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1994La puissance des mots étant une chose bien connue, ou qui devrait l’être et appréciée comme telle, saluons l’apparitions du mot terrible aux USA, quasiment dans la bouche de l’autorité suprême d’un Etat de l’Union, – le gouverneur du Texas Rick Perry. Ces circonstances officielles tout comme cette voix officielle, voilà qui situe l'importance de l'événement, – et du mot ainsi prononcé. En un mot, justement: si Washington ne change pas, “le Texas pourrait faire sécession”.
Cela se passait hier, 15 avril 2009, nous dit RAW Story, à Austin, devant une salle surchauffée. L’on y célébrait une sorte de journée nationale de protestation contre les impôts fédéraux, ou contre la politique fiscale fédérale de l’administration Obama c’est selon, rassemblée au travers des USA sous le nom de “tea party”. (Référence à l’événement de 1773, connu dans l’histoire sous le nom de “Boston Tea Party”, qui vit un acte symbolique majeur sous forme d’un interventions d'activistes du groupe “Les Fils de la Liberté” contre des bateaux chargés de thé dans le port de Boston. L'incident concernait l’imposition décidée par l'Angleterre de quantités importantes de thé. L’événement est considéré comme l’acte symbolique du début de la révolte des colonies d’Amérique contre l’Angleterre.)
«A fired-up Texas Gov. Rick Perry told an Austin crowd gathered as part of the national “tea party” protests that while there was “no reason” to dissolve the union, “but if Washington continues to thumb their nose at the American people, you know, who knows what might come out of that.” His comment was made amidst shouts of “Secede!” — a word also a popular slogan on signs.
»“Texas is a unique place,” Perry told the crowd, according to the Houston Star-Telegram. “When we came into the union in 1845, one of the issues was that we would be able to leave if we decided to do that.
»“My hope is that America and Washington in particular pays attention,” he said. “We’ve got a great union. There’s absolutely no reason to dissolve it. But if Washington continues to thumb their nose at the American people, you know, who knows what might come out of that. But Texas is a very unique place, and we’re a pretty independent lot to boot.”»
Il s’agit d’un incident évidemment significatif. La protestation contre la politique fiscale d’une administration démocrate devient vite, dans ces temps fiévreux et agités, une protestation contre le centralisme fiscal et nécessairement abusif, – il l’est toujours dans ce cas, – de Washington D.C. Le mot “sécession” vient alors à l’esprit.
La question des impôts fédéraux est cruciale pour des Etats qui jouissent dans l’Union d’une autonomie relative et, surtout, connaissent des situations économiques très différentes. L’absence de solidarité, dans le cours d’une crise systémique qui brise toutes les structures de légitimité et d’autorité, est le produit naturel de cette crise. La situation si diversifiée des USA, dans un pays immense qui n’a pas le ciment historique de la transcendance régalienne, conduit effectivement à des protestations contre un centralisme lui-même plongé dans une grave crise, qui effectue des ponctions budgétaires colossales, souvent pour la sauvegarde inique des responsables de la crise. Cette protestation prend toute son ampleur dans le domaine de l’imposition fédérale, contre l’imposition locale, c’est-à-dire l’intérêt fédéral commun qui n’a plus la justification ni de son intérêt ni de sa puissance patriotique, contre l’intérêt des citoyens pour leur propre Etat. Le phénomène a déjà été signalé pour la Californie.
Cette réunion du 15 avril à Austin, où les esprits échauffés crient le mot de “sécession”, où le gouverneur, lui aussi échauffé et transporté par un thème qui pourrait bien faire recette désormais dans les consultations électorales, dit des phrases qui expriment à mots à peine voilés la menace de la sécession, – voilà un événement symbolique et un événement de communication d’une réelle importance. Notre époque est conduite essentiellement par la puissance de la communication et la politique est aisément transcrite, pour la bonne “compréhension” de tous, en termes de symboles. C’est de cette façon qu’on campe les premiers éléments d’une scène propice à une “révolution“ qui se nommerait “dévolution” des Etats-Unis d’Amérique vers le stade intéressant des “Etats Désunis”.
Mis en ligne le 16 avril 2009 à 09H32