Ashton en mission pour Hillary

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Lady Cathy Ashton, chef de la diplomatie de l’UE, s’est retrouvée à la fin de la semaine dernière au Moyen-Orient, et précisément en Israël, pour une tournée diplomatique inattendue qui a bouleversé son agenda. (Voir par exemple ce qu’en dit Novosti, d’une façon assez anodine, le 2 octobre 2010.) Le fait est que la secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’y est pas pour rien, ce qui permet de détailler quelques circonstances assez distrayantes.

@PAYANT En effet, il est apparu ces dernières semaines que des contacts chaleureux et suivis ont été établis entre la Secrétaire d’Etat et la “ministre des affaires étrangères” de l’UE, à l’initiative essentiellement de la première. On se téléphone, on papote, etc. Il est probable qu’après plusieurs mois d’étude, les services du département d’Etat ont réussi à déterminer que Lady Ashton était effectivement dans une position où elle était chargée de la conduite de la politique extérieure de l’UE et, qu’à ce titre, elle occupait une place particulièrement intéressante pour les USA. «Tout le monde est au courant de cette offensive de charme d’Hillary Clinton, dit une de nos sources européennes, et cela amène pas mal de sourires, parce qu’on a l’impression que le département d’Etat, ayant découvert l’existence de cette fonction de “ministre européen” et entrepris la conquête de la récipiendaire, se fait beaucoup d’illusions sur ses pouvoirs.»

Le voyage de Lady Ashton au Moyen-Orient a été décidé brusquement par la même Lady Ashton, avec bouleversement de son agenda à la clef. Il semblerait que Clinton voudrait voir Ashton jouer un rôle d’auxiliaire de la politique US, notamment en ce moment crucial, dans tous les cas pour l’administration Obama, des négociations entre Israël et les Palestiniens, et peut-être même “moment crucial” pour le statut d'Hillary elle-même. La même Hillary a aujourd’hui la cote dans les milieux néo-conservateurs pour avoir proclamé avec fougue et emphase, début septembre, dans un discours devant le Council of Foreign Relations (CFR), «a new American Moment» ; l’excellent Andrew J. Bacevich définit ainsi la chose, le 13 septembre 2010 dans The New Republic, et sans qu’il soit nécessaire d’en ajouter plus à ce propos: «It came. It went. It vanished without a trace. […] The duration of the new American Moment did not extend beyond the peroration of her eminently forgettable speech.»

Lady Ashton est donc partie en mission au Moyen-Orient sous le parrainage et selon les suggestions de la secrétaire d’Etat, alors qu’elle se contentait jusqu’ici de “missions” remarquables par leur absence totale d’intérêt. De cela aussi, les neocons doivent être satisfaits. Cela n’empêche tout de même pas de se poser la question : cela a-t-il vraiment quelque importance ?

La réponse de notre source est “non, bien entendu”… «Il est maintenant bien établi qu’avec Lady Ashton, la diplomatie européenne est une non-diplomatie. Les Britanniques, qui la tiennent, y veillent parce qu’ils tirent à vue sur tout ce qui ressemble à une politique européenne commune, et les autres grands pays ne font pas grand’chose pour s’opposer à cela parce qu’ils ont leurs propres intérêts…» Ce schéma vaudrait encore plus pour le Moyen-Orient, pour lequel tous les grands pays ont effectivement leur propre diplomatie et n’entendent rien en céder à l’Union européenne. Seuls quelques petits pays de l’UE, qui voudraient une politique étrangère commune sérieuse, dans laquelle devrait figurer le Moyen-Orient qui a été défini comme une zone d’action commune, se désoleront de cet état de fait et, aussi, de ce voyage, qui, dans ces conditions, ne conduira qu’à discréditer un peu plus la position et l’influence de Lady Ashton.

Il est assez probable que les USA et Hillary ne sont pas encore avisés de cet aspect des choses. Sans doute enquêteront-ils à ce propos, dans les mois qui viennent.


Misn en ligne le 4 octobre 2010 à 06H06