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7 janvier 2003 — Cet article de Norton-Taylor, du Guardian, que nous avons signalé hier, est certainement prémonitoire. Le même Guardian se montre particulièrement incisif à propos du grave incident entre Israël et le Royaume-Uni, suite à la décision de Sharon de bloquer le départ des délégués palestiniens à la conférence de paix organisée par Blair à Londres, à la fin du mois. Le journal parle de « furious row » entre Israéliens et Britanniques, à propos de cette affaire (« Britain and Israel in furious row as Blair peace talks are scuppered »).
« The British and Israeli governments were engaged in a full-scale row yesterday after Ariel Sharon banned Palestinians from attending a peace conference in London next week. The conference, a pet project of Tony Blair, is now almost certain to be postponed.
» Mr Sharon, the Israeli prime minister, who controls the movement of all Palestinians in and out of the West Bank and Gaza, imposed the travel ban as part of punishment measures after suicide bombings killed 22 in Tel Aviv on Sunday.
» The foreign secretary, Jack Straw, had fiery exchanges with his Israeli counterpart, Binyamin Netanyahu, yesterday morning. Mr Netanyahu further inflamed the situation by publishing extracts of the private conversation between the two men, an unusual breach of diplomatic etiquette.
» The row marks a distinct cooling in British-Israeli relations. Until now, Israel has viewed Mr Blair as being one of their few dependable supporters in Europe.
(...)
» Mr Straw, angry that Israel had not informed him of the decision, which he had only heard about on the radio news, called Mr Netanyahu to express his regret at the ban. He asked Mr Netanyahu to reconsider but there is little expectation that Israel will back down.
» Mr Netanyahu, according to the Israeli transcript, told Mr Straw that the bombings ruled out ''business as usual'' and he urged Britain to adopt the position of the US president, George Bush, ''that leaders compromised by terror cannot be partners for peace''. He added: ''You in Britain are doing the exact opposite.''
» Mr Straw countered, according to the transcript: ''No, it is Israel that is doing the opposite. Instead of concentrating on dealing with terrorism, it is striking at [Palestinian] delegates.'' »
Si l'on veut, cet incident et le torpillage probable de la conférence de la paix de Londres qui devrait être ainsi accompli sont une sorte d'avant-goût de ce qui attend la diplomatie britannique, entre autres certes, avec le conflit irakien. Selon des sources diplomatiques européennes, il ne fait aucun doute que « Sharon attendait depuis que ce projet de conférence a été lancé par Blair, une occasion pour prendre la mesure qu'il a prise. Le programme de Sharon est clair: tout faire pour torpiller toute possibilité d'arrangement avec les Palestinien,s pour lier inextricablement ce conflit israélo-palestinien avec la guerre contre l'Irak, et donc avoir un soutien à 100% des Américains ».
Pour refléter l'état d'esprit israélien à cet égard, on mentionnera cette remarque, où le langage diplomatique d'un porte-parole laissant imaginer ce que doit être le sentiment réel de l'équipe Sharon : « Jonathon Peled, an Israeli foreign ministry spokesman, said: ''Tony Blair's initiative is something we accepted half-heartedly. We were not invited to it and we had our reservations.'' »
D'autre part, d'un point de vue plus conjoncturel Sharon n'a pas le choix. Il est engagé dans une campagne électorale très difficile, il perd beaucoup de terrain dans les sondages à cause de vilaines affaires de corruption. Une seule tactique pour lui : jouer à fond la carte de la sécurité, de la répression, du durcissement, etc.
Un autre aspect préoccupant pour les Britanniques, et qui va de soi, est que Sharon a quasi-certainement agi avec le soutien concerté, à 100%, de ses amis américains, les neo-conservatives (Perle, Wolfowitz) qui constituent l'aile marchante radicale de l'administration GW. Cela signifie une attitude au moins réservée de Washington, en face d'éventuelles demandes britanniques pour faire pression sur Sharon. Là aussi, Blair est isolé, avec son projet de conférence sans doute irrémédiablement compromis, sur lequel il comptait pour renforcer l'image d'une diplomatie moins partisane et anti-arabe que la réputation lui en est faite aujourd'hui.
Cette tension entre Israël et le Royaume-Uni vient effectivement comme une confirmation des avertissements sans nombre que le personnel diplomatique britannique adresse actuellement au Premier ministre, selon Norton-Taylor dans l'article mentionné plus haut. La querelle avec Israël doit en être placée impérativement dans le cadre de la déstabilisation que les analystes du personnel diplomatique du Foreign Office craignent de voir éclater à l'occasion de la guerre contre l'Irak.
Pour rappel, les indications principales données par Richard Norton-Taylor dans son article, — lequel représente effectivement un texte important pour faire mesurer les tensions internes actuelles du gouvernement du Royaume-Uni.
« Telegrams from British embassies and missions around the world are urging Tony Blair to step up pressure on President Bush to pull back from a war against Iraq. In what amounts to a collective cri de coeur, our envoys — congregating in Whitehall today for an unprecedented Foreign Office brainstorming session — are warning of the potentially devastating consequences of such an adventure, including its impact on a greater threat than Saddam Hussein: al-Qaida-inspired terrorism. The warnings are not just coming from our envoys and defence attaches in Arab capitals. They are also, I am told, coming from Washington. This, our diplomats suggest, could be one of Blair's — and Britain's — finest hours, a unique opportunity to make a constructive contribution to world affairs. They also know, not least from American opinion polls, that the Bush administration needs Britain onside. Our contribution would be a token one in military terms, but significant politically. That gives Britain leverage. »