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1188C’est certainement ce que nous percevons comme l’une des plus improbables des rencontres dans le champ intellectuel de la politique : Alexandre Douguine, jugé souvent comme le plus grand philosophe russe vivant et le théoricien de la doctrine géopolitico-spiritualiste de l’eurasisme, et Alex Jones, directeur et animateur tonitruant du site Infowars.com. En général, tout intellectuel qui se respecte avec la plus grande attention, dans le monde de la pensée-Système (sans aucun doute), et même de la pensée-antiSystème du bloc-BAO (parfois sinon souvent), frémit au nom d’Alex Jones, – si encore et seulement il condescend à le connaître ou, plus souvent, à reconnaître qu’il le connaît. La campagne USA-2016 a changé cela, dans tous les cas du point de vue de la notoriété officialisée de Jones, notamment pour ce même intellectuel standard-salon.
(Outre d’être ce qu’on a dit, Jones a une réputation sulfureuse comme l’on dit de “complotiste”, qui est une veine très largement exploitée par son site. Il est indubitable que Jones, qui est un personnage considérable et tonitruant, à la voix rauque si caractéristique, ne prend pas de gants à cet égard et ne semblerait pas entretenir de relations privilégiées avec la finesse d’analyse, comme il est vrai par ailleurs qu’Infowars.com a une audience phénoménale [autour de 20 millions de lecteurs/auditeurs et “téléspectateurs”] et une audience tout aussi turbulente que son présentateur et animateur. Le site, avec Alex Jones, a été le principal promoteur, avec Breitbart.News du candidat Donald Trump ; l’un et l’autre restent les principaux soutiens du président-élu, Infowars.com restant le plus vigilant pour ce qui concerne l’orientation du président-élu par rapport aux promesses du candidat. Les deux sites ont eu les honneurs d’être reconnus disons officiellement comme des acteurs centraux de la communication politique durant la campagne, et ce segment de la presse [presse antiSystème] est devenu un acteur direct majeur de la vie politique US avec la nomination de Steve Bannon, directeur de Breitbart.News passé en cours de campagne à la direction de l’équipe Trump, et nommé il y a trois jours “conseiller stratégique” direct du président Trump dans la prochaine administration. [La nomination a soulevé une nouvelle “tempête médiatique” et crise d’hystérie de la part du monde progressiste-Système, avec des outrances remarquables par disons leur hyper-outrance, comme l’on dit surpuissance pour le Système.])
Douguine-Jones et, d’une certaine façon, Douguine-Trump, il s’agit effectivement de ces “rencontres improbables” tant le champ intellectuel et philosophique où se situe Douguine semblerait éloigné, du point de vue de la sophistication et de la profondeur de la pensée, du domaine où l’on trouve Jones et Trump. Mais l’époque, du point de vue de la communication pour l’activité et du point de vue psychologique pour les acteurs, est complètement révolutionnaire. Par conséquent, les “rencontres improbables” des temps courants deviennent non seulement probables mais inévitables et nécessaires dans les temps exceptionnels. Ceux qui, essentiellement dans le camp du Système où l’on est absolument enchaînés à la narrative la plus faussaire qui se puisse concevoir, se bouchent le nez en parlant de Jones et sautent sur l’occasion pour discréditer ou ridiculiser Douguine à fort bon compte, en le réduisant à Jones et ainsi croyant lui régler son compte (à Douguine), ceux-là ont tort et ont, pour la plupart, l’odorat totalement sous l’empire de la puanteur du Système, devenue leur propore puanteur intellectuelle.
Douguine a publié notamment deux articles dans la section en français de son site Katehon.com, le 11 novembre et le 14 novembre, que nous publions. (Nous nous sommes permis certaines interventions de forme dans les textes, concernant des imperfections de traduction, mais aussi en remplaçant le mot “mondialisation” par le mot “globalisation pour rester plus en accord avec les adversaires désignés justement “globalistes”, et à notre sens remplaxement plus en accord avec les sens respectifs de ces deux mots par rapport à la situation de la crise.) Le texte du 11 novembre concerne notamment Alex Jones autant que Trump, avec l’intervention du premier dans la communication, dans cette campagne USA-2016 ; le second texte, du 14 novembre (« Donald Trump : le Marais et le Feu »), est essentiellement conceptuel. Nous jugeons que les deux articles ont chacun leur intérêt, mais dans des domaines très différents ; aussi allons-nous procéder d’une façon inhabituelle pour cet Ouverture Libre, en deux partie : la première, celle que vous êtes en train de lire, portant sur le texte du 11, et la seconde qui sera l’objet d’un second ensemble.
Ce texte du 11 novembre est dithyrambique, comme l’est d’ailleurs dans son autre texte le philosophe de l’eurasisme. Ici, Douguine reste plutôt politique et “communicationnel”, analysant les conditions opérationnelles de la victoire de Trump et sa signification, dans le même domaine opérationnel encore. Ce qui nous paraît donc remarquable, comme signalé plus haut, c’est le salut enthousiaste que Douguine adresse à Alex Jones et à son site. D’une part, l’on pourrait s’étonner sinon reprocher à Douguine cet enthousiasme par rapport au long terme, c’est-à-dire au travail d’Infowars.com durant des années où, à plus d’une reprise, ce site s’aventura dans des hypothèses et des montages parfois déroutants, sinon extravagants et grotesques. La critique (à l’encontre de Douguine) est aisée à faire mais sans doute infondée, et l’on expliquera alors l’enthousiasme de Douguine par le fait qu’il “prend le train en marche”, c’est-à-dire n’étant sans doute pas un lecteur assidue d’Infowars.com jusqu’alors, et l’étant devenu pour USA-2016, et considérant simplement et seulement le travail énorme accompli par Infowars.com pour Trump, et cela par rapport à ce que Douguine pense de Trump. C’est une appréciation sans ampleur excessive ni grandeur, mais de simple bon sens, qui réduit la rencontre Douguine-Jones à assez peu de choses si l’on se place du point de vue intellectuel sur la profondeur des analyses concernant le fondement des conceptions ; cela n’étant nullement une critique, ni de l’un ni de l’autre, mais le simple constat de l’évidence.
Il y a une autre dimension où l’on peut considérer cette rencontre, qui est celle de la communication, où l’on retrouve les constantes de notre référence Système versus antiSystème. Il s’agit du constat que la puissance formidable de la crise que nous vivons réduit les barrières que les différences des points de vue intellectuels, pour ne pas dire des niveaux intellectuels, élèvent en général entre les acteurs classiques de la vie intellectuelle ; que cette “puissance formidable” réduit aussi les barrières naturelles existant entre des cultures très différentes, entre des grandes nations éloignées, entre des langues si différentes. Bel exemple d'universalisme au sens vrai que devrait avoir le terme, rassemblant les ateurs universels sur une grande cause commune en respectant leurs identités.
Cela vaut surtout du point de vue de Douguine et des Russes, beaucoup plus prompts et ouverts à cet égard que ne le sont les Américains (et non les américanistes). Ce jugement doit pourtant être nuancé par la présence beaucoup plus grande des références européennes antiSystème (Brexit, Le Pen, Hongrie, mouvements populistes et souverainistes en Europe, etc.) dans la bataille populiste US/Trump, et notamment la campagne USA-2016, avec la présence de Farage, le Britannique qui a lancé le Brexit, à la convention républicaine de juillet 2016, puis à l’une ou l’autre occasion lors de sa campagne, à l’invitation pressante de Trump. Les USA, eux aussi, se sont ouverts au Rest Of the World par rapport à leur exclusivisme et leur isolationnisme constants à cet égard ; paradoxalement, la remarque vaut essentiellement sinon exclusivement pour les populistes/Trump, officiellement brûlés comme hérétiques, c’est-à-dire comme isolationnistes, tandis que le côté progressistes/intellectuels US, si complètement et voluptueusement globaliste, clintonien jusqu’à l’extase hystérique et anti-Trump à mesure inverse, reste plus que jamais américaniste-centré, totalement isolé dans sa “bulle exceptionnaliste”.
La “rencontre” Douguine-Jones constitue par conséquent un autre signe, sinon un jalon important vu l’importance de la position officielle et intellectuelle de Douguine, dans le processus de globalisation de l’antiSystème, c’est-à-dire globalisation vertueuse selon l'universalisme avec les nuances essentielles signalées plus haut, inversion mimétique de la vraie globalisation-Système déstructurante et dissolvante. Elle renforce une leçon politique et de communication qu’il faut constamment avoir à l’esprit dans le jugement qu’on porte sur la situation générale de la Grande Crise de l’effondrement du Système (plus Grande Crise que jamais à cause de cela). Il s’agit du constat de l’extension accélérée de la globalisation de l’antiSystème et, par conséquent, l’érosion accélérée des paradigmes souvent douteux et complètement artificiels que nous imposèrent la Guerre froide et ce qui précéda, tendant à diviser le monde en zones “idéologisées” en noir et blanc, et le fractionnement politique artificiel qui s’ensuit, au bénéfice du Système puisque ce fractionnement permet d’alimenter des instruments grossiers de communication comme la russophobie ou la solidarité transatlantique au seul niveau des élites-Système (remplacée par une proximité antiSystème sur un pied d’égalité dans ce cas).
Cette leçon est bien entendu complétée par la réaffirmation formidable de l’importance de la communication dans le cadre antiSystème, où elle intervient désormais d’une manière plus puissante que dans le cas du Système, pour la presse-Système (l’“aspect Janus” du système de la communication favorise de plus en plus sa face antiSystème) ; cette puissance, bien comprise par Douguine dans ce cas et selon un point de vue “globalisé” dans le sens vertueux, depuis longtemps comprise par Alex Jones d’un point de vue resté très américano-centré mais intégrant la dimension de la globalisation. Elle met en second plan, sans aucun doute sans les effacer, les différences des niveaux culturels, ou les différences des champs culturels pour employer des expressions plus neutres, entre des acteurs tout aussi importants chacun dans leur domaine dans la bataille du Système versus l’antiSystème.
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Ces jours-ci, il est à peine possible de discuter sérieusement de n’importe quel sujet à part la victoire magnifique de Donald Trump et la défaite écrasante de la créature globaliste Hillary Clinton aux élections américaines. Cet événement est si important pour l'ordre mondial qu’il est possible de l’examiner et de l’analyser de différents côtés. Tout est tellement saturé de significations que l’on ne sait même pas par quoi commencer.
Tout d'abord, la venue de Trump met un terme décisif au monde unipolaire. Trump rejette résolument l'hégémonie des États-Unis dans ses formes douce, comme l'a demandé le CFR, et stricte, comme le demandent les néo-conservateurs. Lors de ces élections, les deux principaux centres de réflexion globalistes américains ralliés autour de la candidature de Clinton se sont effondrés. Cela signifie que le monde unipolaire est liquidé non seulement sous la pression des autres pays, mais de l'intérieur des États-Unis eux-mêmes. Les peuples et les nations du monde peuvent enfin reprendre haleine. L'expansion de la globalisation est arrêtée depuis son centre. Le monde multipolaire signifie que les États-Unis deviennent désormais un des pôles de l’ordre mondial qui a du poids et de l’importance mais qui n’est pas unique et, ce qui est crucial, qui ne prétend plus à cette unicité. C’est vers cela que Poutine, qui s’est placé à l'avant-garde de la lutte pour la multipolarité, a conduit. La date du 8 novembre 2016 est devenue le jour de la victoire très importante de la Russie et de Poutine personnellement. L’ordre multipolaire n’a plus d’alternatives, et maintenant, nous sommes enfin en mesure de créer une nouvelle architecture mondiale – et non par le biais de la guerre [...]. Et tout cela est apporté par Trump. La victoire de Trump montre qu’aujourd’hui il y a deux États-Unis : ceux de Clinton et ceux de Trump. Les États-Unis de Trump sont traditionnels et conservateurs. Ce sont les États-Unis sains et dignes de respect.
Cette Amérique a dit un retentissant “non” à la mondialisation et l'expansion de l'idéologie libérale. Telle est la vraie Amérique, l'Amérique du réalisme qui a choisi son président et a résisté à la fausse propagande globaliste des médias libéraux. Cela signifie non seulement un échec complet de tous les réseaux et pratiquement tous les consortiums médiatiques, sauf le Los Angeles Times qui avait prédit la victoire de Trump en dépit de tous les autres. Cela signifie l'apparition d'une nouvelle sphère informatique symbolisée par le site infowars.com d’Alex Jones qui est devenu une source puissante de la vraie information aux Etats-Unis, dont l'audience a grimpé à 20 millions en quelques jours, en battant les chaînes à gros budget. Cela est non seulement une perception, c’est l’affirmation de toute la puissance de la vérité.
La vérité importe, – insistait Alex Jones, qui exprimait la position de la véritable Amérique. Celle qui a vu dans Trump son représentant plénipotentiaire. Plus de la moitié de la population américaine ne croit qu’à elle-même, et non pas à la fausse propagande libérale et globaliste des élites transnationales. C’est une nouvelle brillante. Avec cette Amérique il est tout à fait possible de mener un dialogue. Elle est sortie de l'ombre, cette deuxième Amérique, et maintenant les symboles de ses ressources médiatiques sont "Los Angeles Times" et la chaîne de télé en ligne d’Alex Jones. Alex Jones affirme directement: la victoire de Trump marque le début de la révolution américaine. Le peuple a détrôné l'élite transnationale. С’est l’aurore de la lutte pour la libération nationale. Les réseaux du gouvernement mondial ont desserré son emprise sur la gorge des États-Unis, et l'Amérique est désormais dans la même situation que tous les autres états dans l’environnement du même combat - celui des peuples, des cultures et des traditions contre la secte obsessionnelle libérale des globalistes.
Aujourd’hui nous sommes tous solidaires avec le peuple américain. Après ce choix, nous devons abandonner l'anti-américanisme brutal qui était tout à fait raisonnable quand les États-Unis étaient gouvernés par les globalistes, mais qui n’est plus d’actualité. Si l'Amérique, comme Trump a promis, se concentre sur ses problèmes internes, et laisse l'humanité en paix, il n'y a pas plus de raison de la haïr. Après tout, le problème n’est pas dans les États-Unis mais dans le fait que ses élites imposaient agressivement à l'humanité des valeurs perverses, destructrices et difformes, plaçaient sous leur autorité des états, semaient la terreur et le chaos sous le couvert de la “démocratie”, versaient des océans de sang et faisaient irruption dans les États souverains. Trump n’a aucun rapport avec ces élites. Il n’en fait pas partie. Par conséquent, les valeurs qu'ils soutiendra seront autres – conservatrices, américaines et chrétiennes. Sa politique envers le reste du monde sera différente.
Les libéraux européens ont perdu leur superviseur. Aux coups de fil plaintifs pour demander où organiser une nouvelle marche des “valeurs”, Hollande et Merkel recevront une seule réponse, simple et grossier, à l’américaine : “Fuck you !”. Plus encore, les réseaux globalistes en Russie – d'innombrables ONG et agents étrangers – perdront leur soutien. Si vous voulez aider l'Amérique de Trump, venez aux États-Unis et travaillez ferme et honnêtement. Plus de fonds pour dénigrer et décomposer les cultures et les traditions. Contrairement à Clinton, Trump ne considère pas la communauté LGBT, le féminisme et le postmodernisme comme le dernier mot du progrès. C’est une maladie. Le maximum qu’on peut maintenant quémander aux États-Unis c’est l'aumône pour le traitement des perversions. La fondation Soros, organisation déjà interdite en Russie, apparemment, dans un proche avenir sera jugée extrémiste également sur le territoire des États-Unis. Et tout cela, c’est du à Donald Trump. Et à tant d’autres choses.
On nous accusera de surestimer Trump. Hier, on se moquait de nous quand nous prédisions sa victoire. Aujourd'hui c’est notre temps qui vient. C’est une fenêtre d’opportunité qui est ouverte. Si nous ne parvenons pas à en profiter maintenant, nous ne pourrons nous en prendre qu’à nous-mêmes.