Anonymous contre POTUS

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Le groupe Anonymous, qui s’est signalé pour la première fois d’une façon largement connue, en tant que groupe d’action sur l’Internet, lors des affaires Wikileaks de l’automne dernier, est un groupe décrit par le langage officiel US comme “amorphous”. D’autres le tiennent comme un groupe plutôt de consistance “glauque”, d’autres y voient une provocation ou une manipulation, d’autres se demandent s’il existe ou bien s’il n’existe pas plusieurs entités, éventuellement réduites à un seul manipulateur dans certains cas, utilisant cet étrange label. Bref, personne ne sait si Anonymous existe comme il semble se présenter et personne ne sait rien de précis, et personne ne sait non plus si Anonymous n’est pas exactement ce qu’il prétend être. Il n’empêche que le FBI, qui ne saurait être pris en défaut, a classé Anonymous dans la catégorie terrible d’une “security threat” contre les USA.

…Là-dessus, après diverses menaces qui ne se sont pas concrétisées, est intervenue, le 6 novembre, la menace d’Anonymous d’interférer dans le processus électoral US des présidentielles de 2012. La première action annoncée concerne le caucus de l’Iowa, qui est la première grande étape des primaires des présidentielles, en janvier prochain, dans un processus aboutissant en novembre 2012 à l’élection du POTUS (President Of The United States). Russia Today, poursuivant son travail de communication sur la dégradation de la situation interne aux USA, accorde une place sérieuse à la menace d’Anonymous.

«A new video posted to the Web over the weekend reveals plans from the hacking collective Anonymous to target the 2012 US presidential election, and it seems their first attack will be during next year’s Iowa Caucus.

»In the YouTube clip uploaded in recent days, a digitized voice calls for other hacktivists aligned with Anonymous to wage an Occupy-style protest at the presidential candidates’ campaign offices in Des Moines, Iowa next month, and then help shut down the state’s caucuses slated to begin on January 3. Though Anonymous have often waged computer attacks and other demonstrations for political purposes, this would mark the first time the hacktivists have attempted to take down a presidential election in America. The reason for the protests, says the Anonymous spokesperson, is that the Democratic and Republican parties are not worthy of representing the voices of the Americans whom they have disenfranchised.

»“Both parties are funded by the same mega corporations,” the narrator announces in the brief video. “The same corporations that fund political campaigns; the same corporations that buy lobbyists; the same corporations that operate the United States governments.” “Voting for these parties is unethical,” the voice adds. “They have destroyed the American democracy.” According to the Anonymous video, the candidates are committed to “serve the private interests of the major corporations” rather than the millions of Americans who must make a decision come Election Day. As a result, the collective is calling for the occupation of the offices on December 27, and from there is asking protesters to “peacefully shut down the first-in-the-nation Iowa caucuses on January 3.”»

Diverses spéculations sont développées (voir le Des Moines Register, le 6 novembre 2011, ou encore Chris Matyszczyk sur News.Cnet, le 7 novembre 2011), sur la possibilité que ces menaces soient fondées, crédibles, importantes, ou bien simplement de l’intoxication, voire des provocations gratuites. Pour autant, les autorités de l’Iowa prennent les menaces au sérieux, ainsi que les dirigeants de l’organisation technique de la campagne électorale en général… Et, bien entendu, le FBI, toujours sur ses gardes, prend l’affaire très, très au sérieux.

Amusante et intéressante, cette incursion sans le saint du saint du Système qu’est le processus pourri jusqu’à l’os de l’élection de POTUS, de l “octopus” plus ou moins “amorphous”, cet Anonymous dont nul ne sait s’il existe ou s’il s’agit du Complot Suprême, anarchiste ou manipulé par un Soros quelconque, – Chi lo sa ? et Si non e vero, e ben trovato… Il est bon de noter que Occupy Des Moines, de la capitale de l’Iowa (nous allions dire : la “cellule locale d’Occupy”, comme dans un parti subversif), nie toute implication dans cette affaire, voire tout rapport avec Anonymous, dans tous les cas pour ce cas. Quant au “centre” d’Occupy, OWS ou Occupy Wall Street, ses projets nouveaux sont également intéressants, et plutôt troublants pour la même pourriture washingtonienne qui ne cesse de trembler d’incompréhension devant ces diverses “menaces” amorphous. Il s’agit d’une “marche sur D.C.” (Washington), qui devrait avoir commencé hier (heures US) pour se terminer le 23 novembre… Encore Russia Today, le 8 novembre 2011.

«The Occupy Wall Street protests may have already spread to cities across the world, but the movement’s next major migration will be easy to see if you're on the East Coast anytime soon. Protesters are taking the movement on the road — literally. Starting Wednesday, November 8, protesters in New York City’s Zuccotti Park, the central hub and starting point of the ongoing Occupy Wall Street movement, will be marching hundreds of miles from Lower Manhattan into Washington DC, stopping at smaller occupation-style demonstrations along the way.

»Organizers on the OccupyWallStreet.org website have revealed plans for Occupy the Highway: The 99 Percent March to Washington. Protesters will be playing in safe, however, and will ditch the major roadways in exchange for more pedestrian-friendly thoroughfares. They intend on leaving New York City Wednesday at noon and plan to march roughly 20 miles a day, stopping along the way in Trenton, Philadelphia, Baltimore and elsewhere before arriving in Washington two weeks later. […]

»After leaving New York’s Zuccotti Park, marchers will head to Elizabeth, New Jersey before heading south towards DC. Along the way they will stop in New Brunswick, NJ, Wilmington, DE and seven other towns before arriving in Washington. In Philadelphia, PA and Baltimore, MD the group hopes to take a day off of marching to join the Occupy protests happening in those towns. Along the way, organizers hope that others in small towns like Andalusia, PA and Laurel, MD will join them.

»“A major draw for this march is to encourage more people in rural communities to get involved as well as bring spreading the word along the highway. We are hoping people will join the march along the way; whether for an hour, a day, or the full two weeks, we feel its imperative for OWS to be involved in the historical significance of long distance marches to support, promote, and encourage economic and social equality,” reads the website…»

Quels sont les buts de cette marche, à son point final, outre le programme de mobilisation tout au long du trajet ? «On November 23, demonstrators intend on arriving in the nation’s capitol in time to march to the White House in protest of that day’s meeting of the Congressional Deficit Reduction Super-Committee, the bipartisan panel that will decide on whether or not to keep Obama’s extension to the Bush-era tax cuts. On their website, organizers write that keeping the cuts on the books will only benefit the richest one percent of Americans in any kind of significant way, so they are hoping that their march will “let the committee know what the 99 percent think about these cuts.”»

Tout cela participe d’un même mauvais esprit… C’est pour cette raison que nous les réunissons, l’affaire Anonymous contre POTUS et la marche d’OWS vers Washington. Dans les deux cas mais de façon différente, il s’agit de projets qui s’attaquent aux processus fondamentaux du pouvoir washingtonien, disons à l’apparence de fonctionnement démocratique du Système, donc de cette précieuse couche de fond de teint faite d’une hyper-communication vertueuse, qui tente de dissimuler le teint blafard du susdit Système. De même, l’action d’Anonymous comme de Occupy vis-à-vis du Système reste dans le domaine symbolique de mise à jour du teint blafard, et dans le domaine si efficace de la communication, contribuant à établir un climat de déstabilisation (communication, toujours) du Système, et une atmosphère de mobilisation hostile de la population.

Encore une fois, comme dans nombre de cas maintenant, il s’agit moins de savoir ce qu’il adviendra de ces actions que de l’effet de communication de ces actions. Dans un Système qui est devenu hypersensible à tous les effets possibles de la communication, ces divers coups d’aiguille venus de forces anonymes et imprécises, dans des buts informulés et incompréhensibles en eux-mêmes mais selon des processus évidents de déstabilisation, sont extrêmement pesants pour les nerfs, pour l’équilibre nerveux du Système et de ses serviteurs. Le Système comprend mal, s’il le comprend même, une agression systématique ne valant que pour sa vertu d’agressivité, ou une agression systématique faite pour détruire, sans autre but que détruire. Il comprend mal au point que cela lui est insupportable qu’on puisse au fond utiliser la même tactique que lui-même, le Système, utilise, notamment dans nombre d’agressions contre des régimes divers qui n’ont pas montré assez de sujétion à son égard ; à cause du vernis de dialectique humaniste et moderniste dont il se pare (du type “chaos créateur”, “démocratisation”, “interventionnisme humanitaire”, etc.), il est incapable d’imaginer que sa propre tactique soit la recherche de la destruction pour ce seul but de détruire, et le fait de découvrir à l’occasion de l’utilisation par d’autres de cette tactique qu’il en est ainsi représenter une agression psychologique très déstabilisatrice pour lui-même. Le Système ne peut souffrir d’être placé, même si c’est pour un but qui lui est hostile, face à la vérité de ses pratiques et de ses tactiques.

Enfin, il y a la fragilité inhérente du Système, désormais évidente dans le désordre et la pusillanimité de ses riposte face à Occupy (et éventuellement un Anonymous ou l’autre). La crainte d’une interférence type Anonymous répond à la perception mal substantivée mais fortement ressentie de la dégradation et donc de la vulnérabilité des processus politiques du Système, avec spécifiquement ce processus électoral déjà discrédité par l’insondable médiocrité des candidats et la stupidité des politiques envisagées, avec des dissidences proches d’être réalisées devant les dénis de communication (cas de Ron Paul). Une réelle intervention d’Anonymou, ou une intervention supposée qu’importe, peut servir de base de contestation entre les divers candidats, dans certaines circonstances, avec l’effet que ce genre d’incidents peut alimenter un mécanisme de grippage ou d’autodestruction du processus menant à l’élection présidentielle. Dans l’atmosphère de tension actuelle, cette sorte d’hypothèse n’est certes pas déplacée.


Mis en ligne le 9 novembre 2011 à 13H26

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