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1838Le Directeur général du MI5 (contre-espionnage britannique) depuis 2007, Jonathan Evans, a fait une déclaration publique sur les très graves inconvénients, les conséquences très préoccupantes de la “re-formation” d’al Qaïda dans divers pays musulmans touchés par le “printemps arabe”, et particulièrement ceux où intervient le bloc BAO. (Ou, pour ceux qui n’ont jamais vraiment cru à la chose, plutôt que “renouveau”, cette espèce de “création” d’al Qaïda, dont l’essence serait alors très largement précédée par l’existence, une existence dans tous les cas mythique par la communication… La communication change tout, y compris la métaphysique.) Evans craint de ce “renouveau” d’al Qaïda de graves menaces contre les pays du bloc BAO, surtout le Royaume-Uni pour lequel il cite le cas pressant des Jeux Olympiques. Pour les déclarations de Evans, voir Reuters le 26 juin 2012 :
«Britain's domestic spy chief said al Qaeda, which moved to Afghanistan from Arab countries in the 1990s and thence to Pakistan after the fall of the Taliban, was once again trying to gain a foothold in the Arab world. “Today parts of the Arab world have once more become a permissive environment for al Qaeda,” […] “A small number of British would-be jihadis are also making their way to Arab countries to seek training and opportunities for militant activity, as they do in Somalia and Yemen. Some will return to the UK and pose a threat here.” “This is a new and worrying development and could get worse,”…
»The Arab Spring was lauded by Western leaders who hoped the revolts would usher in prosperity and freedom to the Middle East and North Africa, though Islamists have come to power in elections in Tunisia and Egypt. Libya has been racked by turmoil while al Qaeda militants are expanding their foothold in the south of Yemen. A plot by al Qaeda in Yemen to blow up an airliner over the Atlantic was foiled in May by a British spy.»
Ces déclarations de Evans sont citées par Russia Today pour introduire une interview de l’expert et activiste de la situation du Moyen-Orient, le professeur américain Franklin Lamb. Les questions portent justement sur cette présence et cet activisme d’al Qaïda renouvelée, ou renée… (Le 27 juin 2012.)
RT: «Western countries supported what they called a move towards democracy in the Arab countries. But now, according to Britain's top spy, some of these states could be turning into terrorist training grounds. Is this exactly what London and its allies were bargaining for?»
Franklin Lamb: «Taking the case of Libya, where there was a rush to enter and to topple the regime, I think that was a classic mistake. I spent four months there, got to know a number of different factions, and it was clear Al-Qaeda was there. In some cases they were training the same militia that the British were training and the Americans and the French were training. So, when there’s an opportunity, Al-Qaeda is going to be there and they took it, and now they are increasing their ranks. Three months ago, a CIA analyst told the Congress that there were 300 maximum Al-Qaeda in Syria. Now they estimate there are 3,100. They are coming in from Jordan, they are coming in from the Gulf Co-operation Council countries, they are coming in from Lebanon and Turkey. So because NATO got this thing going in Libya, there was this opportunity – and Al-Qaeda will respond to an opportunity – that’s what we are seeing now. But there maybe a little panic by the intelligence in the UK about them coming and attacking the Olympics – who knows what evidence they have of that – but there’s no question, even here in Libya Al-Qaeda is growing and is active, and they are well-trained.»
RT: «What pushes people inside Western countries to get radicalized and join militant movements? There have been a few high-profile people recently who could fit that category.»
Franklin Lamb: «I think that there’s a lot more that we don’t know about who haven’t made it public. You mentioned earlier terrorist training camps. Well, of course that’s one point of view: are they terrorists or are they liberators? They have a strong program and strong ideology. But my point is why they even exist. Either for dignity and to overthrow some dictators, but when you’ve got an operation like NATO slaughtering civilians in Pakistan, Afghanistan, Iraq, of course it’s going to activate them and give them the opportunity. As you know, Al-Qaeda’s leadership has urged people to go to Syria and get training, and to go to southern Turkey and also in Libya. Libya’s become a major training center, and I saw that as a fact. And I went meeting with some of the rebel militia against Gaddafi. They used to say “One Al-Qaeda member is worth 10 of us. We admit that. And they are worth six of Mutassim [Gaddafi’s] special forces.” They are very well disciplined. Rather than lecture people, they go out there and show them how to do something. And they are very effective. So I think that the threat is real, their numbers are growing, their competence is well known, and I do think there’s a problem.»
Il y a un an, on se trouvait en plein développement de la crise libyenne, avec l’intervention que nous qualifierions de franco-otanienne, le développement de l’action des “rebelles”, la résistance du camp Kadhafi. Cela faisait donc trois acteurs fondamentaux, dont deux (les “rebelles” et le “camp Kadhafi”) étaient assez mal définis par rapport à ce qui fait l’essentiel de notre position et de nos observations. Notre position, qui se veut une position antiSystème exclusivement, n’était pas essentiellement, – n’est pas, d’une façon générale, d’être “pour” quelque chose qui sera nécessairement plus ou moins vague et indéfinie, mais d’être nécessairement “contre” une certaine chose absolument assurée, – “contre” le Système, et tout le reste se définissant par rapport à cet axe central, et se définissant de façon nécessairement changeante. Dans ce cas libyen, le seul acteur clairement identifiable était l’intervention franco-otanienne, qui constituait indubitablement une action du Système, une action-Système, et méritait la critique et l’opposition “absolument assurées” du commentaire antiSystème. La référence fondamentale est bien le Système, avec des forces et des acteurs changeants qui représentent le Système, qui doivent être nettement identifiés lorsqu’ils opèrent pour le Système.
La constante de notre position antiSystème est d’identifier le ou les acteurs antiSystème dans telle ou telle occurrence et de se déclarer contre en observant l’action-Système d’un œil fondamentalement critique. Cette position assurée se justifie parce qu’une action-Système ne peut être que fondamentalement mauvaise, nullement en raison des acteurs mais parce que le Système est ce qu’il est, et alors autant pour ces acteurs pour le cas considéré et tant que dure ce cas. Dans le cas libyen considéré (comme dans tous les autres cas de la crise générale en cours), la position vis-à-vis des autres acteurs hors de l'acteur-Système franco-otanien était donc nécessairement relative à cette référence fondamentale et n’impliquait, dans la circonstance de cette crise, aucun engagement fondamental pour ou contre ces autres acteurs. (De même, trois, quatre ans ou cinq ans avant l’invasion de la Libye, dans le contexte de la lutte contre le Système, il n’y avait aucune raison de soutenir Kadhafi, lequel s’entendait parfaitement avec Sarkozy et ne jouait certainement pas de rôle antiSystème clairement identifiable ni fondamental.) Nous avons pris cet exemple libyen, et la même chose peut bien entendu être dite pour le cas syrien, comme pour toute autre crise.
Cela explique qu’en lisant l’analyse de Franklin Lamb, on est amené à observer qu’on peut aisément être conduit à identifier les groupes al Qaïda, ou apparentés peu importe, comme antiSystème à un moment ou l’autre. (Exactement comme cela fut fait des forces diverses résistant aux USA en Irak à partir de 2003, ou des talibans en Afghanistan.) Encore une fois, il s’agit d’identifier une “circonstance humaine” (activiste) qui permette de développer une observation antiSystème, et il importe peu de porter un jugement sur cette circonstance ni de s’engager en fonction d’elle-même (ce cas-là doit être marginalisé et renvoyé à l’inconnaissance). Dès lors qu’on identifie son action antiSystème et tant qu’elle poursuit cette action, cette “circonstance humaine” vaut d’être observée et soutenue dans ce sens, selon ces conditions. La question de Lamb à propos d’al Qaïda en Libye ou en Syrie substantive toute cette extrême relativité du jugement et le choix nécessairement relatif et temporaire, et qui peut être changé à chaque instant, qui en découle. (Cette question revient à s’interroger effectivement pour savoir si ces groupes vont devenir, s’ils ne sont pas déjà antiSystème, et la question de Lamb est justifiée notamment à la lumière des observations du Directeur général du MI5 : «You mentioned earlier terrorist training camps. Well, of course that’s one point of view: are they terrorists or are they liberators?») Ainsi, même en Syrie bien sûr, la question se pose déjà, comme l’explique Lamb avec la prolifération des groupes dits al Qaïda et objectivement anti-Assad (qui seraient passés de 300 à 3.100 membres en trois mois, dans tous les cas qui ne cessent de grossir) ; le fait est qu’ils se trouvent à la fois dans une position qui les met au côté de l’action-Système qui est pour l’instant anti-Assad, et à la fois dans une position où ils pourraient être conduits à jouer un rôle antiSystème, quel que soit le sort du régime Assad. (De même doit-on être prêt à réviser fondamentalement son jugement, selon les “circonstances humaines”, sur tout acteur nettement antiSystème, dans le bloc BAO en tant que tel et dont l’action-Système est avérée ; le cas de la Turquie est exemplaire, hier antiSystème, aujourd’hui au sein du bloc BAO dans une action-Systyème, – demain, qui sait, à nouveau antiSystème…)
On comprend qu’il s’agit là d’un point de réflexion fondamental, parce qu’il détermine des options et des engagements fondamentaux à partir de “circonstances humaines” extrêmement changeantes, extrêmement relatives, extrêmement complexes à identifier. Nous reviendrons très rapidement sur ce point, qui doit être exploré d’une façon beaucoup plus systématique. Disons que les observations de Lamb et les commentaires qu’elles suscitent permettent de bien mettre en évidence la nécessité de ce “point de réflexion fondamentale”.
Mis en ligne le 28 juin 2012 à 05H56
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