A la recherche de la prochaine crise

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D’une façon générale, comme vous le savez, – la crise est finie, passons à autre chose, – par exemple, au panégyrique de l’économie de marché et du système hyper-libéral, bref du capitalisme qui nous a montrés ses infinies facettes pour fabriquer ordre, bonheur et concorde. En un mot plein de verdeur, la crise est finie, – ainsi devrait-il en être après deux mois d’une campagne intensive de la “philosophie-green shoots”. Passons, – mais la chose, elle, ne passe pas.

Le mot d’ordre ne vaut pas pour le docteur Robert Zoellick, qui continue avec ses idées noires, type “sugar light”. Zoellick donne une interview à Bloomberg.News, le 30 mai 2009, où il reprend et développe le thème. Nous ne sommes pas (du tout) sortis de l’auberge, à suivre.

«World Bank President Robert Zoellick warned policy makers that fiscal-stimulus plans are insufficient to turn around the “real economy” and rising joblessness threatens to set off political unrest across the globe.

»“While the stimulus has given an impulse, it’s like a sugar high unless you eventually get the credit system working,” Zoellick said in an interview yesterday with Bloomberg Television’s “Political Capital with Al Hunt.” “When unemployment increases, that’s probably the most political combustible issue.”

»Zoellick’s caution is a contrast with private economists, who are raising their outlooks for growth from India to China as stimulus measures take effect…»

Le même Bloomberg.News développe, le 29 mai 2009 les mauvaises nouvelles venues en cette fin de printemps concernant la situation de l’immobilier US. Fin avril, des chiffres prometteurs en avaient fait l’une des “green shoots” les plus prometteuses (superbe logique). Le printemps est fini, et les illusions avec.

«Kyle McGee went to his mortgage broker’s office yesterday hoping to refinance and save about $200 a month. He walked away empty-handed. McGee was expecting a rate of 4.7 percent; the broker offered him 5.375 percent. The average 30-year fixed-mortgage rose to 5.27 percent as of yesterday, according to Bankrate.com. “We feel like we might have missed the boat,” said McGee, 37, an adjunct professor of social work at Hunter College School of Social Work in Manhattan.

»Federal Reserve Chairman Ben S. Bernanke’s efforts to bring down borrowing costs to revive the housing market and help the economy are stalling. Mortgage rates are almost back to where they were in March before the 30-year rate fell to a record and sparked a refinancing boom. Mortgage delinquencies rose to a record 9.12 percent of U.S. home loans and house prices dropped the most on record in the first quarter, industry reports show.

»“Housing is not going to be the engine to get us out of this recession,” said Robert Eisenbeis, chief monetary economist for Vineland, New Jersey-based Cumberland Advisors Inc., and former research director at the Federal Reserve Bank in Atlanta. “They’ve squeezed a lemon and now they’re trying to squeeze some more, but you can only get so much juice out of a lemon.”»

Zoellick pense pourtant que la position du dollar reste solide et qu’aucune crainte sur sa prépondérance n’est à entretenir. D’autres ne pensent pas de la sorte, comme l’économiste Nouriel Roubini (le 14 mai dans le New York Times, traduction françise sur Contrinfo.info le 18 mai 2009). Ces diverses indications ajoutées, parmi tant d’autres en vérité car la dissidence se portent haut aujourd’hui, rendent un constat général qui caractériserait bien la situation. Il s’agit d’une période de transition, non pas vers la fin de la crise bien entendu, mais un temps d’incertitude pour tenter d’appréhender: quand et vers où la chose va-t-elle frapper à nouveau?

Le monde vit désormais dans une “structure crisique”, selon le qualificatif employé en psychiatrie. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de savoir s’il y a crise (s’il y aura crise) mais bien de savoir quand la crise qui forme désormais la structure de notre monde va-t-elle à nouveau se manifester, et sous quelle forme. Quant à évoquer “la fin de la crise”, il faut avoir la puérilité d’esprit d’un professeur d’économie devenu président de la Federal Reserve pour croire à cette affabulation. Le concept de “fin de crise ” est sorti du champ du possible de notre temps historique. Il faut s’y faire et attendre la suivante.


Mis en ligne le 30 mai 2009 à 18H20