Ah, si Napoléon avait eu des ‘Léopard’ !

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Ah, si Napoléon avait eu des ‘Léopard’ !

• Étrange discours du Haut Représentant de l’UE qui, pour faire offrir des chars lourds à l’Ukraine, fait l’éloge du peuple et de l’armée russes qui tinrent tête et défirent Napoléon et Hitler. • Il s’agit des labyrinthes kafkaïesque du simulacre qui sert de tactique et de stratégie au “Collective West.• Il est vrai que la victoire russe de Soledar a tourné bien des têtes et l’entêtement de Zelenski à défendre des villes commence à agacer. • Songerait-on à liquider Zelenski ? • Mais se débarrasse-t-on d’un chef de guerre cannonisé (Saint-Zelenski) sans menacer l’Église ?

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La communication, la communication ! Tout, décidément, passe par elle et nourrit notre soif de commentaire aussi bien qu’elle suscite les événements.

Commençons par le plus original, le plus inattendu, le plus incompréhensible finalement dans le sens stratégique bien qu’on puisse s’y retrouver presque complètement du point de vue tactique (nous parlons de stratégie et de tactique de communication). Il s’agit d’un discours du Haut Représentant de l’UE (le ministre des affaires étrangères de l’UE), l’Espagnol Josep Borrell.“ Qui a eu cette idée folle” de lui faire faire une apologie de la Russie et du peuple russe par l’intermédiaire des échecs de Napoléon et de Hitler pour argumenter en faveur de l’envoi d’armements aux Ukrainiens ? Certains jugeront que l’argument tactique tient debout, – et d’autres, fin stratèges, de conclure : de toutes les façons, tous les armements du monde n’y feront rien puisque Napoléon et Hitler s’y sont cassés le nez et les dents.

« Le Haut Représentant, Josep Borrell, a déclaré vendredi que l'Occident devait continuer à envoyer des armes à Kiev, avertissant ceux qui pensent que la Russie a perdu ou s'en sort mal que Moscou a l'habitude de gagner de longues guerres.

» “La Russie est un grand pays, une grande nation qui a l'habitude de se battre jusqu'au bout, de presque perdre puis de se relever”, a déclaré Borrell dans un discours prononcé à Madrid, évoquant l'invasion de 1812 par l'empire français de Napoléon Bonaparte et celle de 1941 par l'Allemagne d'Adolf Hitler comme exemples historiques.

» “Il serait absurde de penser que la Russie a perdu la guerre ou que son armée est incompétente”, a ajouté M. Borrell. Il a affirmé que jusqu'à présent, Moscou “a perdu la guerre, mais qu'elle dispose toujours d'une force et d'une capacité énormes pour continuer à [se battre]”.

» C'est pourquoi, selon lui, “le moment est venu de continuer à armer l'Ukraine avec le matériel et les moyens militaires nécessaires pour mener le type de guerre qu'elle doit mener.” Il a décrit cette guerre comme “non seulement une guerre défensive, mais une guerre qui lui permet de prendre l'initiative et de briser les fronts et d'empêcher la Russie de lancer une nouvelle offensive très puissante et sanglante dans quelques mois”. »

Les différents aspects de cette intervention sont à la fois très intéressants et étonnamment farfelus par rapport au simulacre dominant les instances européennes, et les narrative qui vont avec. Ainsi voit-on l’armée et le peuple russe quasiment glorifiés pour leur conduite contre deux des plus grands conquérants de l’histoire, pour leur capacité à se relever de défaites initiales, pour leur volonté de ne jamais céder, etc. Belle leçon d’histoire ! Et il suffirait de quelques escadrons de ‘Leopard’, de ‘Challenger’, voire d’ ‘Abrams’ (laissons de côté les pauvres Français et leurs brillants ‘Leclerc’, rappels au moins d’un glorieux passé) pour disperser tout cela, aller jusqu’à Moscou, dépasser et dépecer Moscou, et transformer la Russie en un puzzle à la Audiard ? Justement, Borrell n’a-t-il pas pioché dans les dialogues d’Audiard ?

Jusqu’à ces temps derniers commençant au 24 février 2022, l’armée russe se déglinguait de toutes parts, elle perdait partout, elle ne valait rien, ses soldats étaient des soudards et des pleutres... Et puis, Napoléon ! Hitler ! La Russie quasiment invincible ! La communication fait dire d’étranges choses quant à l’enchaînement des arguments. RT.com ne manque pas de remarquer combien ce tournant en U du simulacre de la communication du bloc-BAO vient tout d’un coup justifier la version à références historiques à laquelle se tiennent les Russes eux-mêmes pour justifier lur combat :

« L'invocation de Napoléon et d'Hitler par M. Borrell est inhabituelle car la Russie a comparé à plusieurs reprises les efforts actuels de l'Occident collectif à ces deux invasions, connues respectivement sous le nom de Guerre Patriotique et de Grande Guerre Patriotique. »

Pour le reste, il faut admettre que la victoire russe de Soledar a brutalement secoué le simulacre, et les esprits qui vont avec, devenant une sorte de Bérézina à laquelle, comme on le sait, Zelenski refuse de croire. (Les tuteurs américanistes tentent d’enrayer cette “fixation obsessionnelle” sur les villes qu’il faut tenir à tout prix et conseillent Mister Z. dans ce sens. Peut-être vaudrait-il mieux envoyer une équipe de psychiatres que des chars ‘Abrams’ ?)

...Pour la Bérézina, voyez les Polonais qui, eux, embrayent sur la Troisième Guerre mondiale :

« Le Premier ministre Mateusz Morawiecki a averti que la défaite de Kiev à Soledar, ouvrait la voie à une victoire russe non seulement dans le Donbass, mais sur l’Ukraine. Selon lui, “La défaite de l’Ukraine pourrait devenir un prélude à une Troisième Guerre mondiale”. »

Cette référence à la Troisième Guerre mondiale se trouve aujourd’hui dans beaucoup d’esprit, y compris chez les Russes. L’idée même d’une défaite russe, que les ministres de la défense de l’“Ouest Collectif” ‘réunis à Ramstein hier) jugent acquise d’avance sans même avoir à le dire et que Borrell juge certes nécessaire mais pas loin d’être impossible là où les anciens caporaux Napoléon et Hitler ont échoué, paraît à Medvedev une complète imbécillité. Exactement comme le Premier ministre polonais mais exactement à l’inverse, il pense qu’une défaite russe, donc de la même façon qu’une victoire russe, déclencherait une Troisième Guerre mondiale. (Notre « Déclencher la WWIII pour empêcher le WWIII ».

Ainsi cite-t-on Medvedev dans ses commentaires sur la conférence des ministres occidentaux de la défense dans leur conférence convoquée comme d’habitude par les USA sur la base germano-américaniste de Ramstein :

« Les “crétins” qui réclament une défaite russe en Ukraine ne semblent pas se rendre compte qu'une telle issue pourrait entraîner une escalade nucléaire, a déclaré l'ancien Président Dmitri Medvedev.

» Medvedev, qui occupe actuellement le poste de vice-président du Conseil de sécurité russe, a réitéré cet avertissement avant une réunion vendredi des donateurs militaires ukrainiens sur la base aérienne américaine de Ramstein, en Allemagne. Il s'en est pris aux politiciens occidentaux qui préconisent une défaite de la Russie dans le conflit comme seule option possible en Ukraine.

» “Pas un seul de ces crétins n'est apparemment prêt à franchir l'étape logique suivante : une défaite d'une puissance nucléaire dans une guerre conventionnelle peut déclencher le début d'une guerre nucléaire. Les puissances nucléaires n'ont jamais perdu un conflit majeur dont dépendait leur destin”, a-t-il déclaré sur les médias sociaux jeudi. »

Comment se débarrasser de Saint-Zelenski ?

D’une façon remarquable le bouleversement même inconscient apporté dans les esprits par la victoire russe de Soledar est considérable. Ce bouleversement touche d’abord la question de la communication, si importante dans ce conflit. On peut alors noter plusieurs points.

• Le premier est l’acceptation at moins implicite du fait de la victoire russe par le côté occidental malgré quelques tentatives de le nier et l’opposition farouche de Zelenski à cette reconnaissance. C’est un affrontement étonnant, véritablement entre le simulacre et la vérité-de-situation, ce qui représente un cas absolument différent des questions de propagande existant dans toutes les guerres.

• Le premier effet de cette reconnaissance est une débâcle du simulacre, comme le montre le discours absolument incohérent de Borrell où certains passages sembleraient une glorification de la Russie, de son armée et du citoyen russe lui-même. Il est évident que ce désordre va apporter des dissensions sévères à l’intérieur du camp occidental ; même le très-prudent Charles Michel, le président de l’UE, est obligé de le reconnaître publiquement dans un discours fait lors d’une visite à Kiev. Les opinions publiques suivent ce mouvement général qui tend à affaiblir le soutien occidental à l’Ukraine, – aux USA, par exemple, dans une forte proportion :

« Un tiers des Américains estiment que les États-Unis sont allés trop loin dans leur soutien à l'Ukraine dans le conflit actuel, selon un nouveau sondage publié mercredi. Il s'agit d'une forte augmentation par rapport à la fin février, quelques jours après l'éclatement du conflit, où seuls 7 % étaient de cet avis.

» Selon un sondage national de l'Université Quinnipiac, 33 % des adultes interrogés pensent que Washington en fait trop pour aider Kiev, tandis que 21 % disent que les États-Unis en font trop peu. 38 % estiment que le montant de l'aide américaine est juste correct. »

• Il est à envisager que ce mouvement de communication va avoir un impact considérable sur les opérations, essentiellement du côté ukrainien où la solidité du combat repose tout aussi essentiellement sur la solidité du simulacre.

• Par ailleurs, la situation est loin d’être simple en “terme de proxy”. Nous voulons dire par là que l’Ukraine ne peut être comparée ni à l’Afghanistan, ni à l’Irak, où les leaders successifs placés par les coalitions occidentales ne jouaient pas un rôle essentiel, – là encore en termes de communication, – et pouvaient être aisément mis à l’écart, parfois liquidés. L’Afghan Karzai, premier président placé à Kaboul par l’Occident eut très vite une attitude d’indépendance mais cela n’eut aucun effet international, cela resta un problème intérieur. Dans le cas ukrainien, c’est complètement différent, à cause de l’énorme effort d’influence et de pression exercé par Zelenski sur tous les pays du bloc-BAO, et du prestige pratiquement équivalent à une sanctification qui en a résulté...

Il sera/il serait très difficile de se débarrasser de Saint-Zelenski sans engendrer des remous majeurs, voire des fractures radicales au sein de la coalition de ces pays. Or, c’est ce même Saint-Zelenski qui occupe la position la plus extrême dans la tactique et la stratégie de la bataille constituant de plus en plus un handicapa fatal pour l’Ukraine, et une méthode de combat de plus en plus jugée avec méfiance par nombre de pays. A côté de ce problème, – comment éliminer Saint-Zelenski sans faire s’effondrer l’Église du Saint-Simulacre ? – la querelle picrocholinesque sur l’envoi ou pas de chars plus ou moins lourds en Ukraine est une simple indication de la difficulté de détourner l’attention (sans le vouloir mais parce que c’est nécessaire) de cette question du Saint-Zelenski qui devient majeure pour faire tenir le Saint-Simulacre en place.

... D’où notre hypothèse que l’appel de Borrell à Napoléon ou à Hitler à qui l’on promettrait des ‘Léopard II’ serait dans l’espoir de les voir  cette fois l’emporter grâce à cette technologie sans exemple (et occidentale, donc démocratique).

 

Mis en ligne le 21 janvier 2023 à 17H30