Bacevich : une autre attaque contre le CMI

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Nous voudrions compléter un commentaire que nous mettons en ligne aujourd’hui en observant qu’une autre façon d’apprécier la question soulevée par Andrew J. Bacevich et examinée dans notre F&C de ce jour est que l’échec de l’armée professionnelle enchaînant sur la considération de restaurer l’armée de conscription constitue une autre attaque en cours contre le complexe militaro-industriel (CMI).

Cette interprétation est évidemment aussitôt compréhensible dans la mesure où l’armée de métier est conçue comme un outil pour réaliser les objectifs hégémoniques et militaristes qui entretiennent la puissance et la nécessité du CMI. Ce point de vue est d’autant plus intéressant que cette attaque suivrait celle que nous avons déjà mentionnée avec le cas BAE. Le processus actuel de développement du complexe est si corrompu, ainsi que l’état des principales nations envisagées dans ce processus (notamment USA et UK), qu’on peut considérer effectivement que de violentes attaques sont en cours contre le complexe militaro-industriel.

La question de l’échec de l’armée professionnelle est liée à celle de l’échec des technologies, qui est une autre attaque contre le CMI. (Voir Bacevich : «After the Cold War, Americans came to see war as something other than a human enterprise; the secret of military superiority ostensibly lay in the microchip. The truth is that the sinews of military power lie among the people, who legitimate war and sustain it.») Cet aspect de l’emploi de la technologie explique également l’échec de l’armée israélienne malgré qu’il s’agisse d’une armée de conscription (question mentionnée par un lecteur). Dans le cas israélien, les vertus de l’armée de conscription, si évidentes lorsque Tsahal triomphait, ont été annulées par une “professionnalisation” indirecte, par l’usage des technologies et l’emploi excessif de l’arme aérienne, laquelle est une armée professionnelle par nécessité (longueur et coût de la formation d’un pilote).

Comme on peut l’observer, ces attaques contre le CMI ne sont pas l’effet d’une prise de conscience de ses excès par d’autres parties (ce devrait être le rôle du monde politique mais c’est bien trop lui demander) mais la conséquence mécanique de ses excès. On pourrait alors observer, — et espérer, cela va sans dire, — que le complexe militaro-industriel est peut-être entré dans une phase destructrice, voire dans la phase destructrice de son cycle de développement.


Mis en ligne le 28 janvier 2007 à 13H24