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650Dans la quiétude du mois d’août à Washington, la nouvelle des sondages reflétant le sentiment de l'opinion publique de la Grande République sur la guerre en Afghanistan constitue l’amorce d’une crise. Ce 7 août 2009, Antiwar.com se fait l’écho des résultats statistiques qui montrent un basculement de l’opinion publique.
• Un sondage CNN/Opinion Research Corp. donne 54% de réponses hostiles à la guerre en Afghanistan, contre 41% favorables.
• A la fin du mois dernier, un sondage AP/GfK montrait un résultat en évolution vers cette situation, avec 50% de réponses défavorables, contre 44% de réponses favorables.
• Pour suivre CNN, le contraste est particulièrement saisissant avec un précédent sondage, en mai, donnant 48% de jugements opposés à la guerre et 50% favorables.
• Un autre point remarquable conduit à observer combien Obama se place en complet contrepied avec sa base électorale et populaire naturelle. Les résultats sont très proches de la ligne de partage des partis, contre l’appartenance d’Obama: les opinions favorables à “sa” guerre sont essentiellement républicaines (deux tiers des républicains favorables à la guerre), les opinions défavorables sont massivement démocrates (trois-quarts des démocrates opposés à la guerre). Pas de surprise sinon celle que des politiciens (démocrates) ont peut-être pensé que cette contradiction bien embarrassante ne surviendrait pas.
Jason Ditz, d’Antiwar.com, note justement la responsabilité politique d’Obama dans cette évolution, couplée avec l’intensification des combats et des pertes alliées. Il est probable que le président US ne goûtera pas l’ironie en question…: «While opposition to the Iraq War has been significant for years, it is only recently that opinion on the nearly eight-year long Afghan conflict is starting to shift. Ironically, it is perhaps President Obama’s desire to escalate the war that has made it significant enough to catch the attention of an increasing number of Americans, and sparked the growing war exhaustion the polls are now showing.»
Il nous paraît en effet évident que la grande agitation stratégique et conceptuelle de l’administration Obama, depuis février, autour de la guerre en Afghanistan, a effectivement éveillé l’attention du public, qui semblait ne plus se douter de rien. Les pertes alliées du mois de juillet, qui ont été l’objet de beaucoup d’agitation, ont fait le reste. Une fois de plus, on mesure la perversité bienvenue et fort attentive de l’instrument de la communication, sur lequel s’appuient aujourd'hui les pouvoirs politiques, essentiellement occidentaux, pour vendre leurs salades et justifier, éventuellement à leurs propres yeux également, les politiques ineptes et les guerres absurdes qu’ils conduisent. Le résultat est en général de mettre en lumière l’ineptie et l’absurdité, et de faire grandement douter de la fraîcheur de la salade, – avec conclusions prestement tirées par l’“opinion publique”, aussitôt consultée par sondages, cette autre technique de communication.
A ce point, on constate que l’administration Obama est en train de créer, de fabriquer quasiment de toutes pièces, pour un résultat évidemment catastrophique sur le terrain comme l’enseigne l’histoire mille fois répétée, une crise intérieure US de plus dans les pires conditions du monde, où le brillant président se retrouverait appuyé sur son opposition républicaine, qui le hait et ne lui laisse rien passer, et attaqué par sa base démocrate naturelle; pendant ce temps se poursuivrait la “guerre” là-bas, on imagine dans quelles conditions, à quel coût, etc. Nous voyons donc s’esquisser une perspective de plus, à la fois absurde et catastrophique. Il nous paraît très probable que l’un des aspects qui a pesé dans cette décision d’Obama de mettre l’accent sur la guerre en Afghanistan est le trait de son caractère le poussant à se concilier toutes les forces de l’establishment. Dans le cadre de cette interprétation, on pourrait voir l’intensification des combats comme le “prix” payé aux militaires pour obtenir leur acceptation du retrait d’Irak, – lequel, comme on le sait, est loin d’être fait.
Mis en ligne le 7 août 2009 à 10H05