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1493On a vu que les dernières nouvelles concernant le JSF n’étaient pas vraiment exaltantes. Il s’agit essentiellement de l’annonce concernant le nouveau rapport de l’équipe JET et de l’annonce concernant la probable réduction de commande du JSF par le Royaume-Uni de 132 à 50.
Voyons deux réactions furieuses ou outrées, on ne sait, de l’analyste absolument indépendant Loren B. Thompson, du Lexington Institute, le 26 octobre 2009, sur son Early Warning Blog; et du ministre d’Etat de la défense de Hollande, Jack de Vries (selon le Telegraaf d’Amsterdam, le 27 octobre 2009)... Curieusement, ou malicieusement, on ne sait, nous allions écrire: réactions “des porte-paroles de Lockheed Martin”, car tout semblait correspondre – mais c'était une erreur qu'on nous pardonnera.
@PAYANT • Le 26 octobre 2009, donc, l’excellent Loren B. Thompson, sur son Early Warning Blog, attaquait de façon très virulente la nouvelle donnée par «a newsletter called Inside the Air Force» – une formulation curieusement dédaigneuse, ou dédaigneuse d’une façon révélatrice, tant Inside the Air Force est particulièrement bien connue dans les milieux aéronautiques et de la défense à Washington. Pour le reste, l’argumentation de Thompson est que les estimations diverses sont fautives, que le programme se porte bien, peut-être mieux qu’on ne croit et qu’on ne dit d’une façon si exagérée. En quelque sorte, le retard et les délais accumulés jusqu’ici doivent être considérés dans une enveloppe générale d’appréciation complètement positive, et l'avenir fera justice de toutes ces circonstances catastrophiques. Ceux qui, intentionnellement, ont donné ces informations malheureuses et erronées (sur le rapport JET), et notamment le journaliste Jason Sherman de Inside the Air Force, sont accusés de vouloir troubler l’entendement du secrétaire à la défense Robert Gates et la sécurité des Etats-Unis d’Amérique. Cela laisse à penser sur la vulnérabilité à l’influence de personnages si hauts placés et si formidablement informés, d’ailleurs selon le portrait qu’en fait habituellement Thompson, lorsque, par exemple, Gates va à Fort Worth célébrer la gloire du JSF. (Dixit Thompson: «Leaking exaggerated cost estimates before Gates or his key advisors have even been briefed seems calculated to sow doubt and confusion about one of the nation's most important next-generation weapons programs. Whoever is responsible for spreading such misleading information has done the cause of military preparedness and efficiency no favor.»)
• De Vries, lui, est intervenu à la TV hollandaise, interrogé sur l’annonce, par le Times et le Guardian, que le ministère de la défense britannique avait décidé de réduire la commande de JSF de 132 à 50. (La perspective est peu engageante pour le JSF et ses clients, dont la Hollande espère bien de Vries, à cause des effets sur le prix de l'avion.) De Vries a affirmé que la nouvelle n’était qu’une “rumeur” et rien d’autre, qu’il ne fallait pas se fier aux rumeurs c’est bien connu, et qu’il avait téléphoné à ses “collègues” londoniens et obtenu d’eux la confirmation qu’il ne s’agissait que de “rumeurs”. Il les a qualifiées de “tout simplement fausses”. Ainsi, nous nous trouvons dans la curieuse situation de deux quotidiens britanniques de grande réputation annonçant tous deux la même nouvelle portant sur une décision du ministère de la défense britannique sur une intention de commande britannique, qui se voient opposer un démenti par le ministre de la défense hollandais qui semble ainsi s'arroger le rôle habituellement dévolu, dans ce cas, au ministère britannique de la défense.
Loren B. Thompson est bien connu pour ce qu'on jugerait être des liens d'estime qui, en plus, permettent de vivre, avec Lockheed Marin. De Vries est également connu pour avoir, en plein débat au Parlement sur le JSF, en avril dernier, profité d’une suspension de séance et appelé par téléphone portable Lockheed Martin pour obtenir quelques précieux conseils concernant l’orientation qu’il était préférable de prendre durant la séance. De Vries représente un ministre-lobbyiste installé à la direction de la défense en Hollande.
La sortie de ces deux excellentes personnalités d’une façon qui ne laisse guère de doute sur le sens de leur mission est une indication précieuse sur le sérieux des informations qu’ils démentent avec une grande vigueur. Le cas du ministre-lobbyiste hollandais est particulièrement succulent au regard des conditions de son intervention, qui ne concerne en rien une affaire de défense de son pays. On peut déduire de ces péripéties, d’une part que les informations en question sont sérieuses, d’autre part que Lockheed Martin se trouve particulièrement inquiet à cet égard. Il s’agit d’un périple désormais habituel à faire pour rechercher la réalité derrière les manœuvres de désinformation courantes (voir notre Note d’analyse du 9 octobre 2009).
Mis en ligne le 29 octobre 2009 à 07H38