Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
412La calamité qui frappe la Californie commence à dévoiler ses dessous. Une longue analyse d’Associated Press, publiée aujourd’hui, détaille les circonstances de la composante “air” de la lutte contre le feu. Il s’agit de l’inactivité de dizaines d’avions et d’hélicoptères anti-feu, au moins dans les premières vingt-quatre heures de lutte contre le feu, au moment crucial où une intervention décidée, essentiellement par moyens aériens alors que les éléments terrestres ne sont pas encore regroupés, peut juguler les départs d’incendie et contenir le sinistre. Cette circonstance est d’autant plus dommageable qu’il semble que cette intervention aurait pu avoir lieu avant que les vents très forts qui ont alimenté l’incendie ne se soient levés.
L’impression recueillie est celle d’un formidable imbroglio, où diverses autorités, celles des Gardes Nationales concernées, celles de la lutte contre l’incendie, celles de l’Etat de Californie et du gouvernement fédéral, se télescopent, se contredisent, se freinent et se chamaillent, consultent le règlement, signent des papiers. On découvre même des interventions spontanées de parlementaires de la Californie effarés de ne pas voir les moyens aériens mis en œuvre et prenant sur eux d’ordonner des interventions.
Quelques éléments de la dépêche AP. D’abord celui-ci, concernant les hélicoptères:
«The first of the 15 or so fires started around midnight Saturday. By Sunday afternoon, fires were raging in Los Angeles, San Diego and Orange counties.
»At the request of firefighters on the ground, at 4 p.m. Sunday the state Office of Emergency Services asked the National Guard to supply four helicopters. Under state rules, a California Department of Forestry and Fire Protection “spotter” must accompany each military and National Guard helicopter to coordinate water drops.
»The spotters have 24 hours to report for duty, and it took nearly all that time for them and the National Guard crews to assemble. By the time they were ready to go, the winds had made it unsafe to fly.
»The helicopters finally got off the ground Tuesday.
»Mike Padilla, aviation chief for the forestry department, acknowledged the Guard's helicopters were ready to fly before the spotters arrived. He said state officials were surprised.
»“Typically we're waiting for them to get crews,” Padilla said.
»In a conference call with reporters Thursday, state officials rejected the notion they were ill-prepared, noting that more than 20 helicopters and airplanes were stockpiled in Southern California ahead of the wildfires because of the danger of flames erupting.
»But high winds after the fires began meant “there was very little opportunity” to fly, said the forestry department's director, Ruben Grijalva.
»“This is not a resource shortage on those days, this is a weather-condition problem,” he said.
»That explanation doesn't jibe with what U.S. Rep. Brian Bilbray said state officials told him Tuesday night. Bilbray, who represents parts of San Diego, and other lawmakers were informed that 19 Navy and Marine helicopters were ready to fly, some as early as Sunday, but didn't take off because there were no state fire spotters to accompany the crews, said Bilbray's spokesman, Kurt Bardella.
»Alarmed, Bilbray quickly helped broker an agreement to waive the spotter requirement, allowing flights to begin Wednesday.
»“We told them, ‘You don't want the public to be asking why these units weren't flying while we had houses burning,’” Bilbray told the AP.»
Du côté de la flotte des C-130 anti-feu mise en place en Californie par le Pentagone, la situation n’est pas meilleure, ni l’imbroglio plus facile à dénouer. C’est une somptueuse saga d’irresponsabilité, de gaspillage, d’aveuglements divers et d’autant de mensonges, qui remonte beaucoup plus loin que l’incendie puisque les C-130 devraient être prêts depuis dix ans et qu’ils ne le sont pas.
«More than a decade ago, Congress ordered replacement of the aging removable tanks for the military planes because of safety concerns and worries that they wouldn't fit with new-model aircraft. California's firefighting C-130 unit is one of four the Pentagon has positioned across the country to respond to fire disasters.
»New tanks were designed, but they failed to fit into the latest C-130s. Designers were ordered back to the drawing board. Republican Rep. Elton Gallegly said Congress was assured the new tanks would be ready by 2003.
»Four years later, the U.S. Forest Service and Air Force have yet to approve the revised design. Air Force spokeswoman Capt. Paula Kurtz said “technical and design difficulties” have delayed the program.
»Rohrabacher and Gallegly are angered by the delay, which has left no C-130s capable of fighting fires on the West Coast. The last of the older-model C-130s with an original tank was retired by the California National Guard last year.
»“It's an absolute tragedy, an unacceptable tragedy,” Gallegly said.
»The situation meant that rather than deploying C-130s from inside the state, Schwarzenegger was forced to ask Secretary of Defense Robert Gates to call in the six remaining older C-130s from other states as far away as North Carolina.
»None of them began fighting the fires until Wednesday afternoon.»
Ces aventures rendent compte d’un état épouvantable des structures de contrôle et de maîtrise de la sécurité publique, à l’image du système intérieur américaniste, délabré et totalement inefficace; les comportements sont à mesure, avec l'irresponsabilité et les positions corporatistes. Il apparaît extraordinaire qu’aucune autorité centrale de lutte contre les incendies, contrôlant tous les moyens, n’ait été mise en place en Californie, avec une veille d’intervention immédiate d’unités aériennes, dans un Etat où les incendies de forêt sont réguliers. Cette situation est à comparer avec la situation en France, pays réputé comme rétrograde et paralysé par son absence de réforme, où les unités aériennes de lutte contre le feu (basées à Marignane, essentiellement sur hydravions Canadair) sont actives depuis le début des années 1960, avec cette veille permanente qui permet l’intervention souvent immédiate, qui interviennent dans toutes les zones françaises menacées (de la Corse à l’intérieur des terres en Haute-Provence), aussi bien qu’en soutien de pays méditerranéens comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce.
Les plaies du système US apparaissent clairement avec cette absence d’une autorité centrale publique, la multiplication des pouvoirs, la contradiction des autorités, les conflits entre bureaucraties aussi bien que les interférences entre les différents niveaux de pouvoir politique, leds gaspillages. Il semble que les grands feux de Californie soient en train de compléter l’état des lieux de la sécurité publique collective aux USA, après la première démonstration de Katrina. La crise du système de l’américanisme a une responsabilité au moins aussi lourde que la crise climatique.
Mis en ligne le 26 octobre 2007 à 17H47