20% de la flotte des tankers US immobilisés

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Un rapport de l’USAF vient de mettre en évidence l’état de vétusté et de capacités réduites de la flotte des ravitailleurs en vol de l’USAF. Cette situation est évidemment en rapport avec les délais que connaît actuellement le programme KC-X (KC-45) qui est actuellement débattu, avec deux concurrents, Boeing et EADS. On trouve une relation de ce rapport dans DoDBuzz du 28 avril 2010.

«The Air Force’s latest mobility study found the United States could not muster enough tankers to execute two of three likely scenarios, senior service officials told the House Armed Services air and land forces subcommittee today.

»One of the principal reasons for that is that the aging tanker fleet needs so much patchwork and loving care that almost 20 percent of the fleet is in a depot at any one time, Brig. Gen. Michelle Johnson testified. “In two of three scenarios we did not have sufficient tankers,” she said. For the big one, two nearly simultaneous large land campaigns, with three attacks on the U.S. homeland, the U.S. needs 103 percent of what we have. For the second scenario, an air and naval campaign that places even greater stress on the tanker fleet, the shortfall was even greater: 120 percent of what we have, Johnson said.

«Given that the Air Force, wants a new tanker and a better quality tanker as soon as possible, she told subcommittee chairman Rep. Adam Smith.»

Notre commentaire

@PAYANT Ce rapport est le premier document officiel qui donne une idée précise de l’état de la flotte des ravitailleurs en vol de l’USAF, qui constitue le pilier des capacités de projection de forces de l’USAF, en temps normal et en temps de guerre. Les chiffres qui sont communiqués sont impressionnants puisqu’il s’agit d’un cinquième de la flotte qui est constamment en état d’immobilisation. (La plupart des ravitailleurs en vol, des KC-135 ont entre 50 ans et 60 ans d’âge et doivent être constamment surveillés au niveau de leurs structures extrêmement vieilles. Divers cas ont été enregistrés où des KC-135 ont été obligés d’être temporairement interdits de vol en urgence pour des inspections et des mesures de renforcement.)

Qui plus est, des sources en marge de la diffusion de ce rapport ont estimé que le pourcentage actuel d’immobilisation de la flotte avait de fortes chances d’atteindre 40% de la flotte totale dans deux ans dans le cas le plus pessimiste, dans trois ans selon une appréciation normale. Cela impliquerait une incapacité d’action efficace des capacités de projection de force quasiment dans les trois types de conflit envisagés.

Il ne s’agit pour l’instant que de projections, à partir d’une situation bien réelle (20% de la flotte immobilisés) et de projection extrêmement préoccupantes, mais qui constituent désormais la préoccupation majeure des capacités globales des forces armées US. Toute la stratégie US repose effectivement sur la rapidité de transport des troupes et surtout de l’énorme logistique dont ses troupes doivent disposer pour affronter des situations de guerre, pour faire face à un conflit nouveau ou soudain, ou, dans d’autres cas, pour simplement fournir le soutien logistique à des troupes en guerre.

D’ici deux ou trois ans, qui est la situation à envisager au cas où les forces US pourraient se trouver dans cette situation de handicap stratégique fondamental qu’on a dit, il semble encore assez peu probable que l’USAF reçoive un nombre significatif de nouveaux ravitailleurs en vol, pour peu que le marché KC-X se déroule selon la chronologie prévue actuellement, – ce qui est loin d’être assuré, en raison de nouveaux obstacles qui peuvent surgir dans ce cas qui est d’une incroyable complication. (Actuellement, Boeing se dit par exemple prêt à livrer le premier exemplaire d’ici un an, avec au moins une année supplémentaire pour atteindre le stade opérationnel. Mais les difficultés de mise au point des sociétés aérospatiales actuelles font craindre que ces précisions, faites pour renforcer les chances d’emporter le marché, soient quelque peu exagérées dans le sens optimiste.)

C’est-à-dire que la situation actuelle et la situation envisagée ont toutes les chances d’être rencontrées et la puissance militaire US de se trouver dans une situation stratégique extrêmement délicate, sans doute pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’est un des facteurs principaux, – l’autre étant la probabilité inéluctable de réduction du budget de la défense à cause de la situation budgétaire des USA, – qui font penser que les USA seraient conduits à envisager pour la première fois dans la séquence actuelle un retrait massif de l’un ou l’autre des conflits en cours, ou bien une réduction significative dans le réseau de bases stratégiques US autour du monde.


Mis en ligne le 30 avril 2010 à 05H34