AP laisse ses gants au vestiaire

Un article de l’agence de presse Associated Press, diffusé sur divers sites et médias papier américains, fait grand bruit. Il se présente comme une mise en accusation directe et explicite des pratiques de l’administration GW, et du président lui-même.

Comme le site RAW Story le rapporte, l’article a été effectivement repris sous sa forme, notamment avec son titre provocateur : « In a strongly worded headline that has appeared across a variety of news websites, the Associated Press has formally accused President Bush of ignoring laws he signs. The AP headline at ABC News? “Bush Ignores Laws He Inks, Vexing Congress.” At AOL? “Bush Ignores Laws He Signs, Vexing Congress.” And Yahoo? “Bush ignores laws he inks, vexing Congress.” »

Voici quelques extraits de l’article de Laurie Kellman, de AP, tel qu’il a été repris sur ABC.News, le 27 juin, sous le titre original mentionné plus haut :

« A bill becomes the rule of the land when Congress passes it and the president signs it into law, right?

» Not necessarily, according to the White House. A law is not binding when a president issues a separate statement saying he reserves the right to revise, interpret or disregard it on national security and constitutional grounds.

» That's the argument a Bush administration official is expected to make Tuesday before the Senate Judiciary Committee, chaired by Arlen Specter, R-Pa., who has demanded a hearing on a practice he considers an example of the administration's abuse of power.

» “It's a challenge to the plain language of the Constitution,” Specter said in an interview with The Associated Press. “I'm interested to hear from the administration just what research they've done to lead them to the conclusion that they can cherry-pick.” »

L’intervention de AP n’est pas pour autant, pas nécessairement dans tous les cas, un tournant annonçant une nouvelle attitude “oppositionnelle” de la presse MSM. C’est plutôt un reflet de la situation de désordre aux USA. Le pseudo autoritarisme de l’administration GW est en réalité une tentative permanente d’une administration fondamentalement faible (notamment à cause de sa vénalité complète et de la faible personnalité de son président) de s’affirmer au-delà des contraintes légales en s’appuyant sur des événements fabriqués (la “One Percent Doctrine”). Cette tentative est couronnée de succès ou bien elle se heurte à des obstacles, parfois aisément contournés, parfois infranchissables (voir le cas de l’affaire des ports US, en mars dernier). La presse MSM réagit de façon erratique, souvent servile, parfois critique, parfois franchement accusatrice. Ce sont les occasions créées par le désordre qui font le larron.

Le cas d’AP signalé aujourd’hui reste pour l’instant significatif d’une seule façon : la forme choisie, qui abandonne tous les effets style-postiche prétendant à une apparence d’objectivité. L’attaque est directe, le style subjectif. Bref, on a ses nerfs, et cette fois on le fait sentir en laissant les gants au vestiaire. Pour l’instant, rien de plus, — même si l’on peut toujours espérer, voire rêver, que cette attitude fasse tâche d’huile.

Mis en ligne le 28 juin 2006 à 10H03