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25382 juin 2018 – Une fois de plus (voir “FN au Kosovo”, c’est sûr ?), j’ai attendu bien longtemps pour consulter l’auteur sur le lancement d’un livre où il est partie prenante. Cette fois, il est question des Âmes qui se trouveraient à Verdun, dans le cadre incontestable des Âmes de Verdun, et non plus de Nietzsche effectivement repéré au Kosovo.
Cette fois, présentation un peu plus courte, avec reprise pure et simple des citations de départ de la première interviewsur cette sorte de “série” d’articles destinée à faire, sans fausse honte ni dissimulation de l’appât du gain. (Pensez ! €5,80 le prix du volume, frais de port compris, il y de quoi se régaler, un festin de roi...) : « Enfin, jouons le jeu : PhG c’est moi, “l’Auteur” c’est un peu lui-moi, quelque chose dans ce goût-là… […] Avec[…] mon don peu commun d’ubiquité, je me suis donc transformé en intervieweur de l’“Auteur”, et c’est la substance de la chose que je veux vous restituer ici... »
C’est-à-dire qu’avec l’aide de quelques questions et les réponses de l’“Auteur”, nous allons faire la description de la situation à laquelle nous sommes arrivés. Quelque peu et diablement morose ou désenchanté par les premiers résultats du lancement du volume, comme d’habitude en quelque sorte, au point qu’il s’agirait presque d’un sujet de plaisanterie, sinon de paradoxale bonne santé... (“Moins tu vends plus tu vaux et mieux tu te portes”, quelque chose comme ça.) Car l’Auteur, contrairement aux préoccupations d’un lecteur si attentif et bienveillant, reste gaillard parce qu’il est l’Auteur et qu’il doit bien ça à l’ouvrage, parce que ce fut pour lui, et je le comprends ô combien, ce fut un honneur de sa vie d’être l’Auteur dans la galère nommée Les Âmes de Verdun.
... Pour cela, et bien d’autres choses encore, il a semblé qu’il n’était pas déplacé d’à nouveau convoquer l’Auteur ou de se rendre chez lui je ne sais plus ; le temps de ce qu’on appelle “une interview”, quoi.
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PhG : Salut l’Auteur, les nouvelles sont bonnes ?
L’Auteur : Vous ne pouvez pas commencer une interview par autre chose que de l’ironie vacharde, vous !
PhG : Vous m’avez dit quasiment la même chose lors de notre précédente rencontre, bon... Entretemps, Les Âmes de Verdun se sont installées dans notre Librairie.dde. Grand évènement, non ?
L’Auteur (sur un ton fataliste) : Oui, c’est vrai, grand événement pour moi, peut-être bien pour vous, non ? Grand événement pour nous... Mais rien ne change dans le destin usurpé qui nous emporte ; l’effet de l’événement a été insignifiant, presque nul... Oh, vous savez bien, quoi ! Les lecteurs qui se sont décidés à lire ce livre cette fois, et pour ce faire l’acheter, je les compte sur les doigts d’à peine plus que ceux d’un manchot.
PhG : Euh, l’image est osée... Dit-on encore “manchot” aujourd’hui, dans le langage convenu ? N’est-ce pas discriminatoire ? N’est-ce pas manquer de respect démocratique et humanitaire pour une communauté ?
L’Auteur ; La Fontaine le disait, lui...
Qu’on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme
Je vive, c’est assez, je suis plus que content.
PhG : D’accord, vous connaissez votre Wikipédia par cœur ... Il n’empêche, hein, eh oui, bien peu de lecteur... Pourtant, le livre avait été présenté avec deux avis de lecteurs, ceux de la première édition, qui ont dû vous faire bien chaud au cœur, non ?
L’Auteur : Je ne suis pas près de les oublier…
(L’Auteur en aparté : il oublie de dire que l’un de ces admirables intervenants était le même qui était intervenu la première fois. Je l’ai reconnu et il est comme un ami très cher...)
PhG : Eh oui, deux lecteurs… Euh, c’est peu..
(PhG en aparté : j’ai un peu l’impression de rejouer l’interview précédente, sauf, c’est vrai, que le nombre de lecteurs cités ici a doublé.)
L’Auteur (un peu gêné comme à l’habitude pour cette sorte de remarque) : Comme vous dites… Après de tels avis, hein, on n’a pas envie de commencer à ronchonner… Eh ! C’est vrai, bien peu de lecteurs... Enfin, je croirais volontiers, pour votre bonne réputation et l’apaisement de mon âme, que c’est une remarque symbolique, n’est-ce pas, c’est ce que vous voulez dire, pour me faire avouer que Les Âmes, comme FN au Kosovo, comme le reste, attend tant et tant et tant d’autres lecteurs et que jamais on ne vit œuvre si chargé de légèreté spirituelle et de sublime nostalgie intéresser aussi peu de gens, ou bien “...se faire connaître de si peu de gens”, ou bien encore si désolée dans l’attente de ceux qui sont destinés à la connaître et qui l’ignorent encore ?
PhG : Allons, ne vous moquez pas de vous-mêmes, encore moins de votre œuvre, cela me semble flairer un peu trop l’amertume.
L’Auteur : Non pas l’amertume, vous vous trompez, mais la nostalgie, je veux dire la nostalgie du temps où j’avais encore toute la vie devant moi pour devenir je ne savais quoi mais qui serait certainement extraordinaire et exaltant... Vous savez l’affection que j’ai pour la nostalgie, n’est-ce pas, dans laquelle je vois la marque de l’éternité qui nous est adressée à nous, pauvre sapiens-sapiens... J’ai cette nostalgie qui n’est ni triste ni abandonnée, mais au contraire pleine d’une exaltation contenue, tout au fond de soi, à la mesure du sentiment et de la vision qu’elle reconstitue, qu’elle reforme en un sens, qu’elle remodèle en un monde idéal pour moi, – tout cela, lorsque je vous dis : “C’était une autre époque...”
PhG : J’ai l’impression d’avoir déjà entendu cela, vous savez, avec un commentaire comme “remarque remarquable, si j’ose dire, d’originalité”. Vous avez une façon bien à vous de faire renaître le passé ...
L’Auteur : ... Pour tout dire, comme s’il était l’éternité !
PhG : Et bien sûr, dans votre chef cela condamne notre époque ?
L’Auteur : Comment faire autrement ? Notez bien que, d’un certain point de vue et malgré sa puanteur tout à fait extraordinaire et sortant d’un égout d’une contenance et d’une diversité (mot-tendance) remarquables dans le chef de l’odeur de la merde postmoderne extraite de l’Art Contemporain et de l’émanation in-su-ppor-ta-ble qui l’accompgne, cette époque d’aujourd’hui a du bon, oui oui, malgré tout... (Aparté : Euh, j’ai l’impression d’avoir déjà dit cela, non ?]
PhG : Expliquez-moi donc comment cette époque, sur laquelle vous déversez des torrents de critiques furieuses, expliquez-moi comment, comme vous dites, elle peut “avoir du bon” ?
L’Auteur : Eh bien voilà, et peut-être est-ce que je me répète, mais voyez-vous, elle est tellement puante, grossière, prétentieuse, médiocre, incroyablement intolérante et conformiste jusqu’à se grimer en excréments de ses excréments, alors vous vous dites bien entendu, comme je fais : “Une telle pourriture, impossible de ne pas succomber à l’idée du complot de toutes les forces médiocres et les plus basses du monde, et en faire la cause de mes échecs, moi si glorieux avec mon indépendance, mon refus de l’allégeance, de la soumission, et hop ! Passez muscade, voilà pourquoi ils ne laissent pas passer mes bouquins...”. Voilà, vous vous en sortez avec les honneurs, ô combien, victimes de leur vindicte, votre insuccès est une mesure de votre pugnacité de résistant… Cela vous évite de trop vous attarder à cette idée beaucoup plus simple de l’agrément au jugement du tribunal culturel (“Mon bouquin, impubliable ! Tout simple, la cause de mes échecs…”).
PhG : Vous-même, que pensez-vous de vos livres, d’ailleurs ?
L’Auteur : Ah, quelle question déplacée, et inutile d’ailleurs, et ce n’est pas la première fois que vous me la posez... Mes bouquins, ils sont partis, ne sont plus de moi, valent ce qu’il leur plaît de dire, et vogue la galère ! Mais cette fois, je l’avoue, j’ai une tendresse si particulière pour Les Âmes (Verdun), car c’est pour moi le début d’une aventure... Rendez-vous, compte, à 64 ans ! Je crois bien que là, vraiment, j’ai saisi le passé dans ce moment unique où il côtoie l’éternité, où il l’est presque, où il l’est complètement le temps d’une fulgurance vous savez ! Et pas du tout la fulgurance d’un obus qui explose, dans cette campagne du champ de la bataille, devenue si apaisée, si harmonieuse, si équilibrée... Ce livre côtoie l’éternité pour mon compte, vous savez.
PhG : Bon, eh bien est-ce comme ça que vous croyez en faire un bestseller, dix ans après sa parution !
L’Auteur : Mais enfin, à la fin ! Je vous parle d’éternité, moi, en vous parlant du passé ! Ne comprenez-vous pas qu’il nous est impératif, à nous tous, nous qui suivons comme des assoiffés perdus dans le Désert des Tartares la sarabande du tourbillon crisique des évènements du jour pour tenter d’y saisir quelque lumière, ne comprenez-vous pas qu’il est impératif de sacrifier un peu de son temps pour se retourner, consulter ce passé qui recèle l’humanité, pour tenter de découvrir la source qui alimente ce fleuve grondant, cette cataracte diluvienne qui fait déferler ce temps étrange ce temps si étrange ! C’est là la vertu des Âmes... Se retourner sur le passé, prendre un instant, un moment, un jour de son temps pour tenter de remonter vers cette source claire d’où vient cette fantastique tragédie-bouffe qui secoue notre univers ! Aller vers la trace de l’explication fondamentale, originelle, ne comprenez-vous pas cela ?
PhG (un peu d’ironie, semble-t-il, dans le ton) : Ne nous fâchons pas... Certes, j’entends bien, ce qui me conduit à me répéter, mon jeune ami... Bon, bon... Au fait est-ce comme ça que vous croyez en faire un bestseller, dix ans après sa parution ?
L’Auteur (assez curieusement apaisé, – défiant et confiant à la fois, et puis finalement presqu’amical avec comme une tendre ironie) : Et certes ? Et alors ? Et qui sait ? Et qu’importe ?
PhG : Façon de conclure, hein… Merci l’Auteur, à la prochaine qui ne saurait tarder.
(Puis, me reprenant, pour une question étrange qui me revient à chaque fois que j’interroge l’Auteur, vraiment à chaque fois :)
Attendez, attendez l’Auteur, encore une question, oui une dernière… Quel est votre sentiment le plus profond, le plus durable, le plus irréfragable, celui qui ne meurt jamais, qui est toujours votre compagnon, de votre vie et d’en-deça et d’au-delà de votre vie, tenez qui vous accompagne tout le long de l’essence de votre existence, où qu’elle se trouve et où qu’elle vous mène, comme ces vieux compagnon qui, jamais, jamais ne vous laissent seul, – ce sentiment l’Auteur, ce sentiment qui vous protège de la solitude, quel est-il ?
L’Auteur (un seul mot, dit comme une lame qui tranche, net, sans retour, sans appel, et dit sans la moindre hésitation, une fois après l’autre, comme s’il connaissait cette question depuis si longtemps et s’en fichait bien parce qu’il n’y a pas de question et que sa réponse à cette absence de question est toujours la même, et qu’il ne fait que répéter, comme assuré de cette unique certitude...) : La solitude.
PhG : Vous…
L’Auteur : Oui, la solitude, la fidèle, l’exemplaire, celle qui ne vous laisse jamais seul, qui jamais ne vous abandonne à la tristesse et qui jamais ne s’abandonne. La solitude, oui c’est bien elle, qui semble peupler votre monde de multiples interdits et qui en vérité vous libère des ignobles contraintes sociales et même sociétales, – c’est le mot qui vogue aujourd’hui, – d’une époque absolument in-su-ppor-ta-ble ! Eh bien, cette solitude-là vous permet de supporter, parce que c’est le signe, le ralliement, la point de rassemblement des innombrables solitudes que cette époque a suscité chez nous, pauvres créatures, et c’est bien nos solitudes qui nous mettent ensemble, qui créent entre nous des liens exceptionnels, qui nous fait frères en misère spirituelle et qui nous donnent, – paradoxe des paradoxes, – la force d’être une communauté de résistance, la seule communauté qui vaille aujourd’hui, la communauté des solitudes rassemblées...
PhG : Et Les Âmes, c’est de cette essence-là ?
L’Auteur : C’est un livre qui a rassemblé des solitudes éparses, certaines même qui s’ignoraient, pour faire renaître ces âmes anéanties dans la bouillie entropique du progrès des hommes, des crétins, des zombies. Allez donc à Verdun et écoutez-les, les âmes de ceux qui eurent leurs corps hachés, torturés, réduits à l’entropie, écoutez-les : leurs Âmes ont échappé au Diable, et vous qui êtes là pour cette mission dont vous ne saviez rien, vous devez les écouter, les entendre chuchoter, murmurer ; et même les entendre chanter pour vous dire qu’elles ont triomphé de la mort industrielle, de la mort du Progrès de la technologie et de tous leurs discours in-su-ppor-ta-bles... Ces Âmes sont triomphantes !
PhG : Pour un peu, vous toucheriez mon âme, l’Auteur... Question rituelle : “Croyez-vous que cette interview convaincra des lecteurs potentiels nombreux d’acheter ce livre” ?
L’Auteur : Certes pas, pas une seconde ! Mais je crois, également pour moi-même, à ce fameux principe d’Incertitude qui s’applique à tout sauf à cette fameuse solitude dont je vous ai parlé et qui nous libère pour nous retrouver.
Et voilà, il est parti... Il est déjà parti et me laissant, pantelant et épuisé car nul ne peut ignorer, moi le premier, que l’auteur et moi, l’auteur et PhG ne sont pas loin de ne faire qu’un et que ce dédoublement est une démarche effectivement épuisante… Ce qu’il m’a dit vaudrait-il pour moi également ? Longtemps cette question résonna en moi et résonnera longtemps encore en moi. C’est une question qui n’a pas de réponse car la caractéristique de la solitude est en ceci que l’on est seul, et alors qui pourrait répondre à une question que vous vous lancez à vous-même… Qui ? Pas de réponse, l’Auteur a disparu.
Peut-être pour en apprendre plus, peut-être en deviner plus et remplir de la joie d’une nouvelle jeunesse l’humeur de l’Auteur, voyez les sites de vente de Frédéric Nietzsche au Kosovo, de Chroniques du 19 courant…, de Trump-USA (I), de Glossaire.dde (I), – et, bien entendu, des Âmes de Verdun. Les prix de vente sont calculés au plus juste possible, au plus bas que le permettent les coûts d’impression et d’expédition, pour permettre le plus d’accès possible.
Mais laissons là ces considérations mercantiles, il se fait tard.
(*) Cette drôle de signature vaut quelques explications avec les implications ainsi suggérées : nous nous en sommes enquis auprès du chroniqueur ... Il nous conta donc ceci : dans sa fougueuse jeunesse, il était, comme tout un chacun, complètement phagocyté par l’américanisme et particulièrement fasciné par le bruit des armes, ses exploits hollywoodiens et ses coutumes. Ainsi était-il fasciné par les fameux Marines, dont John Wayne (qui se garda bien de s’engager) nous vantait la gloire impérissable. Ainsi apprit-il que la devise du Corps des Marines, par ailleurs créatrice d’une véritable tradition qu’il importe de saluer, se dit Semper Fidelis en latin, soit “Toujours fidèles” ; et les Marines en vadrouille ou en virée lors des escales ont coutume de se reconnaître entre eux par l’abrégé de “Semper Fi”. Utilisant son prénom qui faisait l’affaire, notre chroniqueur a pris l’habitude de signer parfois d’un ironique Semper Phi, qui n’indique pas le retour à ses fascinations d’origine mais plutôt la volonté d’affirmer une fidélité qui lui importe. Par l’utilisation de la chose, il entend conclure son propos par une affirmation de plus de la fidélité de dedefensa.org à lui-même et à tous ceux qui lui sont proches, – et donc à vous, ses lecteurs. Semper Fi...
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