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466Au-delà de la logique fermée et de la cruauté psychologie complète du système, il y a la drôlerie de type “nonsense”, comme disent les Britanniques, dans la dialectique de la bureaucratie pour expliquer la réalité en la maquillant comme il se doit. C’est la bataille, épuisante pour cette même bureaucratie, entre virtualisme et réalité.
Nous avons ici un exemple de cette bataille autour des grandes questions qui préoccupent les experts du State department: les US en Irak, est-ce vraiment un succès de la guerre contre la terreur? Ne risque-t-on pas de croire que c’est un échec?
Pour le dernier rapport du State department sur le terrorisme, s’est posée, dans ce cadre du jugement sur la situation de l’Irak, la question plus précise: l’Irak est-il ou non devenu un “paradis” pour les terroristes? Grave question, — parce que, si la réponse est positive, l’évidence que tout le monde connaît sera actée dans le langage de marbre de la bureaucratie et le virtualisme aura capitulé face à la réalité. D’où l’exercice exceptionnel de ce dernier rapport, impliquant in fine un grand débat sur cette question : mais qu’est-ce que c’est qu’un “paradis” (haven)?
Le Guardian du 29 avril transcrit cela dans un titre où le grotesque baroque et donc en forme d’oxymore (qu’est-ce que c’est qu’un “haven”? L’Irak est-il un “haven”? L’enfer irakien est-il un “haven”?) le dispute à l’incompréhension polie : « US admits Iraq could become haven for terror. » (Finalement, l’emploi du conditionnel, — “could become”, — passe tout, dans la mesure où c’est presque une demande implicite de renseignement, le State department s’adressant en fait à Qui vous savez et Lui disant : eh, Dieu, qu’en dis-Tu? Es-Tu d’accord? L’enfer irakien est-il un paradis?)
Extrait de l’exercice autour de la problématique du type : non, ce n’est pas encore le paradis mais ça pourrait effectivement le devenir, et puis il y a certains qui croient que c’est le paradis, alors ce serait peut-être que c’est déjà le paradis… « The US state department acknowledged yesterday that there is a risk of Iraq becoming a safe haven for terrorists three years after the invasion of the country. [...] The report says: “Iraq is not currently a terrorist safe haven, but terrorists including Sunni groups like al-Qaida in Iraq, Ansar al-Islam and Ansar al-Sunna, as well as Shia extremists and other groups, view Iraq as a potential safe haven and are attempting to make it a reality.” » Certains sont accusés de complicité dans cette entreprise de mise en forme du paradis: « The department said some of Iraq's neighbours, including Syria, had not been helpful in the battle to try to prevent the creation of a terrorist safe haven. »
Plus loin, lorsqu’il est question du terrorisme en Europe, le débat in fine se poursuit avec l’avancée du rapport sur la voie de la définition de “haven”, soit dans un “physical sense”, soit dans un “literal sense” : « It [the State department report] added: “Although most of Europe is not a physical safe haven in a literal sense...” »
Mis en ligne le 1er mai 2006 à 09H11
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