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6507• ... Ou plutôt “l’alignement des analyses des experts sérieux et indépendants”. • Après l’énorme ratage d’une “contre-offensive” sanglante, l’échec terrible du voyage de Zelenski au prix d’un incroyable scandale du sémillant Trudeau, on se demande si la Russie ne va pas considérer des opérations de grande envergure. • Il est vrai que l’attaque contre le QG de la Flotte à Sébastopol a exacerbé dans les élites russes de sécurité nationale une exigence d’une riposte adéquate. • Peut-être Poutine va-t-il à Pékin pour prendre une décision coordonnée ?
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Ce dont nous voulons parler, c’est bien d’un “alignement des experts”, non par imitation les uns des autres mais selon une tendance diffuse. Nous parlons bien entendu des experts indépendants et “dissidents”, gens sérieux et non les clowns qui tiennent le haut de l’estrade télévisuelle pour y débiter les sornettes du simulacre général. “Nos” experts-dissidents ont appris que cette guerre n’est pas comme les autres, qu’elle dépend autant des grandes manœuvres de regroupement type-BRICS, de l’image qui nous parvient d’elle si nous parvenons à démêler la vérité-de-situation de sa gangue immonde de mensonges, de narrative, de simulations et de servilité, que des opérations militaires proprement dites. Ils ont appris qu’il faut parfois prendre le risque de se laisser convaincre par une intuition, tout en n’ayant aucune certitude qu’il s’agit d’une juste intuition. Ils naviguent dans le brouillard de la guerre (‘fog of war’) en sachant qu’il ne faut pas tenter de le dissiper avec un simulacre déguisé en ventilateur et produisant du vent.
Nous allons nous appuyer notamment sur deux sources sérieuses et éprouvées, par conséquent deux experts-dissidents, à partir de l’audition du premier (Alexander Mercouris) entendu hier soir, que nous retrouvons cité par le second (Larry S. Johnson).
« En écoutant Alexander Mercouris aujourd'hui, j'ai soudain réalisé que les États-Unis et l'OTAN poursuivent une stratégie JENGA contre la Russie. De nombreux dirigeants du club de l'OTAN sont convaincus que si l'on exerce une pression suffisante sur la Russie, le pays, l'économie, l'armée et la société s'effondreront comme une tour JENGA. Seul petit problème : cette stratégie a échoué ; c'est le contraire qui s'est produit. »
Que dit Mercouris ? Il développe une hypothèse d’une grande offensive russe à partir de la situation d’échec de la “contre-offensive” et de déclarations de trois personnages importants de la direction russe (dont Lavrov et Shoigou). Il le fait avec une extrême prudence, comme toutes ses démarches prospectives, mais on notera que c’est une des premières, sinon la première fois qu’il fait une hypothèse de prospective qui est directement de lui-même. Il a testé l’hypothèse au travers l’annonce d’un ‘Plan d’Action 2025’ annoncé par le ministère de la défense.
« Des gens m’ont signalé que le nom donné à un programme général de défense, ‘Action Plan 2025’, signale sans doute que la Russie prévoit de terminer sa Special Military Operation en 2025... »
Mercouris estime que l’expression ne dit pas cela, qu’elle embrasse de façon bien plus vaste la conclusion d’un programme général de réarmement de la Russie devant l’inévitable constat qu’une politique disons ‘de coexistence pacifique’ avec l’Ouest est impossible. Pour lui, 2025 est la date-butoir de l’accomplissement de la réorganisation, de la modernisation et du renforcement des forces armées russes.
Par contre et pour autant, il n’exclut pas une telle possibilité (fin de la guerre en 2025) mais à partir d’une offensive russe générale, avec conquête de contrôle des zones jusqu’à Odessa au Sud et Kiev au Nord, voire jusqu’à la frontière polonaise si nécessaire. Simplement cette “fin de parcours” s’inscrirait de facto dans le calendrier du Plan d’Action.
Johnson résume ainsi son propos (celui de Mercouris), après avoir rapporté quelques interprétations évidemment dans le sens habituel, de la presseSystème et de l’expertiseSystème, – fausses selon lui, – mettant au débit des sempiternelles faiblesses russes la situation de la Russie de ne plus temporairement exporter de diesel :
« Peut-être. Mais permettez-moi de suggérer une autre explication. La Russie conserve ses stocks de carburant diesel en prévision d'une offensive qui prendrait le contrôle de Kiev et d'Odessa. Farfelu ? Peut-être. Les récentes remarques du président de la Douma russe, Vyacheslav Volodine, reprises par le ministre des affaires étrangères Lavrov et le chef de la défense Shoigu, sont porteuses d'un message inquiétant pour l'Occident : la Russie n'est pas intéressée par un règlement négocié avec l'Ukraine. “L'Ukraine doit se rendre aux conditions de Moscou ou le pays cessera d'exister”. Il ne s'agit pas d’une déclaration isolée, sans suite ou à l’emporte-pièce. La Russie envoie un message très clair. Les Américains écouteront-ils ou continueront-ils à jouer au JENGA russe ? »
... Ils continueront à jouer, bien sûr, comme font tous nos experts et autres super-journalistes (voyez LCI en pleine forme avec l’experte Martichou et ses camarades-experts, c’est stupéfiant). Pendant ce temps, la marche du temps, c’est-à-dire de la GrandeCrise, se poursuit à un rythme effréné ; c’est elle qui règlera la question, déterminera le sort de l’Ukraine et la politique militaire de la Russie, et ce qui se passera après si la guerre en Ukraine se termine dans l’année ou les deux années qui viennent selon le scénario détaillé.
Actuellement, sans préjuger de la véracité et de l’orientation des développements que nous envisageons, la situation est ainsi résumée au terme d’une analyse remarquable de la situation actuelle, avec son arrière-plan historique depuis la chute de l’URSS, de l’ancien analyste du Pentagone devenu lanceur d’alerte, Richard C. Cook, sur le site ‘ScheerPost’, – sous le titre « La Troisième Guerre Mondiale est-elle sur le point de commencer ? ». Il s’agit d’une longue étude en deux articles, qui se terminent par une sorte d’“état des lieux” actuel. Cook retient trois points en donnant une importance notable aux BRICS, comme une force économique opposée à l’Occident, selon un schéma où la guerre en Ukraine a sa place :
« 1. Pourquoi les BRICS ne jugent pas nécessaire d'émettre une nouvelle monnaie : Les échanges dans les monnaies nationales mettront fin au mécanisme de siphonage des richesses que constitue l'hégémonie du dollar américain.
» 2. Pourquoi la Russie et la Chine tentent de maintenir des politiques non conflictuelles malgré les provocations : L'augmentation des échanges commerciaux au détriment des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne et l'utilisation croissante des monnaies nationales entraîneront une instabilité politique, en particulier dans les pays occidentaux les plus désindustrialisés. Le mécontentement social et l'instabilité politique se manifestent déjà dans tout l'Occident. Ils ne feront que s'accroître à mesure que l'appauvrissement se répandra en raison de la dépréciation des monnaies, ce qui conduira finalement à l'implosion du système politique néolibéral. C'est pourquoi la Russie, la Chine et d'autres nations souveraines ont adopté une politique d'attente plutôt que de risquer une guerre cinétique qui entraînerait la mort de millions de personnes. Néanmoins, ces pays se lancent dans un programme accéléré de développement militaire, tout en renforçant leurs alliances, au cas où la guerre serait inévitable.
» 3. Pourquoi l'Occident s'engage-t-il dans des politiques extrêmement agressives ? Les cabales néolibérales qui contrôlent l'Occident se rendent compte que les changements qui se produisent dans le monde, en particulier en ce qui concerne l'architecture monétaire et financière mondiale, signifient leur perte, et c'est pourquoi elles agissent de plus en plus de manière hystérique, en fomentant des conflits et le chaos partout où elles le peuvent. »
On peut accepter cette vision générale et sa structuration en observant aussitôt une contradiction dont l’auteur est d’ailleurs conscient : comment maintenir « une politique d'attente » avec un groupe de puissances qui voient justement leur puissance menacée par le ‘Sud Global’ ? Qui, devant cette menace qui les terrorise, agissent de plus en plus hystériquement et sèment partout où elles le peuvent conflits et chaos ?
A cette lumière, la question qui se pose est de savoir si un des actes de cette politique n’a pas constitué le pas de trop, qui fait céder la patience de la Russie et la tactique qui va avec. Le facteur direct principal est d’ordre psychologie, et nullement dépendant de capacités ou autres questions du genre. Il s’agit de savoir si Poutine, – car c’est de la Russie dont il est question, – voudra et pourra résister encore bien longtemps aux pressions de sa bureaucratie et des milieux de sécurité nationale et de communication, notamment depuis l’opération ukrainienne contre Sébastopol. Ainsi en est-il de l’intervention, rapportée par Paul Craig Robert relayé par Larry Johnson, de Margarita Simonyan, qui dirige un des principaux groupes médiatiques nationaux, qui est généralement du côté des élites modérées presque-libérales, et qui ne l’est plus du tout.
« Les médias russes s'en prennent maintenant à la direction suprême, exigeant qu’elle cesse d'encourager les provocations sans fin par son inaction.
» La rédactrice en chef de la chaîne de télévision publique russe RT, de l'agence de presse Rossiya Segodnya et de l'agence de presse Sputnik, Margarita Simonyan, estime qu'après l'attaque d'aujourd'hui à Sébastopol, la Russie devrait cesser de fermer les yeux sur l'implication directe de l'Occident dans le conflit militaire, en se limitant aux avertissements et mises en garde habituels.
» “Il est temps de lancer un ultimatum sous sa forme la plus sévère, non seulement à Kiev, mais aussi à ses protecteurs au sein de l'OTAN”, a-t-elle déclaré. »
Il est très difficile, il est de plus en plus difficile devant une telle tension et une telle détermination des contraires extrêmes, en l’absence de toute possibilité de compromis, de ne pas envisager effectivement ce que deviendrait un inévitable affrontement. Quelle forme prendrait-il ? Quelles seraient les réactions à l’intérieur des cohésions et alliances actuelles ? Les réactions populaires ? Autant de questions sans réponses posées à des politiques et des analystes, essentiellement d’Occident, qui n’ont aucune conscience ni de l’enjeu catastrophique ni de la vérité-de-situation tout court.
Certains peuvent être conduit à envisager que voyage de Poutine en Chine le mois prochain a notamment pour objet une consultation décisive entre Poutine et Xi sur une perspective de grande offensive russe en Ukraine. Le déplacement a été décidée alors que l’échec de la “contre-offensive” était devenu évident.
Si l’hypothèse de Mercouris doit être suivie, il y aurait alors une étrange et insaisissable coïncidence de périodes entre une évolution soudain rapide en Ukraine et l’entrée de Washington D.C. dans la campagne présidentielle la plus insolite et la plus folle de l’histoire des États-Unis.
“Encore une interférence des Russes dans notre processus de politique intérieure !” s’exclamerait, furieuse, l’honorable Hillary Clinton.
Mis en ligne le 28 septembre 2023 à 19H20