent le principe néoclassique de la vraisemblance et ignorent les arguments rationnels et raisonnés en les considérant comme inintéressants. C’est un choix calculé : la plupart des spectateurs s’ennuient, sont mal informés et impatients de se forger une opinion basée sur les faits et la logique mais réagissant surtout à divers types de conditionnement. Les responsables chargés de formuler des réponses à la guerre informationnelle occidentale ont été contraints d’acquérir de nouvelles compétences inspirées du théâtre de l’absurde, car bon nombre des complots terroristes récemment allégués portent la marque du genre : « comédie grand public, souvent similaire au vaudeville, mélangée à des images horribles ou tragiques ; des personnages pris dans des situations désespérées forcés de faire des actions répétitives ou dénuées de sens ; des dialogues pleins de clichés, de jeux de mots et de non sens ; des intrigues cycliques ou absurdement en expansion ; une parodie ou un déni de réalité et le concept du jeu de scène qui va avec ». Dans le traitement des récentes allégations britanniques, une source britannique particulière de comédie absurde, le Monty Python’s Flying Circus, s’avère d’une valeur inestimable. Ici, le « sketch de l’atelier d’armes chimiques » et le « sketch de l’agent spécial mortel » sont les plus appropriés. Une éducation rapide à la théorie de l’absurde s’avère très utile pour concevoir des contre-attaques. (Suite)
Au cours de la dernière semaine, j’ai essayé de faire de mon mieux pour éviter à mes lecteurs de se retrouver dans une triste situation : celle de penser qu’ils savent ce qu’ils ne savent certainement pas, ou de penser qu’ils savent que quelque chose est vrai alors qu’ils ne le savent très certainement pas. Eh bien, je ne suis pas satisfait des résultats : les gens continuent de m’écrire pour me dire qu’ils savent très certainement ceci ou cela, et comment diable pourrais-je penser qu’ils ne le savent pas ? Vous voyez, ils l’ont lu sur Internet, ils ont regardé plusieurs vidéos Youtube sur le sujet, ils en ont discuté avec plusieurs personnes inconnues ou presque sur les médias sociaux. Sur la base de toutes ces recherches, ils se sont forgés une opinion, et cette opinion est, selon eux, la vérité. Le mot “vérité” a beaucoup d’attrait émotionnel : nous n’avons pas envie d’être traités de menteurs, d’être perçus comme des menteurs, d’être mal guidés et induits en erreur ou de nous sentir ignorants. Nous voulons être curieux et inquisiteurs. Les esprits curieux veulent savoir ! En fait, c’est juste une pose. Nous voulons avoir beaucoup d’histoires intéressantes et originales à raconter avec lesquelles nous pouvons nous divertir les uns les autres. Ces histoires peuvent être drôles ou touchantes, ou elles peuvent être utilisées pour nous faire paraître courageux, déterminés ou érudits et générer un sentiment de gravité : de grandes choses se préparent, rien n’est vraiment comme il paraît, et nous sommes parmi les quelques-uns qui sont au courant. (Suite)
Les Britanniques viennent de fournir à mon article précédent, « Ceux qui disent la vérité et ceux qui la faussent », une petite étude de cas très soignée : le lendemain même où je l’ai publié, le gouvernement de Theresa May a endossé son rôle en tant que l’un des premiers Faussaires du monde et a publié l’épisode suivant des fausses nouvelles sur l’empoisonnement des Skripal. Nous pouvons l’utiliser comme matériel de formation pour apprendre à repérer et à rejeter les contrefaçons. La fausse histoire que May raconte, c’est qu’il est “fort probable” que le Kremlin ait ordonné de tuer l’ancien espion britannique Sergueï Skripal (et sa fille) avec une arme chimique “de fabrication russe” appelée Novitchok. “En même temps”, d’après ce que nous savions déjà il est fort probable que cette histoire soit un faux complet et flagrant. Comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, ce n’est pas à nous d’établir ce qui s’est réellement passé. Nous serions incapables de le faire avec un certain degré de certitude sans avoir accès aux secrets d’État. Mais nous n’en avons pas besoin ; tout ce que nous avons à faire, c’est d’établir avec un degré raisonnable de certitude que l’histoire du gouvernement britannique est une fabrication stupide, concoctée de façon incompétente. Cela nous permettra ensuite d’apprécier correctement la presse britannique, qui répète ces absurdités comme des faits, et le public britannique, qui les accepte sans conteste à leur juste valeur. Alors, nous pourrons abandonner l’appellation erronée de “Grande” – parce que les grandes nations n’agissent pas de façon aussi stupide. (Suite)
Peut-on dire que la vérité existe ? La plupart d’entre nous aiment certainement à penser que oui et, de plus, que nous en savons quelque chose. Nous avons tendance à donner la priorité au savoir plutôt qu’à l’ignorance, et à ignorer l’idée qu’une partie de ce que nous considérons comme étant du savoir peut être fausse plutôt que vraie. Cela semble justifié : comparé à la fausse connaissance, il est certainement vrai que l’ignorance est une béatitude. Mais il y a peu de possibilités d’évasion qui s’offrent à nous lorsque nous sommes confrontés à l’idée que l’essentiel de ce que nous tenons pour certain “ne l’est tout simplement pas”. La voie d’évasion la plus commune, et aussi la moins valable, est de se livrer à un peu de sophisme ad hominemen prétendant que la mise en cause de vos certitudes chéries est une démarche mauvaise parce qu’elle vient d’une catégorie de personnes mauvaises. Par exemple, de nos jours, il ne faut pas grand-chose pour que, vous en prenant à certaines personnes, celles-ci vous qualifient de “fasciste, raciste, homophobe et misogyne”. Il n’en faut pas non plus beaucoup pour que d’autres personnes vous qualifient de “gaucho stupide”. Et ces deux groupes ne seraient que trop heureux de vous déclarer “troll de Poutine” au moment où vous pourriez essayer de dire quelque chose de vaguement positif au sujet de la Russie. (Suite)
John McCain est mort, et beaucoup de gens font la fête alors qu’ils devraient être tristes. Il n’était pas un ami de l’humanité, il en était l’ennemi, mais il était aussi très mauvais. Et avec des ennemis aussi grossièrement incompétents, qui a besoin d’amis ? McCain a fait beaucoup pour détruire l’Amérique. Il a consacré sa vie entière à la destruction de son pays. Pour commencer, il a été très efficace en tant que manifestant contre la guerre génocidaire de l’Amérique contre le peuple vietnamien. D’autres Américains ont marché inefficacement, brandissant des banderoles et criant des slogans anti-guerre, mais pas McCain ! Son propre père avait beaucoup à voir avec le début de cette guerre, mais McCain s’est rattrapé en détruisant 26 avions de guerre américains. C’est quelque chose ! Si tous les aviateurs américains avaient fait s’écraser autant d’avions, d’innombrables vies innocentes auraient été sauvées. Bien sûr, il aurait pu faire encore mieux, et il a essayé. Il a presque réussi à détruire le porte-avions américain Forrestal en l’incendiant. Pour couronner son illustre carrière militaire, il s’est rendu à l’ennemi et a passé cinq ans dans une prison vietnamienne. Cela a fait de lui un héros aux yeux des Américains seulement, tandis que le reste du monde voyait en lui un meurtrier d’enfants vietnamiens. (Suite)
On ne peut nier que beaucoup de ce qui fait de nous des humains est notre irrationalité. Retirez-la et nous devenons des sacs de produits chimiques régis par des impulsions électriques et des hormones. Une partie de notre irrationalité est simplement aléatoire ou carrément stupide, mais une grande partie est organisée autour de schémas spécifiques de pensée magique qui défie la réalité. Nous avons appris, au fil du temps, à maîtriser notre propension à la pensée magique dans certains domaines, mais nous ne pourrons jamais l’éliminer complètement. Même dans des domaines technologiques tels que l’énergie nucléaire, nous pensons comme par magie qu’il est possible de concevoir un ensemble de procédures d’opération telles que rien de sérieux ne se produira jamais, le tout donnant des catastrophes tels que Tchernobyl et Fukushima. Dans de tels domaines basés sur la science, la magie dans notre pensée provient en grande partie de l’erreur de penser que ce qui peut être capturé sur le papier ne peut jamais servir de représentation complète et précise de la réalité physique en dehors de conditions soigneusement contrôlées. Dans de telles conditions, nous pouvons contrôler le caractère aléatoire en utilisant la loi des grands nombres, nous donnant des circuits de transistors dans lesquels des distributions aléatoires d’électrons créées par tunnel quantique nous permettent de construire des dispositifs informatiques parfaitement déterministes produisant des résultats uniformes pour le même ensemble d’entrées, à chaque fois. Cette capacité parfaitement rationnelle nous permet de constituer une économie totalement numérique. (Suite)
Il y a beaucoup de comportements exposés par des personnes aux postes de responsabilité aux États-Unis qui semblent disparates et bizarres. Nous voyons Trump imposer des sanctions pays après pays, rêvant d’éradiquer le déficit commercial structurel de son pays avec le reste du monde. Nous observons à peu près tous les jours le Congrès américain se surpasser pour tenter d’imposer les sanctions les plus sévères à la Russie. Les habitants de la Turquie, pays-clef de l’OTAN, brûlent littéralement des dollars américains et brisent leurs iPhones en pleine crise. Confrontés à une nouvelle série de systèmes d’armements russes et chinois qui neutralisent largement leur capacité à dominer le monde militairement, les États-Unis établissent de nouveaux records en ce qui concerne leurs dépenses de défense manifestement excessivement lourdes et inefficaces. Pour servir de toile de fond à cette frénésie du complexe militaro-industriel, les talibans progressent régulièrement en Afghanistan, contrôlant désormais la moitié du territoire et s’apprêtant à “réduire à néant” les efforts occidentaux dans cette guerre, comme une répétition du Vietnam, la plus longue guerre américaine. Une liste de plus en plus longue de pays devrait ignorer ou compenser les sanctions américaines, en particulier les sanctions contre les exportations de pétrole iranien. Moment-clef, le ministre des Finances de la Russie a récemment déclaré le dollar américain “peu fiable”. Pendant ce temps, la dette américaine continue de grimper, son plus gros acheteur étant déclaré comme un “Autre” mystérieux, voire totalement inexistant. (Suite)
Récemment, des gens du monde entier, en particulier en Russie, ont été surpris de découvrir que les Américains semblaient avoir perdu la tête. Depuis plus d’un an, depuis les dernières élections présidentielles, ils se sont montrés hystériques face à une horrible ingérence russe. Au début, cela devait être un effort pour influencer le résultat des élections. Après qu’une enquête interminable n’ait produit aucune preuve, l’accusation a été reformulée de manière plus vague : comme une ingérence dans le processus démocratique américain. Ils ne peuvent pas expliquer ce que cela signifie, mais ça semble sérieux ! Et puis comme ils ne peuvent pas non plus étayer la moindre de ces revendications, il est temps de reformater l’accusation, affirmant cette fois que “les Russes” (le terme désormais utilisé comme une sorte d’épithète raciste) exploitent les médias sociaux pour inciter à la violence ou à l’agitation aux États-Unis. Ils ne peuvent pas être sérieux ! Ou alors si ? Ce que les Américains traversent est difficile mais pas impossible à comprendre. Il n’est pas facile de faire des compliments à ceux qui se comportent si ridiculement, mais essayons. Pour ce faire, nous devons parcourir le chemin de la mémoire et rappeler l’effondrement de l’URSS, l’autre superpuissance du XXe siècle. Jusqu’en 1980 environ, les citoyens de l’URSS se préoccupaient surtout de leur propre opinion pour ce qui se passait dans leur pays et dans le monde et n’étaient pas particulièrement intéressés par les opinions des autres. La plupart des gens estimaient sincèrement que l’URSS était le meilleur pays du monde et que leur mode de vie était le plus progressiste. Bien sûr, il y avait des problèmes, mais c’est le cas partout et à tout moment. (Suite)
Il s’est passé récemment quelque chose qui m’a donné l’impression d’être une espèce en voie de disparition. Un ensemble de sociétés Internet transnationales, y compris Google, Facebook, Apple et plusieurs autres, ont toutes supprimé, de manière synchrone, les contenus appartenant à infowars.com, le site web qui est géré par Alex Jones. Une telle synchronicité est un signe certain de conspiration – un sujet sur lequel Alex Jones surfe beaucoup. Une fois, j’ai participé à une émission de radio dirigée par Alex Jones, et il a réussi à résumer ce que j’avais dit : « les États-Unis vont s’effondrer comme l’URSS », ce qui était plutôt pas mal, vu que nous avons mal réussi à nous comprendre, ayant si peu de choses en commun. C’est un conservateur et un libertarien alors que je pense que les conservateurs n’existent pas aux États-Unis. Dernièrement, qu’ont-ils « conservé »d’autre que le droit de porter des armes légères ? En ce qui concerne le libertarianisme, je considère le véritable libertarianisme historique comme une souche du socialisme alors que sa cooptation américaine est tout simplement drôle : ceux-ci ne restent libertariens que jusqu’à ce qu’ils aient besoin des services d’une ambulance ou d’un camion de pompiers, à partir de là ils deviennent socialistes. De plus, les libertariens américains comme Ayn Rand, sont pour moi, implacablement, de mauvais écrivains, pleins de pensées erronées. Cependant, je la trouve utile comme test décisif pour les esprits médiocres. (Suite)
Cela fait plus de deux semaines que Poutine a parlé à Trump à Helsinki, et le brouhaha autour de cette réunion s’est un peu calmé, ce qui a permis de rassembler quelques réflexions sur ce qui s’y était dit. Évidemment, il y avait beaucoup à discuter pour ces deux chefs d’État, simplement pour éviter que la situation internationale ne devienne incontrôlable, et peut-être l’ont-ils fait. Et, de toute évidence, la seule chose que ces deux pays n’auraient pas pu faire est d’empêcher la situation politique aux États-Unis de devenir incontrôlable. Peut-être plus important encore, ils ont décidé de relancer le processus visant à remettre sur les rails les pourparlers sur la limitation des armements stratégiques. En réponse à l’abandon par les États-Unis du Traité antimissile antibalistiqueen décembre 2001, la Russie a passé ces 17 dernières années à développer de nouveaux systèmes de missiles hypersoniques et suborbitaux, certains à propulsion nucléaire et à autonomie illimitée. Ces nouvelles armes ont enterré les rêves de l’Amérique de pouvoir jamais réussir une première frappe nucléairecontre la Russie. Elles ont également réduit le statut des systèmes américains de défense balistique à celui de ferraille très coûteuse. Maintenant que la destruction mutuelle assuréeest une fois de plus garantie, il est parfaitement logique que les deux superpuissances nucléaires du monde recommencent à chercher comment garantir leur sécurité mtuelle car toute alternative comporte le risque d’anéantissement nucléaire des deux côtés. (Suite)
Une grande partie de ce que j’ai écrit ces 13 dernières années, à commencer par l’article « Leçons post-soviétiques pour un siècle post-américain », a été négatif : le sujet de l’effondrement lent, mais s’accélérant, des États-Unis n’est pas un sujet joyeux. L’aspect négatif est inévitable : mon but a été d’inspirer mes lecteurs pour qu’ils transforment leur vie de manière à leur éviter d’être blessés par l’effondrement, et la motivation à le faire est en deux étapes. Une première est négative : comprendre de quoi s’éloigner ; l’autre, tout aussi essentielle, est positive : vers quoi aller. La partie négative est beaucoup plus simple à énoncer que la partie positive, car si les facteurs négatifs ont tendance à affecter tout le monde, bien que de manière différente et à des degrés divers, il n’existe pas de solution positive unique pour tous. Au fil des ans, j’ai essayé de présenter diverses alternatives, dont certaines ont été testées. Elles manquent totalement d’universalité. Mais c’est inévitable. Ma première grande décision a été de me débarrasser de ma maison et de ma voiture et de vivre à bord d’un voilier. Cela m’a permis d’éliminer toute dette, de réduire considérablement mon taux de consommation et d’accumuler rapidement des économies, tout en travaillant pour des compagnies high-tech à distance de marche ou de vélo de la marina où le voilier était stationné. Ma femme et moi avons aussi beaucoup navigué. Nous sommes restés à bord après la naissance de notre fils et il y a grandi jusqu’à l’âge de cinq ans. Sa vie en bateau lui manque maintenant que nous sommes à terre. (Suite)
Dans les États-Unis d’aujourd’hui, le terme “espionnage” n’est pas utilisé en dehors de certains contextes spécifiques. On parle encore sporadiquement d’espionnage industriel, mais en ce qui concerne les efforts des Américains pour comprendre le monde au-delà de leurs frontières, ils préfèrent le terme “intelligence”. Cela peut être un choix intelligent ou non, selon la façon dont vous regardez les choses. Tout d’abord, les « services de renseignements » américains ne sont que vaguement liés au jeu de l’espionnage tel qu’il a été traditionnellement joué, et tel qu’il est encore joué par des pays comme la Russie et la Chine. L’espionnage implique la collecte et la validation d’informations stratégiquement vitales et leur transmission aux seuls décideurs pertinents de votre côté tout en gardant cachés le fait que vous les collectez et les validez à tous les autres. (Suite)
À l’insu de tous, la troisième guerre mondiale fait rage depuis près de trois décennies, depuis l’effondrement du mur de Berlin. Elle a été précédé par la Guerre froide, qui a pris fin lorsque Mikhaïl Gorbatchev a capitulé face à l’Ouest, provoquant dans la confusion la dissolution du Pacte de Varsovie. En dépit de cette capitulation, l’Occident n’a jamais abandonné son plan de détruire le Pacte de Varsovie avec certaines parties de l’ex-URSS, puis de conquérir et démembrer la Russie elle-même. En l’absence de toute menace militaire à l’Est, l’OTAN, avec son jumeau parasite, l’Union Européenne, s’est implacablement étendue vers l’Est, engloutissant pays après pays. Elle a maintenant conquis l’ensemble du Pacte de Varsovie, plus la Moldavie et les trois minuscules États baltes, et elle se lance maintenant vers d’autres espaces de l’ex-URSS : l’Ukraine, la Géorgie et l’Arménie. La raison pour laquelle presque personne en Occident ne se rend compte que la troisième guerre mondiale a eu lieu est que l’Occident a subi un effondrement mental aussi profond que l’effondrement physique de l’URSS. La Russie s’est remise de son effondrement ; l’Occident ne se remettra probablement jamais du sien. La prétention de l’Occident de lutter contre la Russie est un pur fantasme. La posture défensive de la Russie est telle qu’aucune stratégie militaire contre elle n’est planifiable. La doctrine militaire russe stipule qu’il n’y aura plus de guerres sur le sol russe : si elle est envahie, elle portera immédiatement la bataille chez l’ennemi en utilisant des armes de précision à longue portée, y compris à portée intercontinentale. Elle stipule également que la Russie répondra à toute menace existentielle par l’utilisation d’armes nucléaires s’il le faut. De ce fait, le Pentagone, avec l’OTAN en remorque, ne peut même plus rêver d’attaquer la Russie. Ce rêve était vivant à un moment donné, quand les États-Unis ont cru possible d’éliminer la capacité de dissuasion nucléaire de la Russie en utilisant une première frappe nucléaire ; mais dans l’entretemps la Russie s’est réarmée avec des armes plus avancées que les États-Unis. Désormais, le rêve est mort. (Suite)
Les États-Unis attirent beaucoup de monde. En 2017, un million et demi de personnes ont immigré aux États-Unis, la plupart en provenance d’Inde, de Chine, du Mexique, de Cuba et des Philippines, dans cet ordre. Malgré une infrastructure désuète, un système éducatif défaillant qui se classe au 17e rang mondial, un système médical coûteux et inefficace, un système juridique qui est un labyrinthe impénétrable et de nombreux autres problèmes et insuffisances, les États-Unis sont toujours perçus comme attrayants, pas de manière générale mais pour un but précis : avoir une chance de gagner de l’argent. Dans une large mesure, à ce jour, le reste des pays du monde ont largement entamé leur part de richesse, laissant peu de gras à saisir facilement. Mais aux États-Unis, ces échecs mêmes offrent des occasions aux opportunistes nés à l’étranger. Il y a actuellement près de 44 millions d’immigrants de première génération aux États-Unis, mais en tenant compte de toute l’immigration depuis le début de la colonisation européenne, 98% de la population est composée d’immigrants et de leurs descendants, et, sauf exceptions spécifiques (les Irlandais fuyant la famine, les juifs fuyant l’Holocauste), ils étaient tous des opportunistes qui sont venus pour tenter de saisir leur chance. (Suite)
La réalité peut être dure. « Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas », dit Robert Burns. Plus les plans sont ambitieux, plus les dieux se moquent de nous tant ces plans sont vains. A mesure que notre lutte pour atteindre nos objectifs se durcit notre conviction s’affirme que notre cause est juste, se pétrifiant dans une foi aveugle qui est imperméable aux faits contradictoires. Au lieu de réévaluer nos objectifs et de réexaminer notre stratégie, nous poussons simplement de plus en plus fort dans la même direction, en partant du principe que tant que cette force brute ne donne pas de résultat c’est qu’elle n’est pas assez puissante Mais cette posture apparemment impénétrable et à l’épreuve des faits est une façade qui cache derrière elle un organisme délicat et vulnérable. Toute parole contraire qui parvient à la transpercer provoque une blessure ; chaque parcelle de vérité devient insupportable. A mesure que le rire des dieux se fait plus fort, nous fermons les yeux, nous nous bouchons les oreilles, et nous hurlons nos slogans sacrés à travers des amplificateurs réglés sur 11, le super-maxi. (*) Mais un moment arrive où la réalité de notre échec ne peut plus être ignorée, et alors il est temps pour une rupture, une rupture psychotique. (Suite)
Je reste généralement loin des sujets aussi insignifiants que le sport. Divers jeux physiques sont utiles pour élever des enfants en bonne santé, mais le sport professionnel fait partie d’un système de distraction-divertissement organisé. J’aime faire la distinction entre le divertissement et le plaisir : c’est amusant si vous le faites vous-même et cela demande une certaine quantité de travail de votre part ; si vous vous asseyez passivement et que vous l’absorbez, c’est un divertissement. Escalader une montagne est amusant ; regarder quelqu’un escalader le mont Everest, à moins que vous ne vous prépariez à le faire vous-même, c’est du divertissement et donc une perte de temps. Je m’amuse beaucoup à observer l’effondrement, encore incomplet, de la civilisation occidentale, et ce n’est pas une perte de mon temps – ou du vôtre – parce que je me prépare à y survivre, comme vous devriez le faire. (Suite)
« Je ne suis pas un animal, je suis un être humain ! », est une phrase célèbre du film de David Lynch, The Elephant Man, encensé par la critique, qui raconte l’histoire de Joseph Merrick, un homme gravement déformé atteint du syndrome de Protée au XIXesiècle à Londres. Ce film était basé en partie sur une étude de l’anthropologue Ashley Montagu, L’homme éléphant : Une étude sur la dignité humaine(1971). Cette fameuse citation a ensuite donné naissance au titre de la comédie noire I Am Not An Animal de Peter Baynham, sortie en 2004, sur des animaux qui se sont échappés d’un laboratoire de vivisection et ont tenté de survivre aux côtés des humains dans le grand monde cruel. Chaque fois que les humains sont réduits à un état animal, c’est la porte ouverte à la tragédie. Chaque fois que les animaux usurpent l’identité des humains, on est bon pour une comédie. Il y a quelques exceptions. Les chevaux pantomimes ne sont pas particulièrement tragiques. Voir des perroquets et des singes racontant la bonne aventure dans les rues de Moscou est perçu comme tragique par certains défenseurs des droits des animaux. Mais j’ai l’impression que les possibilités comiques sont présentes quand les humains et les animaux se mélangent. Même le film dépeignant les circonstances tragiques de la vie de Joseph Merrick a été coproduit par Mel Brooks, le réalisateur de Blazing Saddles et d’autres comédies épiques. Son nom a été rayé du générique de peur de confondre le public en lui laissant penser que le film était une comédie. (Suite)