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364Il y a plus de six ans que la “guerre contre la terreur” a commencé. Nous en sommes encore, ou à peine, à observer que la stratégie suivie par l’Occident américaniste ne pourrait être plus complètement faussée et contre-productive qu'elle n'est. L’AFP (sur RAW Story le 2 février) a recueilli plusieurs avis de spécialistes sur cette question. Il s’agit en général d’observations évidentes, ou de bon sens, que l’on peut faire depuis plusieurs années. Il s’agit de constater que le terrorisme ne peut se combattre sur le terrain de la guerre conventionnelle; qu’à force de démoniser l’adversaire (Al Qaïda), on le nimbe d’une force qu’il n’avait pas au départ; qu’à force de frapper d’une façon aveugle, on parvient à pousser dans les bras de cette organisation des gens qui lui étaient indifférents et hostiles, et ainsi de suite.
L’AFP cite trois chercheurs sur cesquestions.
• Bruce Hoffman, professeur à Georgetown University à Washington DC, insiste sur la méconnaissance des USA de leurs adversaires: «The attention of the US military and intelligence community is directed almost uniformly towards hunting down militant leaders or protecting US forces, (and) not towards understanding the enemy we now face.
»This is a monumental failing not only because decapitation strategies have rarely worked in countering mass-mobilisation terrorist or insurgent campaigns, but also because Al-Qaeda's ability to continue this struggle is based absolutely on its capacity to attract new recruits and replenish its resources.
»Without knowing our enemy, we cannot fulfill the most basic requirements of an effective counter-terrorist strategy: pre-empting and preventing terrorist operations and deterring their attacks.»
• Le Français Jean-Pierre Filiu, auteur de Frontieres du Jihad, insiste sur les effets nocifs des habitudes bureaucratiques, qui réclament d’abord des statistiques et des résultats comptables de l’action contre le terrorisme. Ces résultats, exposés et promus par la publicité inérente aux système, produisent des effets pervers et encouragent le recrutement et l’extension de l’adversaire. «[Using] body-counts as a criterion to measure effectiveness is a bit like Guantanamo: you produce a tally, you mix up Al-Qaeda members or just hired hands with people who have only the vaguest of connections, people who have none at all and finally even pure civilians. When you reach that point, air-strikes and the elimination of ‘wanted’ individuals not only prove fruitless, but actually become counter-productive.
»These actions only intensify [Al-Qaeda] recruitment, instead of weakening the organisation. The problem is this innate tendency within all administrations or bodies to stack up figures, pull out statistics, use them to show how they are winning, how they are liquidating their enemies, etc.»
• Fawaz Gerges, Américain d’origine libanaise, spécialiste des relations internationales au collège Sarah Lawrence de New York, enfonce une autre porte ouverte en annonçant que la guerre contre le terrorisme ne peut se livrer sur le champ de bataille. Choisir cette voie ne conduit qu’à exacerber et à élargir les tensions et à reforcer la cause de ceux qu’on prétend détruire. «You cannot win this war on the battlefield, because there is none. You're facing an unconventional war. The more you rely on military might, the more you lose the war of ideas against Al-Qaeda and the militants. In Iraq, we fell into their trap, we gave them more ideological ammunition.
»So many Muslims all over the world are now convinced, and this feeling is so entrenched, that the war in Iraq is not against Al-Qaeda, but against Islam»
Le même Gerges nous dit qu’il perçoit des signes d’incertitude dans le gouvernement et la bureaucratie washingtoniennes, qu’il se pourrait après tout qu’ils se soient aperçus de quelque chose et qu’ils songent à modifier leur action. Sans doute le feront-ils en fabriquant de nouveaux chars et de nouveaux avions de combat et en ajoutant une guerre de plus pour alimenter le recrutement d’Al Qaïda. La vraie guerre se fait en vérité autour de l’enfermement de l’esprit américaniste et de la paralysie de sa psychologie, et on ne voit pas comment les USA pourraient espérer la gagner.
Mis en ligne le 4 février 2008 à 10H28
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