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534Il semblait que la puissance même du groupe britannique BAE le mettrait à l’abri de querelles trop vives de la part de l’édifice juridique du système. Au contraire, le plus remarquable dans les suites du scandale Yamamah dont BAE est le principal accusé et la décision d’abandon de l’enquête du Serious Fraud Office (SFO) contre BAE, le 15 décembre 2006, c’est la constance et la pugnacité de l’attaque contre BAE. On croyait que cette affaire serait enterrée par cette décision de décembre 2006 dont l’iniquité semblait garantir l’efficacité. Il n’en est rien.
A côté de l’attaque de l’OCDE, il y a désormais un “front américain” contre BAE. Après le département de la justice, c’est le Congrès qui attaque BAE. L’Observer annonce aujourd’hui que le Congrès US veut auditionner les dirigeants de BAE. L’argument est l’annonce par BAE de son intention de racheter la firme US Armor Holdings. Le Congrès, qui supervise les transactions de l’industrie d’armement, a été pris dans cette affaire d’une poussée de vertu de scrutation qui fait par ailleurs bien l’affaire de ses préoccupations politiciennes.
«Staff from the foreign affairs committees of the US Senate and House of Representatives are expected to write to [BAE Systems], led by chief executive Mike Turner, before the end of the current Congressional session in two weeks to request meetings with executives.
»BAE, the sixth-largest contractor to the Pentagon, can expect a rough ride in Congress as it seeks to clear the £2bn purchase of Armor Holdings, the company that makes armour for the Humvee military vehicle, announced last week.
»Congressional aides told The Observer they were briefed on Tuesday by officials from the US State Department on investigations by the Serious Fraud Office into allegations of bribery relating to the £40bn al-Yamamah deal with Saudi Arabia, controversially halted in December, and continuing probes into deals with Tanzania, the Czech Republic, South Africa, Chile, Qatar and Romania.
(…)
»Aides were also told that BAE had previously failed to request prior authorisation from the Department of State for the sale of its subsidiary BAE Systems Avionics to Finmeccanica of Italy.
»Staff are now considering whether, if allegations of bribery were proved, they could be taken into account by officials examining the Armor Holdings deal. The key body is the committee on foreign investment in the United States (CFIUS).
(…)
»However, one aide told The Observer: “These ongoing investigations raise the obvious question of whether the Saudi case is an aberration. Is this an aberration or does it speak to a pattern of conduct which would be in fairly flagrant contravention with regard to obligations under the OECD's charter and British law?
»“It raises a further issue of the Armor transaction in the light of the Foreign Corrupt Practices Act and whether CFIUS would take into account whether there may have been a breach under US law.”»
BAE est décidément dans une mauvaise passe. Il tombe là dans le redoutable circuit maccarthyste du Congrès (les auditions accusatrices), à la fois pour son passé anglo-saoudien (Yamamah) et pour son présent américaniste (acquisition de Armor Holdings), dans un contexte où les exigences de vertu sont considérables. En général, tous les arrangements sont possibles avec le système, mais celui-ci a besoin régulièrement d’une victime sanctificatrice à se mettre sous la dent, d’un bouc-émissaire sur lequel faire peser son besoin d’apparence vertueuse. Celui-là, en général, déguste. BAE pourrait bien en être, qui a eu le tort de se faire prendre la main dans le sac puis d’afficher un peu trop dédaigneusement sa certitude de s’en sortir. En plus, BAE est britannique, ce qui fait bien l’affaire des parlementaires US.
L’important à observer ici est que, subrepticement, sont mises en parallèle jusqu’à une confusion possible l’attaque contre les pratiques jugées/soupçonnées d’être frauduleuses de BAE et sa situation aux USA. Le Congrès, — à majorité démocrate, donc empressé à faire valoir certaines attitudes vertueuses contre les pratiques du pouvoir républicain et de l’establishment militaro-industriel, — établit un lien précis entre la réputation de BAE et sa politique d’acquisition, son “américanisation”. BAE a bien compris cela puisque son porte-parole a souligné que la compagnie avait procédé à l’acquisition de 15 sociétés US depuis 2000 sans rencontrer le moindre problème. Il faut un début à tout.
Mis en ligne le 13 mai 2007 à 08H26