Abizaid et “un Iran nucléaire”

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Abizaid et “un Iran nucléaire”

La fonction de commandant de Central Command (qui administre pour les forces armées US notamment la région du Golfe et l’Iran) semble porter conseil. On connaît la position de l’amiral Fallon sur la question. Voici maintenant celle du général John Abizaid, prédécesseur de Fallon jusqu’en février. (Général de l’U.S. Army, Abizaid a pris sa retraite.)

Les déclarations faites par Abizaid et rapportées hier sont remarquables et spectaculaires. La plus remarquable est sans aucun doute que le monde pourrait s’arranger d’un Iran équipé d’armes nucléaires.

«Every effort should be made to stop Iran from obtaining nuclear weapons, but failing that, the world could live with a nuclear-armed regime in Tehran, a recently retired commander of U.S. forces in the Middle East said Monday.

»John Abizaid, the retired Army general who headed Central Command for nearly four years, said he was confident that if Iran gained nuclear arms, the United States could deter it from using them.

»“Iran is not a suicide nation,” he said. “I mean, they may have some people in charge that don't appear to be rational, but I doubt that the Iranians intend to attack us with a nuclear weapon.”

»The Iranians are aware, he said, that the United States has a far superior military capability.

»“I believe that we have the power to deter Iran, should it become nuclear,” he said, referring to the theory that Iran would not risk a catastrophic retaliatory strike by using a nuclear weapon against the United States.

»“There are ways to live with a nuclear Iran,” Abizaid said in remarks at the Center for Strategic and International Studies, a think tank. “Let's face it, we lived with a nuclear Soviet Union, we've lived with a nuclear China, and we're living with (other) nuclear powers as well.”»

D’autres remarques de Abizaid sont également notables, notamment celle selon laquelle l’Iran est loin d’être ce bloc d’opposition à l’Occident que la diplomatie occidentale tend à décrire («He suggested that many in Iran — perhaps even some in the Tehran government — are open to cooperating with the West»). Il y a aussi cette autre remarque assez énigmatique dans l’expression, telle que la rapporte la dépêche AP citée: Abizaid «stressed that he was expressing his personal opinion and that none of his remarks were based on his previous experience with U.S. contingency plans for potential military action against Iran». Cela signifie-t-il que les plans militaires US contre l’Iran ne tiennent pas compte des éléments que lui-même développe dans son intervention?

Les déclarations d’Abizaid confirment une fois de plus, de façon spectaculaire, que les conceptions de nombre de chefs militaires US sont beaucoup plus modérées que celles de la politique officielle US. Elles confirment que la crise iranienne connaît la gravité qu’on lui voit d’abord à cause des positions maximalistes affichées par les diplomaties des pays occidentaux. Elles confirment qu’aujourd’hui, ce sont les diplomaties qui parlent un langage militariste et belliciste, tandis que les militaires tendent en général à avoir une attitude plus mesurée.

 

Mis en ligne le 19 septembre 2007 à 05H07