Arnold Macron, the Deconstructor

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

   Forum

Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 3556

Arnold Macron, the Deconstructor

20 avril 2021 – Je n’ai pas lu l’interview du ‘Figaro’, et je m’en garderais bien. Consommation intérieure, masque obligatoire, regard braqué sur la Ligne bleu-blanc-rouge du mois de mai 2022, – très peu pour moi. Autrement intéressante, l’interview en virtuel, – garantie de vérité-de-situation de la pensée courante et ZombieSystème aujourd’hui, – donnée à CBS, un porte-drapeau apprécié de la presseSystème aux USA.

On pouvait être sûr d’obtenir alors un pur et cristallin produit de la pensée transatlantique du personnage, c’est-à-dire un excellent exemple, un exemple “souverain” de la penséeSystème du bloc-BAO. Le résultat est à la hauteur des facteurs constitutifs de l’attente : l’homme en charge est absolument, complètement, un “Deconstructor”, comme l’on dit “Terminator” en elliptique langage hollywoodien, avec Arnthur Schaupenegger dans le rôle principal.

Présentation de la chose par ‘Valeurs Actuelles’ :
 

« Emmanuel Macron était le grand invité de l’émission ‘Face the Nation’ sur CBS News dimanche 18 avril. Interrogé depuis l’Élysée par la journaliste Margaret Brennan, le chef de l’État est revenu sur de nombreux sujets à commencer par la pandémie de Covid-19 et la vaccination, mais il s’est surtout lâché au moment d’évoquer la question raciale, et l’histoire de la France, sujet sur lequel l’a lancé la journaliste. “Monsieur le Président, la question raciale est un sujet très chaud dans le pays en ce moment. Vous avez dit : ‘Je suis sûr d’une chose, nous ne sommes pas les États-Unis d’Amérique. Nous avons une préférence pour l’égalité, que nous ne trouvons pas aux États-Unis […] Nous sommes attachés à la social-démocratie, à plus d’égalité.’ Qu’entendez-vous par là ?”
» La réponse d’Emmanuel Macron ne s’est pas fait attendre. Le chef de l’État a affirmé en premier lieu que les États-Unis avaient été confrontés à la ségrégation et qu’ils avaient pu finalement se “réorganiser dans les années 1960”, alors que cela n’a pas été le cas de la France. Emmanuel Macron a tenu à rappeler que les histoires des deux pays étaient “très différentes” parce qu’un pays comme la France était un État “colonial” et que, de par son passé, l’Hexagone appartient toujours à la catégorie “des pays coloniaux avec toujours de l’immigration, avec beaucoup de gens venant des anciennes colonies et, par exemple, du continent africain.”
» Raison pour laquelle, selon lui, le pays est confronté à “de nombreuses tensions lorsque des personnes sont victimes de discrimination…” Il met en avant alors les plateformes lancées pour lutter contre ces discriminations et lâche ensuite : “Nous devons déconstruire notre propre histoire.”
» Aller “aux racines du phénomène”, lancer de nouvelles politiques “pour nous débarraser du racisme” est donc essentiel pour Emmanuel Macron. C’est ce qu’il a martelé devant Margaret Brennan. Comme pour se justifier une dernière fois de ses propos, le président français a insisté sur la nécessité d’une “politique de reconnaissance » afin de « construire notre unité en étant plus efficace contre les inégalités, contre la discrimination”. Un “défi énorme” qui passe donc par la déconstruction de “notre propre histoire”. »
 

Mazette, “déconstruire notre propre histoire” ! Il ne suffit donc plus de baisser sa culotte ? Je me retourne sur mon passé et m’interroge : “Comment me déconstruirai-je donc ?” Pas de réponse. Je ne ferais donc pas une seconde la critique des “concepts” divers qui encombrent comme poiscailles en folie cette bouillabaisse transatlantique ; ô, dieux de l’Olympe, combien de sottises réussit-on à épancher et à épartir en si peu de mots ! On laisse cela (“la critique des ‘concepts’”) à l’inconnaissance, qui, gobant les débris du désordre en une seule déglutition, vous transforme tout ce mâchage en un compost-bio sans aucun rapport avec l’objet du délit.

Cela bien compris, il apparaît que nous avons là un personnage absolument wokenisé, ce qui répond à une tendance générale dans les ZéliteSystème du bloc-BAO (par contraste de plus en plus frappant avec les directions hors-BAO, notamment Chine et Russie certes). Le wokenisme (indigénisme, décolonialisme en France), – « soit une forme de conformisme relevant du politiquement correct, soit une forme de bêtise consistant à nier les évidences » (Taguieff). Il s’agit bel et bien de l’image symbolique et charmeuse de l’Idéologie Suprême au-delà de laquelle il n’est rien que néant pour les visages pâles ; et notre personnage l’a bien compris, qui se réfère d’instinct, sans nécessité de consigne, aux mots d’ordre de la grande tradition établie dans la Grande République, comme le scorpion pique mortellement sa proie, par la ‘French Philosophy’.

Car ce n’est certes pas au globalisme que je pense, mais à son contraire exactement. Le wokenisme n’est pas le globalisme, c’est la déconstruction (ou déconstructuration) ; et la déconstructuration est l’ennemie secrète et inviolable du globalisme, comme l’autodestruction est l’avatar suicidaire de la surpuissance. Le wokenisme avec son fantastique effet déconstructeur, c’est au fond la traduction opérationnelle de la surpuissance du globalisme poussé jusqu’au point où elle devient autodestruction. Cela esquissé, point n’est besoin de comprendre de quoi il s’agit ; il suffit de suivre le troupeau jusqu’à l’abîme, et notre homme s’est découvert : il suit...

Le personnage interrogé par CBS ne cache pas son jeu parce qu’il est fasciné par la puissante Amérique qui lui délègue un des fleurons friqués de sa machinerie à simulacre ; et il emprunte aussitôt la voie sulfureuse de la folie qui est en train de désintégrer l’Amérique, et le globalisme par conséquent parce que ce globalisme ne peut (ne pouvait) naître que du ventre désormais infécond de ce monstre immonde.

...Il ne voit rien du piège que lui tendaient les dieux. Il ne comprend même pas qu’il entre ainsi dans les querelles suprêmes du néantissement de toutes ces ZélitesZombie ; lesquelles se simulacrent en haut de la montagne qui est le toit du monde alors que le toit du monde s’est renversé à l’inverse exactement ; et ainsi précipitées dans l’abîme, sur la face cachée de l’Everest de leur simulacre.

Drôle de monde renversé : nous avons assisté à un subreptice suicide politique sous les auspices de la bombastique chaîne CBS, tendance News. Talleyrand observe, le regard méprisant, depuis le Paradis où il a réussi à négocier une place de choix, ce que devient la patrie de Talleyrand devenue “patrie des droits de l’homme”. Il chuchote en secret qu’il espère ardemment qu’on l’ôtera de l’histoire déconstruite de cette patrie-là, lui qui est un personnage si peu recommandable.

Les dieux ricanent : leur piège a fonctionné.


... C’est bien : j’ai réussi, hors le titre qui est hors-concours et l’extrait qui est hors-les-murs, à ne pas citer une fois le nom du gamin. Ce n’est ni signe de mépris, ni marque d’indifférence ; tout juste souci de transparence déconstruite. (Avez-vous déjà essayé de déconstruire la transparence ? Essayez encore une fois, et vous aurez un aller simple et masqué pour l’élection de Mai-22.)