2011, l’espace d’une nouvelle odyssée

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2011, l’espace d’une nouvelle odyssée

Quelle Hélène fut-elle ravie ?

Quel Achille disputera à quel Hector la gloire du plus vaillant guerrier ?

L’on sait déjà de quel bois est fait ce cheval introduit dans la contrée convoitée.

L’aube aux doigts de rose tisse l’espérance, elle est promesse faite à soi-même dans la matière du rêve matutinal.

L’odyssée s’est accomplie sur plusieurs siècles, un espace de temps suffisant à filer et tramer la nécessaire légende qui hellénisera le bassin oriental jusqu’aux confins de l’Arabie heureuse. (*)

Baptisée de la sorte, ‘l’odyssée à son aube ‘, l’opération d’ingérence occidentalo-étasunienne dans les affaires intérieures de la Libye dit sa volonté de durer, vouant à forclusion sa présence comme domination présente et passée.

Deux héros s’y répondent, personnalités orthogonales, coplanaires. De leur étoffe dense d’une aberrante gémellité se constitue le récit qui en sera aménagé.

Le fils du colonel, né en Libye, est un héritier d’un rang de fortune suffisant pour en faire un compagnon de jeu d’Albert de Monaco et être reçu par le financier Jakob Rothschild, 4ème baron du nom, dans son Manoir de Waddeston.

Le filousophe germanopratin, lui aussi né en terre arabe, en Algérie, mais Français en vertu du décret Isaac Moïse dit Adolphe Crémieux, est à la tête d’une fortune édifiée par un père sur l’exploitation du bois d’ébène, fruit d’une concession frauduleuse car colonialiste sur le bois exotique africain. Depuis, ses multiples avoirs sont confiés à des équipes de financiers.

Les deux se sont distingués par une forte propension au plagiat.

Les deux encore ont le même appétit pour les starlettes. Saif Al Islam a vécu une idylle médiatisée avec l’actrice israélienne Orly Weinerman. Les conquêtes féminines de BHL se recrutent dans le showbiz.

La paire de héros que peut s’offrir cette époque nourrie au simulacre s’affichent dans l’arrogance et le mépris de leur public qu’ils ne prennent plus soin d’abuser élégamment.

L’un a recouru à une société de consulting Monitor group pour faire rédiger une thèse sur ‘ le rôle de la société civile dans la démocratisation des institutions internationales’ anticipant de manière prémonitoire les modalités de la sollicitation de l’Onu dans les affaires libyennes.

L’autre sillonne la planète depuis quarante ans puis signe des textes au genre indéterminé, se voulant enquête mais truffés de fiction. Toujours arrimés à l’opinion ambiante, donc le contraire de la vérité le plus souvent solitaire, ils ont dérivé d’un maoïsme appliqué au Pakistan au moment de la sécession du Bangladesh vers la nouvelle doxa condensée autour du libéralisme à la Bob Rubin amalgamé au sionisme américanisme islamophobe.

En cas d’écueil et face à un tourbillon, de la même eau, tous deux vont à la même source.

Qadafi a demandé et obtenu l’assistance de ses maîtres en imposture politique et militaire sionistes.

Lévy prend ses ordres à Tel Aviv ou plus près de lui à l’ambassade israélienne du CRIF.

La perruque de Lévy, émissaire de la France promu agent effectif de ses affaires étrangères, apparut auprès du Conseil transitoire de la Révolution libyenne aussitôt que Saif Al Islam portant haut verbe incendiaire et calvitie s’en fut retourné de Tel Aviv.

La régulation synchrone d’appui au gouvernement Qadafi et de soutien aux insurgés répond parfaitement à la théorie de l’équilibre des forces appliquée depuis 1871 par les banques Rothschild finançant Versailles et la Prusse, puis prêtant aux États en cas d’indemnités de guerre. En cas d’inégalité majeure entre deux partis, un conflit ouvrant des marchés d’armements et de crédits financiers tourne court. Pour la beauté de la tragédie, les protagonistes agis par les forces occultes du marché élevé au rang de divinité et aveugles à leur propre destinée allument un nouveau foyer en Méditerranée. Du bruit et de la fureur et la destruction d’une autre Carthage après la mise à sac de Babylone.

L’enlèvement qui a motivé cette guerre de Tripoli est celle d’une Absence.

Par la ruse d’un Ulysse aux couleurs d’une Palestine entravée et colonisée, l’otage dont le nom est imprononcé, refoulé c’est ici celui du peuple de Libye, de sa liberté.

Une énorme machinerie assure la production quasi-illimitée d’un rituel incantatoire légitimant le vol de la Palestine. Désormais, une section de l’armée d’occupation se consacrera à traquer urbi et orbi ceux qui tentent de décrire ou décrier l’illégitimité du régime de Tel Aviv. Le totalitarisme affirme vouloir incarcérer toute pensée qui lui soit contraire et proclame l’universalité de son champ d’action.

Badia Benjelloun


(*) La découverte récente d’ex-voto pour le sacrifice offert à la divinité arabe citée dans le Coran Waddo, l’équivalent d’Apollon, à l’île de Delos datant du 3ème 2ème siècle avant JC atteste de la profondeur de la pénétration grecque dans la péninsule. De même, on a retrouvé sur cette île un autel édifié par un commerçant de Hadramount, ville du Yémen du sud, datant de la même époque.

Dès lors s’explique la profusion de mots grecs retrouvés dans la langue arabe stabilisée dans le Coran. Ce vestige linguistique indique une intensité suffisante des échanges commerciaux et culturel. Très longtemps, l’arabe n’a désigné les Grecs que sous le vocable de ‘Ioniens’ reconnaissant un statut particulier à ce peuple philosophe.