$6 trillions de faux bons empaquetés dans le Traité de Versailles

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Entre le 17 et le 19 février, ils en ont tous parlé, le Financial Times, le Los Angeles Times, Bloomber.News, la BBC, Reuters, etc. Le Digital Journal du 18 février 2012 renvoie à tous ces articles, en donnant lui-même la substance de l’extraordinaire affaire, dite Operation Vulcanica. Depuis, on est passé à autre chose et nous, à notre train de sénateur, y venons tout de même…

Il s’agit de la révélation par la justice italienne d’une saisie, dans une banque suisse, du dépôt d’une masse (6.000) de faux bons du trésor US pour une somme de $6.000 milliards (précision : tout juste un peu moins que la dette US) ; les faux bons, selon le jeu de mots ironique et consacrée, étaient marqués comme datant de 1934, pour une valeur d’$1 milliard chacun, remarquablement imités et vieillis (du “travail d’orfèvre”, dit-on), remarquablement rangés dans des coffres qu’on croyait estampillés au nom de la Chicago Federal Reserve, qui se sont également révélés être des copies, remarquablement faites (suite), des coffres contenant les documents du Traité de Versailles, qui est le traité principal de la fin de la Grand Guerre. Il paraît également que l’agent recueilli par cette opération devait servir à acquérir de l’uranium du Niger, ce qui ne contribue pas à éclaircir l’affaire. Huit personnes (italiennes) ont été arrêtées, les USA ont remercié et félicité la justice italienne, les autorités italiennes ont affirmé que la fraude avait fait peser “une menace sévère” sur la stabilité du système financier international…

«Italian anti-mafia prosecutors say they have seized a total of 6,000 fake U.S.Treasury bonds each with a nominal value of $1 billion, amounting to a total of $6 trillion, almost half the U.S. public debt. Italian police have arrested eight people in connection with the seizure of $6 trillion worth of fake US Treasury bonds.

»According to Financial Times, the fake bills carrying the date 1934, were found in three wooden chests, each containing a forged copy of the 1919 Treaty of Versailles sealed in lead cylinders. The chests were made elaborately with bronze inscriptions reading “Chicago” and “Federal Reserve System.” They were allegedly shipped in 2007 from Hong Kong to Zurich.

»Los Angeles Times reports that “if you acted quickly on the $6-trillion offer, you'd get a signed copy of the Treaty of Versailles, the 1919 document that ended World War I.”

»Swiss authorities, acting on a tip off from Italian police, seized them in a safety deposit held by a Swiss trust company.

»According to Bloomberg, prosecutors from the southern city of Potenza, Italy, say they arrested eight people in connection with the investigations called “Operation Vulcanica.” According to Financial Times, one of the eight men arrested was Rocco Menzella, former mayor of the small town of Montescaglioso in the southern region of Basilicata. Bloomberg reports that Edward Donovan, spokesman for the U.S. Secret Service, said the U.S. assisted in the investigations which focused on a Sicilian living in Potenza already “known for money laundering and exporting currency abroad.”

»The U.S. embassy in Rome examined the securities with a nominal value of $1 billion apiece. Los Angeles Times reports that Brian Leary of the U.S. Secret Service commented on the bonds that carried an image of former U.S. President Wilson: “It's a piece of paper with something printed on it. It's worthless.” The U.S. Embassy in Rome said: “These fictitious bonds were allegedly part of a scheme to defraud Swiss banks.” The U.S. embassy in Rome, according to Bloomberg, tweeted the message: “Thanks to Italian authorities for the seizure of fictitious bonds for $6 trillion.”»

Madison Ruppert, du site EndtheLie.com, qui traque les conspirations et les complots, avoue son extrême perplexité devant cette affaire. Il exprime cela dans son article du 18 février 2012.

«…It gets really strange when we find out that, “The individuals involved were planning to buy plutonium from Nigerian sources, according to phone conversations monitored by the police.” Even more strange is that the bonds were reportedly held in crates marked as property of the Chicago Federal Reserve System, in fact the picture of the crate released by the BBC reveals that the boxes were Treaty of Versailles Mother Boxes.

»If these bonds were indeed forgeries, it implies that the box itself might be fake as well, which raises the question: why would counterfeiters go through the effort of not only faking $6 trillion in $1 billion bonds but also go through the effort of creating a fake Treaty of Versailles Mother Box?

»When I try to imagine the mindset of a thief, I cannot bring myself to understand why I would counterfeit two things instead of just one, thus doubling my chances of the forgeries being detected. Furthermore, why hide the bonds in makeshift compartments within the Mother Box? It all just makes so little sense I’m not sure what to think at this point.

»I am sure conspiracy theories will abound surrounding this incident and there is a chance that some of them may be right on the money (no pun intended), just as the so-called conspiracy theorists were proven right in the case of government collusion with Goldman Sachs…»

…Effectivement, «…I’m not sure what to think at this point». D’ailleurs, ce sentiment semble général, malgré que cette affaire ait été présentée, vu les sommes impliquées (la-moitié-de-la-dette-US), comme une menace très sérieuse contre l’équilibre du système financier mondial. (Au moins, cela nous permet d’apprendre qu’il existe toujours un système financier mondial et qu’il est affecté de cette étrange caractéristique, qui nous avait échappé ces dernières années, de la “stabilité”.) Personne ne s’est vraiment emparé de l’affaire, et notre intervention, à la vitesse des carabiniers, ne devrait pas y changer grand’chose. Sa complication est absolument remarquable, jusqu’à en faire une sorte de chef d’œuvre du genre, comme ça, à première vue. Les projets, ou soi-disant projets d’achat d’uranium nigérien, ajoutent une cerise de taille à ce mystère des faux bons enrobés dans le Traité de Versailles. (Celui-là même, l’uranium nigérien, qui fut “identifié” en 2002 comme servant à Saddam Hussein pour fabriquer ses armes nucléaires et servit d’argument-bidon pour l’attaque de l’Irak ; tout cela constituant un autre “faux” fameux, qui déclencha le scandale Wilson-Plame à Washington, jusqu’au livre et au film Fair Game en passant par la CIA.)

Un expert européen des questions financières, qui nous disait quelques mots sur cette “étrange affaire” qui n’a pas vraiment passionné la Banque Centrale Européenne, s’interrogeait sur l’attitude, et sans doute l’angoisse cachée, des puissances possédantes de montagnes de bons de trésor US, à l’idée qu’après tout cette masse de papiers pourrait aussi bien contenir des parties non négligeables de faux remarquablement imités. Il envisageait l’hypothèse qu’une affaire de cet ordre, à la fois extraordinaire, explosive, et si vite rangée dans les oubliettes du système de la communication, comme on pousse les mégots de cigarette sous le tapis, allait accélérer d’une façon remarquable la défiance générale qui caractérise les relations internationales à cet égard, et notamment vis-à-vis de ce qui approche de près ou de loin le “système financier international” d’inspiration US, le dollar, le gouvernement US et sa solvabilité intellectuelle et politique, et ainsi de suite, et enfin vis-à-vis du Système en général. Cela ne ralentira certainement pas le mouvement discret mais général de désengagement de tout ce qui ressemble au dollar et qui conduit à Washington et aux brigands de la Fed.

Bref, tout cela bien de notre temps, au point qu’à cette lumière l’affaire n’est pas si “étrange” et pourrait être qualifiée même de “sublime” par les amateurs du genre. Le faux, le simulacre règne partout et sans partage, reflétant comme dans un labyrinthe de miroirs déformants la vraie nature du Système ; lorsqu’il est si bien fait et qu’il se paye même le luxe d’effleurer indirectement mais respectueusement d’aussi vénérables reliques que le Traité de Versailles, on en serait jusqu’à dire : “Bravo l’artiste”.


Mis en ligne le 21 février 2012 à 10H32