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461Régulièrement l’un de nos lecteurs s’exclame à propos de ses difficultés à comprendre l’anglais en même temps que de notre propension à en user. Il nous demande, — parfois exigeant, parfois ironique, parfois aimable, — si nous ne pourrions pas adjoindre à chaque texte anglais que nous utilisons, une traduction ou une interprétation de ce texte.
Notre réponse, jusqu’à plus amples projets et fortune extraordinaire, est tout simplement : “non”. Les raisons sont simples et vite dites. Par expérience (notre Lettre d’Analyse Context, publiée en anglais à partir d’un texte français initial qui est traduit), nous savons que la (bonne) traduction est un processus coûteux et lent. Nous n’avons évidemment pas les moyens d’avoir un “service traduction”, — le terme même nous fait sourire tant il implique d’organisation et de trésorerie, mais aussi de bureaucratie, par rapport au caractère minuscule et artisanal de notre “organisation” ; et, dans tous les cas, une traduction des textes cités prendrait un temps long qui pèserait beaucoup sur le travail de dedefensa.org, en retardant notre réaction, en freinant notre capacité de commentaire et ainsi de suite. Ce dernier point est bien plus qu’un aspect matériel : la qualité de notre travail, pour ceux qui la reconnaissent, tient au fait que nous travaillons rapidement sur la matière brute, sans risquer de la dénaturer en cherchant à l’aménager ou à l’apprivoiser.
Nous comprenons parfaitement la réaction de notre lecteur Jean-François Michel (en date du 23 avril sur notre “Forum”, — c’est d’ailleurs la seconde de sa part). Elle est présentée dans des termes convaincants, voire touchants : «Je suis né en 1944, dans un trou perdu des Vosges. J'ai eu le choix entre allemand et deutsche... Je ne lis donc pas l'anglais! Serait-il possible d'avoir, par exemple en annexe, une traduction des passages anglais? Cela améliorerait énormément votre site qui me semble très intéressant, mais, quand on n'en comprend pas la moitié...»
… “termes convaincants, voire touchants”, mais qui ne changent pas les réalités économiques du système que nous combattons, — mais à l’intérieur duquel nous nous trouvons nécessairement (nul ne peut en être quitte) et dont nous utilisons nécessairement les instruments (Internet en est un). L’“option” de la traduction offerte parallèlement à notre travail est définitivement une option à proscrire car, dans ce cadre du système que nous combattons et où nous nous trouvons, elle nous éliminerait économiquement et impitoyablement. Ce n’est pas le but recherché, n’est-ce pas. (Observation annexe : il est bien dommage de ne pas lire l’anglais par rapport aux interventions que nous faisons. Le langage employé par le système ou par ceux qui soutiennent le système nous en dit beaucoup sur ce système, qui serait perdu dans une traduction.)
Par ailleurs, et pour suivre la dernière remarque de Jean-Claude Michel que nous citons, est venue celle de Francis Lambrechts, également le 23 avril sur notre “Forum”, qui nous apporte peut-être la solution. Lambrechts signale à Michel l’existence des systèmes de traduction automatique, aisément accessibles et gratuits, et dont lui-même fait usage. Le résultat est du français “petit-nègre” mais qui permet la compréhension.
Voici la réponse-conseil de Francis Lambrechts, qui mérite d’être citée intégralement, — Lambrechts que nous remercions à cette occasion. (Il apporte un argument sur la “licence poétique cybernétique” et sur “nos capacités d'analyse et d'interprétation” qui “développent la tolérance”, que nous trouvons à la fois sympathique et diablement bien trouvé, — quelque chose qui transfigure le simple constat du “petit-nègre” qui fait un peu dépassé et pas très politically correct):
«La plupart des “navigateurs Internet” ont une “traduction en ligne” (gratuit sinon l'effort de se renseigner). J'utilise OPERA où un simple “clic droit” permet de traduire en une foultitude de langues.
«La traduction automatisée apporte non seulement une “licence poétique cybernétique”, mais exerce nos capacités d'analyse et d'interprétation, cela développe la tolérance et enrichit nos connexions synaptiques, la sémantique ... Un cadeau global si on ne refuse pas son déballage. J'insiste sur la facilité, essayez l'aide de votre navigateur, risquez une question à votre entourage?
»Exemple extrait de “La France vote, les Anglo-Saxons éternuent” :
»Traduction Babel Fish En français: “Les sciences économiques des deux pays pourraient être discutées pour toujours, mais c'est le point. La France a un PIB per capita inférieur, $33.015.40 contre le R-U 35.421.19, mais ceci semble une différence, pas un désastre. Le même est vrai pour des taux de vraie croissance de PIB : La France est 1.4%, les R-U est 1.8%. Encore, il y a au moins un joli contraste spectaculaire, dette externe. Les Anglais tête-visser-sur-droits entrent à $8.28 trillions, alors que les Français aliénés et imprudents doivent $3.461 trillions. Je ne prétends pas savoir ce qui ce des moyens, au juste ce que ne signifie pas il. Il ne signifie pas que les gourous de Saunders ont le droit de réclamer la manière britannique surpasse la manière française.”»
Si nous citons toutes ces choses qui se trouvent déjà en ligne sur ce site, c’est pour attirer l’attention des lecteurs mal à l’aise avec l’anglais et avec l’emploi que nous en faisons. Outre les nécessités économiques que nous avons mentionnées et qui vont de soi, nous insistons sur la nécessité intellectuelle de cet emploi. L’omniprésence de l’anglais dans la puissance et les ambitions du système est une partie importante de la compréhension qu’on en peut avoir, et, par conséquent, de l’efficacité qu’on peut espérer dans la façon de l’affronter.
Mis en ligne le 25 avril 2007 à 05H27
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