BAE comme victime expiatoire de la bonne réputation du système anti-corruption occidental?

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Aujourd’hui, à Paris, se réunissent les signataires de la convention anti-corruption de l’OCDE. La rencontre est d’ordre général, sans cas particulier à examiner, — mais tout le monde a l’affaire BAE-Yamamah à l’esprit.

Reuters, par l’intermédiaire de Defense News, rapporte de cette façon les circonstances de cette rencontre avec le cas BAE en arrière-plan.

«Officials from signatory countries to the convention — which outlaws bribery of foreign public officials in international business transactions — meet behind closed doors on Thursday for a regular review of operations.

»The meeting provides an opportunity for them to quiz each other on what is working and what is not, the head of the convention’s supervisory committee Mark Pieth, said.

»Pieth said the meeting was not dedicated to any one case but would allow envoys to engage in frank exchanges. The OECD, in charge of ensuring adherence, voiced concerns about Britain in March and would send a team to the country for “on-site” discussions between now and March 2008, Pieth said. “We will continuously monitor,” he said, adding the main issue was whether there were systemic hurdles to investigations and prosecutions.

»Privately, other officials say the OECD wants to allow low-profile pressure to apply, after raising a red flag in March, much to London’s irritation.

»South Africa became the first African country to sign up to the OECD’s anti-bribery convention on Tuesday, vowing to do all it could to combat the “scourge” of corruption. “We take our obligations very seriously,” said South African public prosecutor Vusi Pikoli.»

Cette réunion a mis en évidence une situation qui commence à se dessiner, qui pourrait être extrêmement dangereuse pour BAE. On a quelques indications à ce propos avec les déclarations du président de Transparency international (d’obédience US), rapportées par Reuters :

«Transparency International, a non-governmental organization which lobbies against bribery, said in a statement last week London risked undermining the anti-corruption convention.

»“It is crucial for the future of the OECD anti-corruption convention that the facts concerning UK government contracts with the government of Saudi Arabia, and BAE Systems’ involvement, be publicly revealed,” said Cobus de Swardt, managing director of Transparency International.»

En effet, le cas BAE-Yamamah est devenu si central, si obsédant, si considérable, qu’il commence à ressembler à un test crucial de crédibilité pour l’OCDE et sa convention. Si rien n’est fait contre BAE, quel crédit aurait cette convention? Quelle considération médiatique pourrait-on lui accorder? Comment pourrait-on prendre au sérieux les efforts anti-corruption de l’OCDE, et croire à la réalité de l’engagement dans ce sens des pays signataire? Comment pourrait-on croire, enfin, à la vertu du monde occidentalisé? En d’autres termes, en plus d’être sans doute responsable et peut-être coupable, BAE risque de devenir le bouc-émissaire rêvé et la victime expiatoire nécessaire à la bonne réputation de l’OCDE, des pays signataires et du système lui-même, dans leur volonté commune et médiatiquement affichée d’éradiquer la corruption.

La bonne réputation de l’OCDE, des pays signataires et du système contre l’immunité pour BAE? Cette fois, les Britanniques pourraient ne pas faire le poids. Peut-être le professeur Pieth, le Maigret de l’OCDE en l’occurrence, sera-t-il autorisé, et même poussé à aller jusqu’au bout.


Mis en ligne le 21 juin 2007 à 12H14