Aux USA où tout est possible, un état d’esprit de plus en plus crépusculaire

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Aux USA où tout est possible, un état d’esprit de plus en plus crépusculaire


27 mai 2004 — L’Amérique s’enfonce de plus en plus dans une crise psychologique d’une dimension colossale, aux implications qu’on ne peut prétendre une seconde mesurer par les seuls arguments et prévisions de la raison. On acceptera comme un signe de cette évolution cet extraordinaire billet hebdomadaire du commentateur de CBS/“60 Minutes” Andy Rooney, dit le 23 mai 2004 sur les ondes de CBS.

Nous le reproduisons dans son intégralité.


« Our Darkest Days Are Here

» If you were going to make a list of the great times in American history, you'd start with the day in 1492, when Columbus got here. The Revolution when we won our independence would be on the list. Beating Hitler. Putting Americans on the moon. We've had a lot of great days.

» Our darkest days up until now have been things like presidential assassinations, the stock market crash in 1929, Pearl Harbor, and 9-11, of course.

» The day the world learned that American soldiers had tortured Iraqi prisoners belongs high on the list of worst things that ever happened to our country. It's a black mark that will be in the history books in a hundred languages for as long as there are history books. I hate to think of it.

» The image of one bad young woman with a naked man on a leash did more to damage America's reputation than all the good things we've done over the years ever helped our reputation.

» What were the secrets they were trying to get from captured Iraqis? What important information did that poor devil on the leash have that he wouldn't have given to anyone in exchange for a crust of bread or a sip of water?

» Where were your officers? If someone told you to do it, tell us who told you. If your officers were told – we should know who told them.

» One general said our guards were “untrained.” Well, untrained at what? Being human beings? Did the man who chopped off Nicholas Berg's head do it because he was untrained?

» The guards who tortured prisoners are faced with a year in prison. Well, great. A year for destroying our reputation as decent people.

» I don't want them in prison, anyway. We shouldn't have to feed them. Take away their right to call themselves American — that's what I’d do. You aren't one of us. Get out. We don't want you. Find yourself another country or a desert island somewhere. If the order came from someone higher up, take him with you.

» In the history of the world, several great civilizations that seemed immortal have deteriorated and died. I don't want to seem dramatic tonight, but I've lived a long while, and for the first time in my life, I have this faint, faraway fear that it could happen to us here in America as it happened to the Greek and Roman civilizations.

» Too many Americans don't understand what we have here, or how to keep it. I worry for my grandchildren, my great-grandchildren. I want them to have what I've had, and I sense it slipping away.

» Have a nice day. »


[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]



Une atmosphère crépusculaire qui frappe les psychologies et les précipite dans une crise grave

Cette appréciation crépusculaire concernant le sort de l’Amérique se retrouve de plus en plus souvent à l’étranger, comme par exemple dans ce commentaire du site indien “New Today”, écrit par V. Muthukumaran, avec ce titre qui en résume l’esprit : « US on path of self-destruction ». L’affaire des tortures et sévices dans les prisons américaines a causé des dégâts d’une ampleur considérable, que nous commençons à peine à mesurer, au niveau essentiel de la perception même que nous avons des États-Unis, et de l’influence et du “leadership moral” de ce pays par conséquent. Chaque jour apporte un coup de plus contre les États-Unis, comme, aujourd’hui, ce rapport d’Amnesty International qui condamne les USA pour violations graves des droits de l’homme et fait de la “guerre contre la terreur” le conflit le plus dévastateur depuis 50 ans.

Cette perception, qui concerne essentiellement la psychologie, constitue un grave problème pour l’Amérique. Ce pays à la puissance matérielle considérable, a toujours montré une psychologie fragile, qui tient essentiellement à son manque de profondeur historique. Du reste, les grands drames américains le sont dans la mesure où la psychologie est frappée, comme dans l’attaque du 11 septembre 2001, ou comme dans l’effondrement de la Bourse de 1929.

De façon dramatique, les alertes constantes, qui prennent aujourd’hui un tour dramatique, contre des possibles attaques terroristes, contribuent à aggraver encore cette tension psychologique. L’absence désespérante d’un “homme providentiel”, entre deux candidats dont aucun ne provoque quoi que ce soit qui ressemble à l’enthousiasme, interdit toute échappée vers une perspective plus optimiste.

Les experts, politologues, etc, devraient tenir compte de ce facteur psychologique pour envisager les prochains mois jusqu’aux présidentielles, aux USA. Les conditions sont totalement inédites dans l’histoire de ce pays. Leur gravité, et surtout cette sorte de gravité liée à la fragilité psychologique, est également sans précédent. On conclut de cela que tout est possible désormais aux USA, y compris les événements les plus extraordinaires.