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339122 février 2021 – On sait bien entendu que l’un des axes de la politique générale de l’administration Biden est une lutte intensive contre ce qu’il est coutume de désigner comme la ‘crise climatique’, marqué officiellement par l’Accord de Paris sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Vendredi, les USA ont à nouveau signé l’Accord, dont Trump avait retiré son pays. On sait bien entendu (suite) que l’administration Biden, qui réagit au quart de tour à tous les composants de la coalition progressiste-sociétale qui le soutient, répond ainsi au groupe des activistes climatiques très puissants au sein de cette gauche New Age regroupée dans le mouvement du wokenisme.
Ici, on s’attache plus particulièrement à des déclarations vendredi lors de l’émission de la CBS ‘This Morning’, de John Kerry, qui est en charge de la crise climatique dans l’administration Biden. Les déclarations de Kerry sont très alarmistes, ici reprises par WND via Breitbart News. Écoutons-le avant d’en discuter, – et, comme on verra, “discuter” plus de l’état d’esprit de Kerry que de la valeur intrinsèque de ses déclarations.
« Le monde n’a plus que neuf ans pour “éviter les pires conséquences” de la crise climatique, a averti le Conseiller Spécial pour le climat du président Biden, l’ancien sénateur et ancien secrétaire d'État John Kerry.
» “[L]es scientifiques nous ont dit il y a trois ans que nous avions douze ans pour éviter les pires conséquences de la crise climatique. Trois ans se sont passées, il nous reste donc neuf ans”, a-t-il déclaré au journaliste de CBS et présentateur de l’émission ‘This Morning’, Ben Tracy, dans une interview diffusée vendredi et reprise par Breitbart News.
» “Il n'y a plus de place pour la complaisance et l’attentisme”, a déclaré Kerry. “Désormais, on ne peut plus faire semblant.”
» Les avertissements de Kerry concernant l'échéance de 2030 pour la planète sont basés sur les interprétations d'un rapport spécial en 2018 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies. Le journal ‘The Guardian’ avait titré son article sur le rapport “Nous avons 12 ans pour limiter la catastrophe du changement climatique, prévient l’ONU”. Mais même les partisans du rapport précisent que ce document ne dit pas cela. Le rapport conclut que si les gouvernements veulent limiter le réchauffement climatique à un degré Fahrenheit au-dessus des niveaux actuels, ils doivent réduire les émissions de gaz à effet de serre de moitié environ d’ici 2030 et les supprimer totalement vers le milieu du siècle.
» En 1992, lors du sommet de Rio sur le climat, les militants avaient déclaré que le monde n’avait que dix ans pour maîtriser le réchauffement climatique.
» Dans l’interview accordée à CBS, Kerry a déclaré que les conditions climatiques hivernales rigoureuses actuelles [aux USA, notamment au Texas], sont “directement liées au réchauffement climatique, même si un jugement sommaire vous pousse à dire ‘Attendez un peu, c’est une nouvelle ère glaciaire’”.
» “Ce n’est pas le cas” a affirmé Kerry. “Cela vient du réchauffement de la planète qui bouleverse tous les standards des modèles météorologiques”.
» Kerry a également déclaré que même si “nous faisions tout ce que nous avons dit que nous allons faire avec l’Accord de Paris, nous verrions la température de la Terre augmenter d'environ 3,7 degrés ou plus, ce qui est catastrophique”.
» Intervenant à la visioconférence sur la Sécurité de Munich, Biden a annoncé vendredi que les États-Unis ont officiellement adhéré de nouveau à l’Accord de Paris, sans ratification du Sénat, un mois après avoir signé une directive annulant la politique de l’administration Trump.
» Biden a déclaré que les États-Unis ne veulent “plus retarder au moins une action minimale pour lutter contre le changement climatique”.
» “Il s’agit d’une crise existentielle mondiale”, a déclaré M. Biden. “À partir d’aujourd’hui, les États-Unis sont officiellement de nouveau partie à l’accord de Paris, que nous avons contribué à mettre en place”. »
On laisse donc de côté la validité des déclarations de Kerry, non sans remarquer, bien entendu, qu’il noircit fortement et d’une manière faussaire le tableau par rapport à la source dont il se réclame, elle-même présentée d’une manière faussaire (« [L]es scientifiques nous ont dit il y a trois ans... », alors qu’il s’agit du GIEC de l’ONU, qui ne représente pas certainement ‘tous les scientifiques’ comme si l’on parlait de la Science). Comme on le lit dans le texte, on comprend que Kerry s’en tient quasi-modestement, sans préciser ni le jour ni l’heure, à l’annonce de fin du monde pour 2030 ; il suit en cela un titre d’un article du Guardian de l’époque (qui ne reflète pas le texte qu’il chapeaute), alors que le GIEC lui-même ne parle que de la nécessité d’une réduction considérable (50%) des émissions de CO2, suivie de 100% de réduction en 2050 pour limiter le réchauffement.
On distingue ce qu’il m’importe de signaler : l’extrême ‘amateurisme’ du propos, ou bien parlera-t-on des libertés complètes prises par rapport aux faits, même ceux qui sont contestés par les climatosceptiques, pour les besoins impératifs de la communication. On en vient finalement, sans trop de difficulté ni d’hésitation, à l’impression que ce qui importe dans la démarche de Kerry, c’est moins la véracité de la situation en perspective que la force spectaculaire de l’effet.
Là-dessus, on doit comprendre, finalement là aussi, qu’il ne m’importe en aucune façon de prendre part, sinon prendre position dans le débat sur ces faits/ces précisions, comme, d’une façon générale, sur toute l’argumentation des activistes-climatiques contre les climatosceptiques. Je laisse cela de côté, à l’inconnaissance, car nous sommes de toutes les façons en terra incognita du fait de l’abondance des acteurs, de leurs affirmations contradictoires, de leurs engagements idéologiques, de leur rage sinon de leur haine, et des deux côtés tout cela, et dans un environnement où il est évidemment impossible de saisir ce qui pourrait prétendre être une vérité-de-situation. Dans ce désordre chaotique, l’inconnaissance c’est la sagesse même.
(De même, je laisse de côté le reste du texte, consacré à une critique en règle de tous ces riches activistes-climatiques qui se baladent en jet privé, grevant très-très lourdement leur ‘empreinte-carbone’ ; il est question notamment de Kerry et de Bill Gates...)
Par contre, l’attitude de Kerry m’intéresse, d’autant que le bonhomme ne nous est pas inconnu dans le cours de son action publique. Comme nous tous qui veillons attentivement aux affaires du monde, j’ai été confronté aux nouvelles, aux commentaires, aux remarques, etc., sur son activité diplomatique entre 2013 et 2016, lui-même succédant à Hillary Clinton au département d’État.
Quelle différence de style ! Là où Hillary faisait des éclaboussures et des éclats divers sans grâce particulière, Kerry était feutré, arrangeant, élégant. Il s’entendait parfaitement bien avec les Russes, notamment avec son vis-à-vis Lavrov, – presque de la complicité entre les deux, dans une période d’intense confrontation, en Syrie principalement. Au contraire, on le vit beaucoup moins sur la question de l’Ukraine, où la confrontation USA-Russie était frontale dans ce cas et basée sur des éléments qui inaugurèrent le déterminisme-narrativiste dans sa forme la plus achevée. L’affaire fut laissée à la folie paranoïaque d’une Nuland ou aux airs de faux-dur pour une poignée de quelques centaines de milliers de dollars d’un Joe Biden [tiens tiens...] ; ou bien aux mulets utiles de l’OTAN ; ou bien aux Européens, fourre-tout également utiles dans la circonstance.
Kerry semblait être un homme soucieux d’éviter la confrontation avec l’essentiel (la Russie), et sur l’essentiel (l’Ukraine dans ce cas), pour se garder tout l’espace nécessaire, pour tenter de trouver des arrangements. J’en viendrais à penser que, dans le paysage chaotique des USA depuis 2001, c’est à peu près le seul homme qui retrouva les us & coutumes du temps où les USA avaient une diplomatie, pour tenter de rétablir une certaine ‘entente dans la mésentente’ au niveau des relations internationales. Bref, le portrait était celui d’un persionnage mesuré, de bon aloi et de bon sentiment, appliquant les avantages de la force des USA, plutôt attentif au gant de velours dès lors qu’il allait de soi que la main de fer était à sa place.
Alors voilà ! Je ne le retrouve plus.
Déjà, il avait accueilli sa nomination dans l’équipe Biden sur un ton bondissant et échevelé : « Nous allons vivre dans des temps excitants ! » (“exciting times”) ; et puis là, maintenant, nous annonçant la fin du monde, sans la moindre vergogne ni l’attention minimale même pour sa source qui est pourtant de son parti. Allons donc ! Avec des déclarations pareilles, allez reprocher aux commentateurs et aux blogueurs indépendants de tirer des prévisions apocalyptiques (dans d’autres sens et d’autres domaines) ; et étonnez-vous que les comploteurs du complotisme vous soupçonnent de complot catastrophiste, alors que vous, ministres officiels, parlez de la Fin des Temps exactement comme ferait un complotiste avide de capturer notre attention.
Encore une fois, pour ne pas perdre le fil, je répète que je me fiche bien, pour cette occurrence puisque mon choix est de n’en pas faire mon sujet, de la crise climatique et des prévisions catastrophiques qu’on peut faire ou dénoncer. Mon sujet, ce qui m’intéresse est de savoir comment le John Kerry de 2013-2016 en est arrivé là, comment l’homme de la mesure en arrive à la démesure. Eh bien, j’y vois un signe de plus de la folie qui a empoigné notre monde, et particulièrement les USA au temps de Trump et de la haine-de-Trump.
Je vous parle de l’humeur terrible, de la couleur violente de la psychologie, et pas des objets qui mettent en évidence l’évolution de ces choses sinon pour en signaler les causes. Je crois que ce John Kerry est victime, comme tant d’autres, d’un climat qui pèse sur les psychologies pour les emporter dans une tempête nécessairement collective qui est la marque du paroxysme de la Grande Crise. Que lui-même, qui fut si différent dans des temps où d’autres tensions existaient pourtant, en soit touché également, cela marque la puissance extraordinaire de la chose.
Car la Grande Crise, la vrai de vrai, est effectivement ‘climatique’, mais dans le sens où elle a installé un climat qui interfère directement sur les psychologies et les conduit où bon lui semble, c’est-à-dire dans les paroxysmes de nos extrêmes pas si loin des espaces des démences collectives.
Je dis cela pour lui (Kerry) parce que je suis frappé par son comportement, comme je pourrais le dire pour tant d’autres, de tous les partis, – car encore une fois, peu importe les sujets et les acteurs. Ce qui nous importe est bien entendu ce mystère extraordinaire qui nous emporte et se joue de nous, le spectacle du monde s’agitant comme s’il était pris de démence, mais en vérité pour provoquer chez nous ce qui semblerait être un élan de démence, qui serait en vérité comme un électrochoc nous forçant enfin à abdiquer nos prétentions, pour avoir l’esprit libre et tenter de revenir dans l’ordre, dans l’harmonie et dans l’équilibre du monde. Il faut parfois en passer par la démence hurlante d’une crise pour se débarrasser de la démence dissimulée du genre-Sapiens qui se croit maître du monde.
Tout cela n’empêcherait pas nécessairement, – je le note sur mon calepin, – qu’il y ait effectivement un événement type ‘Fin du Monde’ en 2030... D’ici là, vous verrez, tout peut arriver et jusqu’à ceci que les poules pourraient avoir des dents, au contraire de moi. ‘Exciting times, indeed’.
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