A propos de l’écorché vif du 19 courant…

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A propos de l’écorché vif du 19 courant…

Monsieur Grasset est écorché vif mais sa Croix a peut-être pour vertu de nous sauver tous, sait-on jamais ?... “L’absence de solitude sociale” dont il affuble Lucien Jerphagnon est-elle ce qu’il dit ? Critiquable ? N’est-elle pas plutôt une variante de l’écorchement à vif qui confine chez des personnes aussi érudites que Lucien Jerphagnon à une compassion réelle pour cette civilisation à l’effondrement de laquelle nous assistons consciemment – mais à laquelle Jerphagnon se refuserait à assister “en conscience”, c’est -à-dire en en précipitant encore la chute par des propos trop destructeurs ?

Donnons-lui ce bénéfice du doute au vieil helléniste, n’est-ce pas Monsieur Grasset… Pour ne pas précipiter avec vous l’issue finale. Issue finale qui est une nécessité, mais… prenons peut-être encore avant un dernier verre de Bourgogne ! La tendresse chez Lucien Jerphagnon, de BHL à Philippe Labro, est en effet extensible. Il ne souhaite pas notre fin trop précoce ; si un sursaut, peut-être, un jour, devait éviter la chute ?... Sans doute pas, mais de là à être complice, non.

La “modernité” des Grecs en tout cas, si elle ne permet pas de comprendre Dieudonné, les Femen, les mariages Gay ou l’uniformisation des “genders” (*), fait de si beaux clins d’œil à l’esprit et à l’histoire que la poésie qu’elle usait pour vecteur principal de ses réflexions, à elle seule suffirait à nous convaincre de leur validité.

“Argument” en effet dont on ne risque pas de bénéficier chez les “automates intelligents” de Monsieur Jean-Paul Baquiast pour qui cette époque de poésie (l'Antiquité gréco-romaine) «était une abomination où personne ne voudrait vivre aujourd'hui (…) (qu’il) vaudrait mieux le reconnaitre et attaquer les problèmes de notre temps avec les outils intellectuels disponibles aujourd'hui.» (Voir le Forum.)

Les outils de notre époque ? Sa recette ? Je cite son blog : « (…) avec le développement des réseaux de la communication intelligente, (…) une hyper-science pourrait peut-être apparaître. Elle renforcerait, au profit d’humains de plus en plus “augmentés”, les capacités d’action collective rationnelles encore trop dispersées.»

Je ne crois pas avoir envie d’être “augmenté” comme ça… La clef de l’éternité que suggère pudiquement Lucien Jerphagnon et que reprend Philippe Grasset me donne un sentiment autrement plus profond, et elle “m’augmente” bien plus considérablement : «De ce passé, de leur passé, vient à mon présent ce qu’il cachait d’éternel. Tout est là. “Total simul” disait de l’éternité saint Augustin. Je sais, maintenant, que depuis toujours, l’histoire des hommes est une chronique de l’éternel présent.»

Cet éternel présent dont on peut être assuré qu’il n’a pas grand-chose à voir avec le “vivre l’instant présent” que nos Modernes nous suggèrent ici et là, hors de toute “solitude sociale”, précisément pour oublier tout passé, toute culture, toute résonnance…

Yves Mollard La Bruyère

Note

* Pour le plaisir, ou par tendresse (comme pour BHL) ou par compassion engagée (l’absence de solitude sociale de Jerphagnon) ou par dépit, terminons donc avec ceci. Il s’agit de la définition de la théorie des “genres” telle que donnée par l’Institut pour l’Egalité des Femme et des Hommes ; reprise du Groupe de spécialistes pour une approche intégrée de l’égalité (EG-S-MS) du Conseil de l’Europe.

« Le “gender mainstreaming” est : “la (ré)organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques.”

«Le “gender mainstreaming”, ou approche intégrée de la dimension de genre, est donc une stratégie qui a pour ambition de renforcer l’égalité des femmes et des hommes dans la société, en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques publiques.

«Une politique qui intègre la dimension de genre est une politique dans le cadre de l’établissement de laquelle on a examiné de manière comparative la situation des femmes et des hommes concernés, on a identifié les éventuelles inégalités entre les sexes, et on a cherché à les réduire ou à les éliminer.»

Merci Monsieur Jerphagnon, de nous épargner l’obligation sociale d’avoir à nous prononcer sur ces sujets modernes.

Merci Monsieur Philippe Grasset, de nous offrir l’éloquence nécessaire à des évocations de si subtils niveaux.