20 ans après : Maggie et le “Rainbow Warrior”

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L’ouverture d’archives nationales britanniques (délai d’accès de 20 ans pour ce cas) à la demande de Greenpeace montre que le Premier ministre Margaret Thatcher, d’accord avec son ministre des affaires étrangères Geoffrey Howe et contre l’avis du reste de son cabinet, refusa d’accabler la France lors de l’affaire du Rainbow Warrior en août 1985. Le Royaume-Uni avait tous les droits et capacités juridiques de le faire puisque le navire était enregistré à Aberdeen, et donc sous pavillon britannique. Il pouvait notamment ordonner une enquête et instruire une mise en cause légale de l’action des services de renseignement français.

L’explication de l’attitude de Thatcher réside dans son hostilité à l’égard du mouvement Greenpeace et de sa composante pacifiste et, à cette lumière, dans sa perception des intérêts britanniques autant que des intérêts occidentaux en général. Pour elle, il était impératif que les Français ne fussent pas plus embarrassés qu’ils n’étaient pour une matière qui touchait notamment leurs capacités nucléaires. Geoffrey Howe nota à l’époque, selon les documents d’archives notamment publiés et commentés par The Guardian de ce matin: « We have no wish to rub salt in French wounds, nor do we wish to appear more aggrieved than Greenpeace. We took care to avoid impugning France prior to the official French admission of responsibility. »

Ce comportement n’a rien d’étonnant, malgré la rivalité habituelle franco-britannique, et notamment, à cette époque, entre Thatcher et Mitterrand. Il s’agit de la manifestation du caractère à la fois ferme et réaliste de Thatcher, capable de modifier son jugement selon le niveau où elle le place (souvent anti-français à l’intérieur du camp occidental, dans ce cas pro-français lorsqu’il s’agit d’évaluer l’intérêt général occidental).


Mis en ligne le 23 août 2005 à 08H58