• Parmi les signatures régulières que nous affectionnons et auxquelles nous prêtons grande attention sur le net, il y a celle du russe Dimitri Orlov. • Il est le créateur d’une forme de pensée que l’on pourrait désigner comme une “science de circonstance”, une “science” suscitée par les circonstances même que nous traversons et que nous décrivons et désignons nous-mêmes comme la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES) : la “collapsologie”, ou “science de l’effondrement”. • Nous pensons que suivre régulièrement ses écrits est d’un intérêt qui rencontre complètement l’orientation de dedefensa.org : cela peut être fait grâce à nos excellents rapports avec Le Sakerfrancophone, qui reprend systématiquement les textes d’Orlov (en général deux par semaine) et les traduit en français. • Avec l’accord du Sakerfrancophone, que nous remercions bien chaleureusement, nous allons donc reprendre les textes d’Orlov dans cette rubrique propre intitulée “Le monde d’Orlov”. • Son fonctionnement est régi par les mêmes règles que celui d’Ouverture Libre mais cette rubrique a désormais une place structurelle dans dedefensa.org. • Le premier texte, une interview d’Orlov par Le Sakerfrancophone du 15 juin 2016, à l’occasion de la sortie en français du livre d’Orlov (Les cinq stades de l’effondrement aux éditions Le retour aux Sources) sert parfaitement de présentation de cet auteur.

Kemerovo et les cercles de la laideur    06/04/2018

Vous avez peut-être entendu parler de l’événement tragique que je vais décrire, ou peut-être pas. Si vous en avez entendu parler en anglais, il y a de fortes chances que ce que vous avez entendu fasse partie d’un travail de sape programmé antirusse. Normalement, je serais réticent à écrire à ce sujet ; il est généralement préférable de rendre les célébrations publiques et de garder les tragédies privées. Mais dans ce cas, un grand nombre de personnes, à différents niveaux, ont tenté de tirer profit de cette tragédie et d’en tirer des bénéfices, générant un gigantesque nuage de fumée noire bien plus important que celui généré par l’événement lui-même. Cette tragédie vraiment effroyable s’est déroulée dimanche dernier, 25 mars, à Kemerovo (l’accent est mis sur la première syllabe) région de Kouzbass, Sibérie. Un incendie au centre commercial et de loisirs Winter Cherry a coûté la vie à 64 personnes, dont 41 enfants. Seuls 27 corps ont été identifiés ; d’autres attendent une analyse génétique. Le nombre de blessés est de 79, dont 12 restent hospitalisés ; 67 ont pu sortir et seront traités en ambulatoire. Les familles des victimes et chacun des blessés ont reçu 1 million de roubles du gouvernement régional (17 350 USD). En outre, le principal propriétaire du centre, l’entrepreneur Denis Chtengelov, a promis de verser 3 millions de roubles pour chaque défunt. Toutes les victimes seront également suivies par un médecin et un psychologue pour les aider jusqu’à leur guérison. (Suite)

Pourquoi tant de migrants ?    02/04/2018

Pourquoi tant de migrants ? Dans leur interprétation émouvante de In the Year 2525(sur la composition de 1969 de Zager et Evans) Laibachprédisait : « Des rivières de gens coulent comme du sang. » Il n’y a aucune raison pour nous d’attendre si longtemps ; c’est déjà en train d’arriver, et cela se passe depuis un petit moment. En 2017, plus d’un quart de milliard de personnes ont été déplacées de leurs terres natales, parcourant le globe à la recherche d’un refuge. C’est dû en grande partie à l’augmentation du nombre des États faillis. En 2013, j’avais écrit : « La Banque mondiale a publié une liste de nations manquant de souveraineté effective. En 1996, il y en avait onze ; en 2006 il y en avait vingt-six. Il ne se passe pas une année sans qu’un autre État-nation n’en soit réduit à une ligne statistique dans cette liste : l’année dernière, c’était la Libye ; cette année, la Syrie. À quelle distance se trouve la Grèce ? (…) Il est trop tôt pour dire si l’augmentation des États-nations non-viables est linéaire ou exponentielle, mais une simple projection montre que si cette tendance continue à s’accélérer au même rythme, il n’y aura plus aucune nation viable d’ici 2030 environ. »  (P. 150, The Five Stages of Collapse, New Society Publishers, 2013.) (Suite)

Un galop d'essai pour la démocratie russe    28/03/2018

Le 18 mars, la Russie a organisé des élections présidentielles. Tout le monde (enfin ceux avec un cerveau) s’attendait à ce que Poutine gagne, mais presque personne ne s’attendait à ce qu’il gagne avec une telle marge, ou avec un taux de participation aussi élevé : 67,47% des électeurs inscrits se sont présentés aux urnes ; parmi eux, 76,67% ont voté pour Poutine. Au cas où vous vous demanderiez encore si la Crimée fait partie de la Russie (croyez-moi, c’est le cas), le taux de participation était de 71,53%, et 92% y ont voté pour Poutine. Et dans la république autrefois séparatiste de Tchétchénie, le taux de participation a été de 91,54%. Des taux de participation record ont également été observés en dehors de la Russie, parmi la très grande diaspora russe. Plus de la moitié des Russes ont voté pour Poutine. (Suite)

Tuer la diplomatie    24/03/2018

Il y a le fameux aphorisme de Karl von Clausewitz : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Cela peut être vrai, dans de nombreux cas, mais c’est rarement une issue heureuse. Tout le monde n’aime pas la politique, mais quand on a le choix entre la politique et la guerre, les gens les plus sains choisissent volontiers la politique, qui, même lorsqu’elle déborde de vitriol et de corruption, reste normalement non létale. Dans les relations entre les pays, la politique est connue sous le nom de diplomatie, et c’est un art formel qui s’appuie sur un ensemble spécifique d’instruments pour retenir les pays de se faire la guerre. Il s’agit notamment de maintenir des canaux de communication pour établir la confiance et le respect, des exercices pour trouver un terrain d’entente et des efforts pour définir des accords où chacun a à gagner, sur lesquels toutes les parties s’accordent, y compris sur les instruments pour faire respecter ces accords. La diplomatie est une activité professionnelle, tout comme la médecine, l’ingénierie et le droit, qui requiert un niveau élevé de formation spécialisée. Contrairement à ces autres professions, l’exercice réussi de la diplomatie exige beaucoup plus d’attention aux questions de comportement : un diplomate doit être affable, aimable, accessible, conciliant, scrupuleux, équilibré… En un mot, diplomatique. Bien sûr, afin de maintenir de bonnes relations saines avec un pays, il est également essentiel qu’un diplomate parle couramment sa langue, comprenne sa culture et connaisse son histoire. Il est particulièrement important d’avoir une connaissance très détaillée de l’histoire des relations diplomatiques d’un pays avec son propre pays, dans le but de maintenir une continuité, ce qui permet de se fonder sur ce qui a déjà été réalisé. La connaissance complète de tous les traités, conventions et accords précédemment conclus est évidemment une nécessité. (Suite)

False-flag pour Novichok    20/03/2018

La Grande-Bretagne est prise d’une frénésie médiatique à cause de l’empoisonnement récent de l’ancien colonel russe Sergueï Skripal et de sa fille à Salisbury, en Angleterre. La Première ministre britannique, Theresa May, a demandé à la Russie de s’expliquer en prétendant qu’ils avaient été empoisonnés en utilisant un agent neurotoxique appelé “Novichok” (débutant en russe) qui était un produit de la recherche soviétique sur les armes biologiques. Il n’est plus produit et la destruction des stocks a été vérifiée par des observateurs internationaux. Cependant, sa formule est dans le domaine public et il peut être synthétisé par n’importe quel laboratoire chimique bien équipé, tel que celui de Porton Down, un laboratoire militaire de la Grande-Bretagne, qui, soit dit en passant, n’est qu’à 18 minutes en voiture de Salisbury. May n’a fourni aucune preuve pour étayer ses allégations de complicité russe dans la tentative de meurtre. Le ministère russe des Affaires étrangères a demandé à la Grande-Bretagne de fournir toutes les preuves disponibles pour étayer son accusation d’utilisation d’armes chimiques (selon la Convention sur les armes chimiques, la Grande-Bretagne doit le faire dans les 10 jours). Par conséquent, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a répondu que la Russie ne répondrait pas à de telles allégations sans fondement. (Suite)

De meilleures armes pour une planète plus sûre    13/03/2018

Beaucoup de gens semblent avoir perdu le fil quand il s’agit d’armes nucléaires. Ils pensent que les armes nucléaires sont comme les autres armes et sont conçues pour être utilisées en temps de guerre. Mais c’est une pure ineptie mentale. Selon toutes les preuves disponibles, les armes nucléaires sont des armes anti-armes, conçues pour empêcher l’utilisation d’armes, nucléaires ou pas. Par essence, si elles sont utilisées correctement, les armes nucléaires sont des dispositifs de suppression de la guerre. Bien sûr, si elles sont mal utilisées, elles représentent un risque grave pour toute vie sur Terre. Il y a aussi d’autres risques pour toute la vie sur Terre, tel que le réchauffement planétaire incontrôlé causé par la consommation incontrôlée des hydrocarbures ; peut-être devons-nous inventer une ou deux armes pour empêcher cela aussi. Certaines personnes estiment que la simple existence d’armes nucléaires garantit qu’elles seront utilisées quand différents pays dotés d’armes nucléaires se retrouveront financièrement, économiquement et politiquement in extremis. Pour en « faire la demonstration » ils mettent en évidence le principe dramaturgique de l’arme de Tchekhov. Anton Tchekhov a écrit : « Если вы говорите в первой главе, что на стене висит ружье, во второй или третьей главе оно должно непременно выстрелить. А если не будет стрелять, не должно и висеть » [« Si vous dites à l’acte I qu’il y a un pistolet accroché au mur, alors il faut obligatoirement qu’à l’acte II ou III, il fasse feu. Sinon, il ne devrait pas être suspendu là. »]. (Suite)

Make Russia Great Again”...    27/02/2018

Après un an et demi de silence, accompagné de beaucoup de bruit médiatique, autour de l'enquête de Mueller sur la collusion de Trump le Terrible avec les Russes (et leur seigneur et maître, Vladimir Poutine le pirate) afin de voler l'élection à la jeune et innocente Hillary Clinton « la scintillante », Mueller a finalement pondu un œuf. Il a inculpé 13 Russes pour vol d'identité et fraude sur le net. Il allègue qu'ils ont acheté des informations personnelles volées (numéros de sécurité sociale, noms, dates de naissance, etc.) sur Internet, les ont utilisés pour créer des comptes PayPal et Facebook, puis les ont utilisés pour acheter des publicités sur Facebook dans le but de miner la foi des Américains dans la bonté salutaire de leur démocratie. Il n'y a aucune preuve que quelqu’un dans l’équipe de campagne ou l'administration de Trump ait su que cela se produisait. Il n'y a aucune preuve que l'un des 13 Russes avait quelque chose à voir avec Poutine ou le gouvernement russe. Il n’y a aucune preuve que tout ce qu'ils ont fait a eu un effet mesurable sur le résultat de l’élection. Il y a cependant de nombreuses preuves que cet acte d’accusation ne mènera nulle part. (Suite)

Le mensonge compétitif    23/02/2018

Personne n’a jamais prétendu que dire des mensonges est un comportement sportif ou honnête. En dehors de certaines occupations très spéciales – espion, agent spécial, etc. – mentir est presque toujours une manifestation d’échec. Même dans ses formes relativement inoffensives, telles que la vantardise et l’exagération, la frime et la démagogie, c’est un bien pauvre substitut si on n’a pas une vérité favorable à dire. Ensuite, il y a différents types de feinte, par mauvaise orientation, dissimulation et omission ; que ce soit même motivé par le désir de ménager les sentiments de quelqu’un ou pour éviter un scandale, la décision de mentir est rarement une décision heureuse. Enfin, il y a ceux qui produisent et diffusent des informations fausses et trompeuses. Lorsque la société fonctionne normalement, ces personnes sont, tôt ou tard, prises la main dans le sac. Leur réputation est ruinée, leur carrière est terminée et les dommages causés sont réparés. Dans une société fonctionnant normalement, une bonne partie de ses membres ont une solide connaissance des faits, sont capables de raisonner logiquement et ont suffisamment confiance dans l’éthique des journalistes et des autres professionnels, dans l’impartialité des fonctionnaires et dans la méthode scientifique, pour leur permettre de croire que la vérité existe et qu’ils sont capables de la rétablir. (Suite)

Un “-isme” pour en finir avec les “-ismes”    16/02/2018

Il était une fois, dans ce que beaucoup de gens se rappellent maintenant comme le « bon vieux temps », une situation où il n'y avait que deux idéologies régnantes : le capitalisme et le communisme. Les capitalistes croyaient au caractère sacré des droits de la propriété privée, à la capacité magique de l'argent à être la mesure de toutes choses, et à la mystique “main invisible” conduisant le marché pour trouver des solutions optimales aux problèmes économiques. Les communistes croyaient au pouvoir de la propriété en commun, à la capacité des méthodes scientifiques rationnelles et objectives d'être la mesure de toute chose, et au pouvoir de la planification centralisée pour trouver des solutions optimales aux problèmes économiques. Les deux ont essuyé des échecs à plusieurs reprises. Le grand échec du capitalisme fut la Grande Dépression ; le grand échec du communisme fut l'effondrement de l'URSS. Il y a quelques dynamiques qui échappent à ce cadre général de l’échec. Lorsque le communisme échoue (comme en URSS, et en termes économiques plutôt qu’en termes politiques, en Chine, au Vietnam et ailleurs) il repasse la main au capitalisme (en essayant de retenir quelques éléments communistes). Et quand le capitalisme échoue, les capitalistes vont à la guerre, et le résultat c’est le fascisme. (Suite)

Juifs russes aux USA et relations Russie-USA    09/02/2018

En essayant de démêler l’état tendu actuel des relations entre les États-Unis et la Russie, un groupe mérite un niveau d’attention plus élevé, ce sont les juifs américains. C’est le groupe de population le plus important que les deux pays ont en commun : sur les 5 ou 6 millions de juifs vivant actuellement aux États-Unis (les chiffres varient selon la façon dont on mesure la « judéité »), environ un million a immigré aux États-Unis depuis l’ancienne Union soviétique, soit directement, soit après un séjour en Israël. Le gouvernement des États-Unis les a acceptés volontiers, leur accordant le statut de réfugiés ; ainsi, ils sont entrés dans la société américaine avec une identité politisée, nettement antirusse, et leur attitude antirusse a eu un effet d’influence sur l’opinion de nombreux juifs non-russes et aussi d’autres Américains. Les juifs russes sont de loin le groupe le plus éduqué qui a immigré aux États-Unis. Ils se sont très bien intégrés dans la société américaine et beaucoup d’entre eux, ainsi que leurs enfants, ont pu ainsi développer une carrière professionnelle. Leur expérience directe de la vie en Russie leur a permis de se positionner en tant qu’experts sur tout ce qui concerne le russe et, dans une large mesure, a permis à ce groupe relativement restreint d’influer négativement sur l’attitude de 322 millions d’Américains envers 144 millions de Russes au sein de la Fédération de Russie ainsi que sur la trentaine de millions de Russes résidant à l’extérieur. C’est un accident malheureux de l’histoire qu’un groupe d’environ un million de personnes ait, plus ou moins par inadvertance, aigri les relations entre un demi-milliard de personnes. (Suite)

Manuel de réparation de la doctrine stratégique US    07/02/2018

Le 19 janvier 2018, le général James Mad Dog Mattis a présenté publiquement la nouvelle stratégie de défense nationale américaine. Il a prononcé pas mal de mots, mais le résumé tient juste en deux points : 1. La guerre contre le terrorisme n'est plus. Puisque le terrorisme est maintenant un problème beaucoup plus grave dans le monde qu'il ne l'était lorsque la guerre contre le terrorisme a été annoncée pour la première fois après le 11 septembre 2001, elle n'a certainement pas été gagnée. Un autre problème est la quantité prodigieuse d'argent, de vies et de membres amputés qui ont été gaspillés dans cette quête pire que futile. Mais les Américains vont maintenant faire ce qu'ils font toujours après une mésaventure militaire : déclarer la victoire, rentrer à la maison et se recroqueviller derrière deux océans en espérant que leur mésaventure ne les suivra pas chez eux. Le nouveau message de l'Amérique aux nombreuses victimes du terrorisme est « Démerdez vous ». (Suite)

A quoi bon les hommes ?    02/02/2018

Quelles sont les principales fonctions masculines pour survivre à n'importe quel scénario d'effondrement ? Je crois qu'elles se limitent à cinq, que j'appellerai être bon bricoleur, avoir le sens de l’orientation, protéger, approvisionner et être le chef. À l'époque où je grandissais en Russie, mon grand-père avait un ensemble de figurines – des hommes et des femmes vêtus de costumes traditionnels, un couple pour chacune des 15 républiques socialistes soviétiques. Les couples ouzbeks, tadjiks et turkmènes d'Asie centrale étaient particulièrement colorés, mais même les Estoniens d'Europe de l'Est, les Lettons et les Lituaniens étaient intéressants à regarder. Dans chaque cas, les hommes et les femmes avaient l'air plutôt différents. Cela avait du sens parce que, traditionnellement, dans chaque cas, les hommes et les femmes vivaient relativement séparés. Les hommes passaient du temps avec d'autres hommes à faire des choses viriles ; les femmes passaient du temps avec d'autres femmes et de jeunes enfants à faire des choses féminines. C'était un arrangement normal dans le monde entier, faisant de la séparation des préoccupations entre les sexes un bon candidat pour devenir un fait culturel universel. (Suite)

De quelle couleur, votre boulet de démolition ?    31/01/2018

Il y a actuellement beaucoup d’insatisfaction face à la performance d’un président américain assiégé. Pour commencer, il avait les mauvais partisans : trop peu de féministes radicales ; trop de mâles hétérosexuels blancs dont la masculinité toxique est un problème majeur selon les féministes radicales. Ensuite, bien sûr, il n’a été élu que grâce à l’ingérence néfaste du plus grand syndicat du crime organisé au monde, la Russie, dirigé par nul autre que le redoutable pirate Poutine. Les Russes sont si parfaitement intelligents que pas un seul fragment de preuve concluante de leur ingérence n’a pu être mis au jour malgré une année d’efforts inlassables d’un enquêteur spécial extraordinairement compétent. Alors, et cela ne fait qu’empirer, l’on découvre qu’une autre sorte d’ingérence néfaste était en cours : le ministère de la Justice et le FBI, sous la direction de Barack Obama, ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour exonérer Hillary Clinton de ses nombreux crimes tout en mettant le paquet pour déterrer toutes les horreurs possibles à propos de Trump. Mais c’est bien entendu complètement de la faute de Trump : comment a-t-il pu ne pas commettre de bourdes appelant sa destitution, pour permettre à ses adversaires de les trouver ? (Suite)

L'hystérie du Gender et ses failles    25/01/2018

Je me suis lancé dans cette série d'essais pour me concentrer sur un moment particulièrement difficile et tendu de l'histoire américaine. Les États-Unis et le Canada et, dans une moindre mesure, l'Europe occidentale, font une dépression nerveuse et sont aux prises avec l'hystérie du Gender. Soudainement, tout le monde a hâte de jouer la victime sous une forme ou sous une autre d'abus sexuel, alors qu'une nouvelle catégorie de victimes, les hommes hétérosexuels blancs, est pointée du doigt par une forme d'abus particulièrement sinistre : toute tentative de se défendre les amène à être fustigé comme des fascistes sexistes homophobes racistes. L'extrême ironie du fait que ce mode d'attaque lui-même se déroule sous la bannière du raciste (anti-blanc) hétérophobe (anti-hétérosexuel) sexiste (anti-masculin) fasciste (loi de la cour kangourou) est entièrement perdu de vue par ses auteurs. Mais il y a beaucoup plus ironique. Une grande partie de la récente hystérie sur le harcèlement sexuel vient de Hollywood, où des starlettes de différents millésimes, toutes très bien dotées financièrement, ont porté des accusations contre leurs anciens collègues masculins, détruisant ainsi leur héritage et mettant un terme à leur carrière. Ce qui est ironique, c'est que beaucoup de ces anciennes tentatrices ont construit leur fortune considérable sur la provocation sexuelle, sinon le harcèlement sexuel, en aguichant les hommes parmi leur public en la jouant dans le sens du “vous pouvez regarder mais vous ne pouvez pas toucher”. (Suite)

Sanctions de merde    23/01/2018

Quelle que soit la déité païenne qui est responsable de la météo cet hiver, elle semble faire une blague aux Américains. Vous ne croyez pas au réchauffement climatique ? Bien, pourquoi n'avons-nous pas eu les Moscovites profitant de la vue rare de saules en fleur en janvier tout alors que vous gelez chez vous ? Le résultat a été brutal. Non seulement les très basses températures, dans une région où certaines personnes semblent croire qu'une casquette de base-ball est le couvre-chef idéal en hiver, ont exacerbé une saison de grippe déjà très mauvaise (le vaccin standard contre la grippe n'est efficace qu'à 10%) mais cela a provoqué une hausse des prix du gaz naturel jusqu'à 6,4 dollars le mètre cube, testant un record vieux de quatre ans qui dépasse même le prix en Asie. Les Russes croient au réchauffement climatique. Ils ont ouvert les voies maritimes de l'Arctique à la navigation toute l'année, soutenue par la nouvelle flotte de brise-glace russe. Ils fournissent des raccourcis pour le fret maritime mondial tout en contournant des points stratégiques tels que le détroit de Malacca, le canal de Suez et le détroit de Gibraltar. Les Russes ont également profité du réchauffement de l'Arctique pour ouvrir la région à l'exploration et à la production de pétrole et de gaz. À la fin de l'année dernière, l'ambitieux projet de gaz naturel liquéfié de Yamal s'est ouvert en grande pompe. Une nouvelle ville a été entièrement construite au nord du cercle polaire. Poutine lui-même est venu et a donné l'ordre de commencer à pomper. Une nouvelle flotte de méthaniers brise-glace est en cours de préparation pour acheminer le gaz vers les clients partout dans le monde. (Suite)

Collapsus et hommes de bonne volonté (I)    18/01/2018

Il est actuellement à la mode de dénigrer l'importance de la biologie. Peut-être qu'il fut un temps où les humains vivaient avec d'autres animaux, soumis aux mêmes caprices de la nature, mais maintenant nous avons la technologie : le contrôle des naissances, la fécondation in vitro, les accouchements par césarienne, les soins intensifs pour les naissances des prématurés et ainsi de suite. Toute tentative de faire valoir que nous ne sommes, en fin de compte, qu'un groupe d'animaux, et que la civilisation est une condition temporaire, a peu de chances d'être bien reçue. Un aspect particulièrement tendu et fortement contesté du déterminisme biologique a à voir avec les différences sexuelles. En tant qu'idéologie officielle, nous devons maintenant croire que les hommes et les femmes ont exactement les mêmes capacités, et quiconque dit quelque chose de différent est jugé coupable de « perpétuation des stéréotypes sexuels » un acte qui, comme un employé blanc de Google l'a récemment découvert, est maintenant considéré comme une cause de résiliation du contrat de travail avec effet immédiat. (Suite)

Un Ennemi obligeant    12/01/2017

À l'aube de cette transition entre 2 années, il est traditionnel de tirer des conclusions à partir d'un échantillon d'événements notables artificiellement choisis dans le cycle précédent et de faire des prédictions sur ce qui pourrait se passer pendant le suivant, en attribuant une signification artificielle à cette date limite artificielle. “L'hérésie calendaire” : c'est comme cela qu'un prêtre l'a appelé un jour. Une horloge qui passe d'une année à l'autre n'est pas astronomique; c'est simplement une convention. C'est un événement important pour quelques personnes – des comptables pour la plupart – et, par conséquent, pour tous les fidèles de Mammon. Quant à nous, ce n'est rien de plus qu'une borne dans le temps – une relique moussue bientôt oubliée au bord de la route sculptée d'un nombre – et à elle seule, elle n'est guère mémorable. Mais nous pouvons essayer de la rendre mémorable, si nous le voulons, en la traitant comme un marqueur de ce qui est arrivé avant. Quant à ce qui va suivre, vous pouvez compter sur moi pour toujours prédire qu'il y aura plus de la même chose, plus quelques surprises, agréables ou non, et avec cette prédiction, je dois encore probablement me tromper. Nous pouvons aborder cette tâche de rendre le marqueur de temps annuel mémorable avec regret et trépidation ou avec gratitude et espoir, et je choisis cette dernière attitude. L'année s'est terminée par une expression significative et assez inhabituelle de gratitude. (Suite)

Les cinq stades de l’effondrement    07/01/2018

Le Sakerfrancophone : « Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? » Dimitri Orlov : « Je suis quelqu’un qui tape sur un ordinateur portable. C’est très certainement vrai ; personne ne conteste cela. Tout le reste me concernant n’est pas aussi certain. Je ne cherche pas à être timide, seulement à dire la vérité. La plupart des faits sur moi semblent quelque peu contradictoires. J’ai un diplôme d’ingénieur, mais je traite les sciences de l’ingénieur comme un passe-temps. Je suis diplômé en linguistique, matière que je traite aussi comme un passe-temps. J’écris des livres et des articles, pas comme un passe-temps, mais je ne suis pas un humaniste ou un littéraire. J’ai vécu pendant de nombreuses années aux États-Unis, et je connais l’anglais beaucoup mieux que la plupart des Américains, mais je suis russe et à la maison on ne parle que russe. Il n’est même pas possible de dire précisément où je vis, parce que nous vivons sur un voilier, qui se déplace d’un endroit à l’autre. Donc la meilleure chose à faire est de simplement lire ce que je vous écris, et ne pas essayer d’y lire qui je suis, parce que rien de tout cela n’est particulièrement pertinent. Ma motivation pour l’écriture est très simple : je veux donner un sens au monde, pour moi-même, et pour toute autre personne qui pourrait être intéressée. (Suite)