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1254Hier 14 juillet 2013, une nouvelle interview de Glenn Greenwald a été publiée, par Boston.com (le Boston Globe), reprenant un texte de AP. Cette interview suit celle de La Nacion qui fourbnit l’essentiel du matériel de support de notre Note d’analyse de ce même 17 juillet 2013. Plusieurs points de l’interview méritent d’être relevés, qui permettent d’ajouter des précisions aussi bien à l’interview de La Nacion et ce qu’on en peut déduire, qu’à d’autres aspects des perspectives à envisager pour les révélations organisées du “fonds Snowden”, que pour la situation du même Snowden. C’est notamment pour cette raison, pour bien situer le cadre des premières déclarations de Greenwald par rapport à celles qu’il fait à AP, que nous nous attachons à cette interview.
• Concernant les documents de Snowden, ceux qui sont “à publier” comme ceux qui ne sont “pas à publier” selon les clarifications données par Greenwald à La Nacion, on peut lire en effet quelques précisions qu’il faut impérativement clarifier. On notera que Greenwald parle essentiellement d’un énorme document, qui donne toutes les procédures de fonctionnement de la NSA, qui permettrait à qui en disposerait de quasiment se mettre à l’abri de tout interférence ou intrusion de la NSA, voire de fonctionner lui-même comme fonctionne la NSA. (On remarque en passant que la disposition d’un tel dispositif permet sans aucun doute à Snowden de communiquer avec Greenwald, et avec d’autres, en toute impunité par rapport à la NSA. On peut même envisager d'autres spéculations par rapport à ce que Snowden, ou Snowden & Cie, peuvent faire par rapport à la NSA : intercepter les communications de la NSA ? Interférer eux-mêmes dans ces communications ? Le champ des spéculations est vaste et fertile, avec panique-Système en mode turbo à la clé...)
Greenwald indique qu’il s’agit d’un document que Snowden ne veut pas faire publier. (Cette formulation pour rappeler que Snowden ne publie rien lui-même.) C’est à ce point qu’il nous paraît essentiel de préciser qu’il ne s’agit pas, à notre estime et d’une façon évidente par ailleurs, de ces documents dans leur entièreté dont nous avons souligné le caractère politiquement explosif, dont Greenwald disait à La Nacion : «Snowden has enough information to cause more damage to the U.S. government in a minute alone than anyone else has ever had in the history of the United States».
Greenwald indique qu’il ne partage pas l’avis de Snowden sur la “sensitivité” de ce document sur les processus de fonctionnement de la NSA et estime que sa diffusion publique ne causerait pas un tort considérable au gouvernement US lui-même, disons dans sa pseudo-légitimité de ses agissements pour la gestion des affaires publiques (quand il le fait effectivement), mais à ses capacités condamnables que sont l’action de la NSA («Despite their sensitivity, Greenwald said he didn’t think that disclosure of the documents would prove harmful to Americans or their national security»). La différenciation que fait Greenwald est donc entre les activités condamnables du gouvernement US (celles qui ont effectivement lieu) et les structures même du gouvernement US. (On pourrait bien évidemment remarquer que toutes les activités du gouvernement US sont directement ou indirectement condamnables, que c’est effectivement la nature même du gouvernement US de produire des activités condamnables d’une façon ou l’autre, et rien que cela.) Quoi qu’il en soit, cela implique bien qu’il existe d’autres documents du “fonds Snowden”, dont il n’est rien dit ici, et qui justifient l’avis que Greenwald donne à La Nacion, qui sont à notre sens des documents de documentation politique sur des actes du gouvernement US.
«Glenn Greenwald, a columnist with The Guardian newspaper who closely communicates with Snowden and first reported on his intelligence leaks, told The Associated Press that the former NSA systems analyst has ‘‘literally thousands of documents’’ that constitute ‘‘basically the instruction manual for how the NSA is built.’’ ‘‘In order to take documents with him that proved that what he was saying was true he had to take ones that included very sensitive, detailed blueprints of how the NSA does what they do,’’ Greenwald said in Brazil, adding that the interview was taking place about four hours after his last interaction with Snowden. [...]
»Greenwald told The AP that Snowden has insisted the information from those documents not be made public. The journalist said it ‘‘would allow somebody who read them to know exactly how the NSA does what it does, which would in turn allow them to evade that surveillance or replicate it.’’ Despite their sensitivity, Greenwald said he didn’t think that disclosure of the documents would prove harmful to Americans or their national security. ‘‘I think it would be harmful to the U.S. government, as they perceive their own interests, if the details of those programs were revealed,’’ said the 46-year-old former constitutional and civil rights lawyer who has written three books contending the government has violated personal rights in the name of protecting national security.
• Greenwald donne quelques précisions sur le processus qui serait d'assurer la protection de Snowden en liant sa mort, ou toute autre issue fâcheuse pour lui, à un automatisme, humain ou pas, de publication de ces fameux “documents explosifs”. Ces précisions portent plutôt sur l’esprit de la chose que sur son fonctionnement et ne nous disent rien sur le processus lui-même. On peut simplement spéculer qu’il est très complexe, bien entendu, et qu’il a fait l’objet d’une élaboration très attentive, tout cela sous-entendant un haut degré de préparation de la part de Snowden avant de faire effectivement défection. «Asked about a so-called dead man’s pact, which Greenwald has said would allow several people to access Snowden’s trove of documents were anything to happen to him, Greenwald replied that ‘‘media descriptions of it have been overly simplistic. ‘‘It’s not just a matter of, if he dies, things get released, it’s more nuanced than that,’’ he said. ‘‘It’s really just a way to protect himself against extremely rogue behavior on the part of the United States, by which I mean violent actions toward him, designed to end his life, and it’s just a way to ensure that nobody feels incentivized to do that.’’ He declined to provide any more details about the pact or how it would work...
• Greenwald donne quelques nouvelles sur l’état psychologique de Snowden, avec qui il venait de communiquer, qatre heures avant de rencontrer les journalistes d’AP... «“I haven’t sensed an iota of remorse or regret or anxiety over the situation that he’s in,” said Greenwald, speaking at a hotel in Rio de Janeiro, where he’s lived for the past eight years. ‘‘He’s of course tense and focused on his security and his short-term well-being to the best extent that he can, but he’s very resigned to the fact that things might go terribly wrong and he’s at peace with that.’’ Greenwald said he worried that interest in Snowden’s personal saga had detracted from the impact of his revelations, adding that Snowden deliberately turned down nearly all requests for interviews to avoid the media spotlight.
»Asked whether Snowden seemed worried about his personal safety, Greenwald responded, ‘‘he’s concerned.’’ He said the U.S. has shown it’s ‘‘willing to take even the most extreme steps if they think doing so is necessary to neutralize a national security threat,’’ Greenwald said. ‘‘He’s aware of all those things, he’s concerned about them but he’s not going to be in any way paralyzed or constrained in what he thinks he can do as a result of that.’’»
• Enfin, Greenwald a donné quelques informations de plus sur la poursuite de la publication des groupes d’informations exclusives venues du “fonds Snowden”, et destinées explicitement à être exploitées publiquement. Greenwald parle d’au moins quatre mois de durée pour ces nouvelles publications, sans spécifier leur nombre, et précise qu’elles porteront, comme les précédentes, sur des programmes spécifiques de surveillance et d’espionnage. On commence à distinguer combien le cas Snowden est extrêmement spécifique et complexe, avec un programme très détaillé et une sorte de “feuille de route” détaillée à mesure. On comprend alors également qu’il tend de plus en plus à y avoir deux “affaires Snowden”, ou deux “crises Snowden” spécifiques au niveau des publications : celle qui se développe publiquement, telle qu’on la voit et qu'on en lit les effets, et l’autre, qui concerne les “autres” documents du “fonds Snowden”, les “documents explosifs” dont Greenwald a parlé à La Nacion. Il ne nous paraîtrait pas étonnant si ces deux “crises“ se développaient de plus en plus séparément l’une de l’autre, la seconde tendant éventuellement à prendre de plus en plus d’importance, notamment si des désaccords apparaissaient entre Snowden et certains de ces soutiens sur l’opportunité de ne pas publier ou de publier ces documents, – comme on le voit déjà, avec l’avis de Greenwald sur les processus de fonctionnement de la NSA, contraire à celui de Snowden... A notre sens, la “crise Snowden”, dans sa mesure la plus large, est loin, très loin d’être finie.
Mis en ligne le 15 juillet 2013 à 11H26