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824La célébrité de l’ancien VP de Clinton Al Gore, devenu notamment Prix Nobel pour sa lutte contre la crise climatique, s’est imposée comme un fort argument contre lui, à côté de l’efficacité qu’elle lui a donné dans sa croisade contre la crise climatique. Par définition, la raison qui domine le Progrès et entend lui donner une vertu d’apparence de désintérêt pour la gloire publique, est en général sévère pour Gore. On n’aime pas la vulgarisation, dans les milieux experts, pour les raisins de la vertu et aussi, tout de même, parce qu’elle risque d’éclairer crûment les erreurs fondamentales qu’on débusque dans ces milieux, voire la paralysie de la pensée qui les caractérise aujourd’hui. On comprend les réticences de la raison scientifique devant la démarche des amateurs soupçonnés de n’être pas toujours très rigoureux et qui, par inadvertance ou par volonté délibérée, risquent de mettre en pleine lumière les effets catastrophiques de l’activité de cette raison scientifique. Cette réticence n’a tout de même empêché l’impact public colossal de l’activité d’Al Gore.
Mais on passe ici à un autre propos, beaucoup plus intéressant que les soupçons émis par les vertueux à propos l’exactitude scientifique des arguments de Al Gore; on passe à une démarche d’intégration des crises systémiques sectorielles, démarche que craint par-dessus tout la même raison scientifique lorsqu'elle choisit de lier son destin à un développement incontrôlable pour interdire la critique fondamentale du Progrès. Il s’agit d’une intervention de Al Gore, au Constitution Hall de Washington, le 17 juillet. Al Gore fait ici une chose extrêmement intéressante que le cloisonnement de l’expertise et de la science cherche à interdire avec une véhémence qui touche parfois à l’hystérie, – chose suspecte pour les experts: décloisonner les crises, les rassembler sous une cohérence centrale, une logique générale, une responsabilité systémique. («Gore touched on an array of the nation's current woes, saying the economic, environmental and national security crises are all related.») Et l’on pourrait voit rapidement, dans cet effort de classification des événements en cours, que la logique n’a désormais plus grand chose à voir avec la raison, plutôt la fausse raison qui prétend encore être la raison pure, qui nous interdit d’embrasser la réalité catastrophique du monde.
On résume son propos général en observant qu’Al Gore avertit son audience américaniste que “la survie de l’Amérique est en jeu”, – la survie de “l’Amérique telle que nous l’avons connue”.
«“The survival of the United States of America as we know it is at risk,” Gore said. In a speech at Washington's Constitution Hall, Gore touched on an array of the nation's current woes, saying the economic, environmental and national security crises are all related. “I don't remember a time in our country when so many things seemed to be going so wrong simultaneously,” Gore said.
»To begin to fix all the problems, Gore said, “the answer is to end our reliance on carbon-based fuels.” Watch more on Gore's answer to energy crisis . Gore called on the country to produce all of its electricity from renewable and carbon-free sources in 10 years, a goal he compared to President Kennedy's challenge for the country to put a man on the moon in the 1960s.
»Gore chastised those who have proposed opening new areas for oil drilling as a solution to U.S. energy problems. “It is only a truly dysfunctional system that would buy into the perverse logic that the short-term answer to high gasoline prices is drilling for more oil 10 years from now,” Gore said.»
D’autre part, il n’est pas indifférent de signaler un autre aspect de cette intervention, car il ne faut pas hésiter à envisager qu'elle ait un sens politique marqué et précis. Lorsque Gore mentionne le lancement de l’effort pour envoyer un homme sur la Lune (Kennedy, en mai 1961), il peut aussi bien s’agir d’une suggestion pour le possible futur président des USA Barack Obama de lancer un “défi” de cette sorte au nom des USA, pour une transformation de la situation des USA permettant à la fois de lutter contre la crise de l’énergie et contre la crise climatique. Si l’on va encore un peu plus avant dans l’hypothèse, on peut imaginer qu’un homme du poids médiatique de Al Gore pourrait avoir sa place dans l’équipe Obama, pour lancer et diriger une telle initiative après l’installation de l’éventuel nouveau président. L’idée aurait également un fort impact politique, au niveau médiatique et des relations publiques, qui est une chose à laquelle les hommes politiques sont très sensibles.
Mis en ligne le 18 juillet 2008 à 09H48