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7 mars 2003 — L’histoire sur les chapeaux de roue, ces derniers jours. Cette fois, c’est la Corée du Sud, après l’Allemagne, qui est concernée : Donald Rumsfeld vient d’y déclarer qu’ il serait temps de réaménager le déploiement des forces US, — ce qui signifie, retirer les forces des premières lignes de contact avec la Corée du Nord, où elles se trouvent maintenant, ou bien, de façon beaucoup plus radicale, retirer ces forces de Corée du Sud.
« During a town hall-style meeting with Defense Department employees at the Pentagon, Rumsfeld said that to some extent the location of U.S. forces in South Korea and in Europe is a leftover from the Cold War.
» “We still have a lot of forces in Korea arranged very far forward where it's intrusive in their lives and where they really aren't very flexible or usable for other things,” Rumsfeld said.
» Rumsfeld said South Korea possesses an economy probably 25 to 35 times greater than North Korea's, adding that the South Koreans have “all the capability in the world of providing the kind of up-front deterrent that's needed.”
» “And I suspect that what we'll do is we'll end up making some adjustments there,” Rumsfeld said. “Whether the forces would come home or whether they'd move farther south on the peninsula or whether they'd move to some neighboring area are the kinds of things that are being sorted out. The same thing's true with our forces in Western Europe.” »
D’une façon générale, les mêmes arguments et le même scénario sont présentés, pour justifier le retrait, que ceux qui sont avancés pour le retrait d’Europe. L’affaire est présentée, très classiquement, comme un réaménagement technique qui ne met pas en cause l’engagement politique américain. (« [Rumsfeld] said the Pentagon is “almost through the process of looking at our force structure” around the world. He added that whatever changes would not change that “we are engaged in the world (and) we care about assisting our friends and allies.” »)
Cette présentation ne trompera personne, — ou bien, elle sera perçue comme ne trompant personne, et cela revient au même. Le paradoxe est qu’elle est peut-être vraie dans l’esprit des planificateurs du Pentagone mais qu’elle sera appréciée comme une décision politique de retrait. D’ores et déjà, des suggestions de retrait ont déjà été développées, venant des néo-conservateurs dont la position est si puissante à Washington, si bien qu’on peut très justement faire l’hypothèse qu’à l’heure d’une affirmation hégémonique très virtualiste de la part des USA, on assiste en réalité à un repli isolationniste. Il est pratiquement acquis que l’option du maintien du contingent US avec un déploiement plus au Sud n’a aucune chance d’être retenue : ce que veut le Pentagone, c’est supprimer toutes les causes possibles d’un engagement militaire involontaire et réduire la vulnérabilité des forces US. Pour cela, le retrait de Corée du Sud pour la plus grande partie des 37.000 hommes qui s’y trouvent se fera.
Le plus remarquable aujourd’hui est la rapidité avec laquelle des orientations très déstabilisatrices pour le statut de la puissance américaine sont très vite intégrées dans la planification et dans la politique générale US. Cela fait évidemment partie du mouvement de liquidation du legs impérial américain, par l’équipe GW, au nom, directement et indirectement, de la guerre irakienne. Celle-ci, il faut le garder à l’esprit, représente un cas complètement inédit dans l’histoire : le volume de dégâts causés par cette guerre avant qu’elle ait lieu, spécifiquement à celui dont on sait qu’il va la gagner sans coup férir avant qu’elle ne soit terminée, voilà aussi un événement stupéfiant et sans précédent.
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