Assange à Guantanamo !

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Cela ne pouvait manquer… L’affaire Wikileaks, devenue affaire Wikileaks-Assange, a débouché dans le paysage washingtonien (en pleine campagne électorale) sous la forme de l’hystérie désormais habituelle et convenue. Assange est désormais reconnu comme l’équivalent d’un taliban, – nous n’en sommes pas encore à Hitler, mais plus très loin, – et doit être traité comme tel. C’est-à-dire ? Envoyé à Guantanamo, vite fait, dans le paradis du système pénitenciaire US et un des fleurons de la grande démocratie américaniste. C’est bien entendu la droite conservatrice, le parti républicain, les neocons, qui s’en donnent à cœur joie, et accusent Obama de faiblesse, d’inefficacité, etc.

Ainsi nous en informe The Independent du 27 octobre 2010.

«Frustration with the failure of President Barack Obama to combat WikiLeaks has grown since the release of almost 400,000 secret documents that exposed the extent of abuse of prisoners in Iraq by US and Iraqi personnel.

»One Fox commentator went so far as to call for the WikiLeaks figurehead to be treated as a prisoner of war. Christian Whiton,a former State Department official, demanded that America seize Mr Assange and deal with him and other WikiLeaks staff as "enemy combatants". Calling for "non-judicial action" against them, he implied that they should be in Guantanamo Bay with Taliban inmates.

»Nor was Whiton alone in his stance. "The government also should be waging war on the WikiLeaks web presence," an editorial in the conservative Washington Times railed this week. Other infuriated conservative commentators made similar demands on websites of such august institutions as the neoconservative thinktank the American Enterprise Institute (AEI). […]

»But it is the inability of America to silence WikiLeaks that is stirring the greatest passion among conservatives. On the AEI website, Marc Thiessen, a former spokesman for the late Senator Jesse Helms, noted a Twitter post from Admiral Mike Mullen, the chairman of the Joint Chiefs of Staff, saying that the leaks put lives at risk. “Mullen is right – the release of these documents was irresponsible and dangerous. But, with all respect to the chairman, a Twitter posting is not exactly the cyber response that these WikiLeaks disclosures warrant,” he wrote.»

Notre commentaire

@PAYANT Effectivement, la période électorale était la bonne pour cette fuite massive de Wikileaks, pour enflammer les esprits, pousser l’hystérie un cran plus haut. Il n’y a plus de mot, plus de raison disponible, plus de mesure possible, pour apprécier d’une façon acceptable ces réactions totalement dominées par l’hystérie. C’est aujourd’hui la marche de croisière de la psychologie américaniste, la droite dure interventionniste et neocon jouant son rôle habituel de pyromane, à la fois par réflexe pavlovien, par gestion habituelle de ses intérêts sonnants et trébuchants et parce qu’elle est réellement, – comme le reste mais un peu plus que le reste, – en état permanent de phase maniaque d’une maniaco-dépression profonde qui caractérise la psychologie américaniste aujourd’hui. Nous n’avons maintenant plus qu’à attendre les experts pompeux et grassement rémunérés qui vont rédiger des rapports très circonstanciés nous expliquant dans un style aérien qu’il faut effectivement désormais considérer Assange et Wikileaks comme des terroristes ne méritant pas mieux qu’al Qaïda (ou les talibans, ou les socialistes type-Obama, ou les escouades du KGB, ou les peaux-rouges dissidents, ou les petits hommes verts, – qu’importe). Montée aux extrêmes désormais classique.

Il n’est pas assuré que la chose soit bénéfique pour “l’empire”, ou ce qu’il en reste. La tentative en cours des artistes du système de la communication US, on l’a vu (notre F&C du 26 octobre 2010), c’est de tenter de faire passer Assange pour un déséquilibré mental, un personnage instable et irresponsable. En corollaire, il y a l’affirmation que les fuites ne sont pas très dommageables et n’apportent aucun élément véritablement nouveau (le porte-parole du Pentagone «…played down the historical significance of the latest leak, characterizing the reports as “mundane” and saying that much of the material had been well chronicled in past accounts of the war»). A cet égard, le Pentagone nage en plein virtualisme, mais il lui faut maintenant tenter de maintenir cette ligne de conduite selon le fin raisonnement qu’en minimisant l’importance des fuites on montre qu’effectivement Assange n’est pas un homme très sérieux. L’offensive des faucons hystériques introduit un élément complètement discordant par rapport à cette narrative. Assange est-il un déséquilibré sans grandes capacités ou bien est-il un “ennemi” aussi dangereux que ben Laden ? Il faut choisir… Ou bien, l’on ne choisit pas et on laisse aller les deux versions virtualistes ? Mais, dans ce cas, on ouvre la porte à une querelle intérieure de plus, à Washington même bien entendu. Si Obama n’obtempère pas et ne fait pas d’Assange l’“ennemi public et international n°1bis” des USA (à côté de ben Laden), la droite hystérique et belliciste va lancer une attaque féroce contre le président, dont elle confirmera qu’il est une poule mouillée, voire un traître vendu aux ennemis de la Grande République. Assange va devenir un nouveau sujet de discorde intérieure.

Par ailleurs, on peut se demander si une mobilisation contre Assange et Wikileaks, telle que la recommandent les faucons hystériques, pourrait s’avérer plus efficace que ce qui est déjà fait contre lui, qui est déjà considérable mais a encore l’avantage de se faire à couvert, sans trop impliquer les autorités US dans d’éventuelles polémiques et complications sans nombre. Les recommandations de Christian Whiton, un ancien du département d’Etat (sur Fox.News, le 25 octobre 2010), de sanctionner toutes les organisations financières où Wikileaks a des avoirs, et de lancer “des attaques électroniques” contre toutes les sociétés de télécommunications travaillant avec Wikileaks, ouvrent de vastes perspectives de désordre et de contestation diverses. Certes, Whiton n’est pas une autorité susceptible d’ordonner de telles mesures, mais il ne fait aucun doute qu’il exprime là des suggestions qui sont déjà à l’agenda de divers groupes de pression et certainement dans l’esprit de nombreux faucons hystériques. On ne cessera plus de les recommander par tous les moyens disponibles du système de la communication.

Assange et Wikileaks devraient normalement prendre place dans la galerie des obsessions du système de l’américanisme, aux côtés de ben Laden, des talibans, de l’Iran, de Chavez, de la Chine, de la Russie-à-la-Poutine et ainsi de suite. Cela signifie encore plus de désordre, de confusion et d’hystérie généralisée.


Mis en ligne le 27 octobre 2010 à 10H39

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