BAE et l’estomac européen

A signaler, nous qui n’avons pas l’habitude de signaler les réunions des experts chic, une de ces réunions, le 18 avril à Bruxelles, du “New Defense Agenda”, rassemblant régulièrement quelques-uns des susdits “experts chic”, des industriels, des fonctionnaires intéressés aux questions de défense, des publicistes, des amateurs éclairés et ainsi de suite. On y discutera ferme sur un thème : « Will UE get tough on opening up the national defense procurement? » Traduit en bon français, cela donne : “L’Union Européenne aura-t-elle (NDLR: enfin) l’estomac de baisser pavillon?” (Pour tout renseignement à cet égard, voir les indications de l’American Chamber EU, dans le texte que nous publions sur ce site, à propos des réformes à apporter à l'Europe des armements.)

On ne peut pas s’étonner que le sponsor de cette réunion soit BAE (la chose est mentionnée explicitement) puisque, pour l’occasion, et bien qu’elle soit complètement américanisée par ailleurs, BAE est britannique de nom et que cette nationalité donne une grande expérience pour ce qui est de l’exercice envisagé. Le paradoxe entre l’effort demandé (“avoir de l’estomac”, — mais un autre organe, allant par paire, aurait pu être sollicité) et le résultat recherché (“baisser pavillon” mais on aurait pu dire, pour faire moins chic et plus net: “baisser culotte”) fait partie de ces exercices sophistiqués auxquels les experts euro-transatlantiques sont accoutumés. Il s’agit de présenter d’une façon vertueuse et néanmoins virile (la virtus romaine), une tendance très majoritaire en Europe, illustrée par l’un des auteurs français les plus actuels, Étienne de La Boétie. (Notre grand ami ELB est principalement l’auteur du Discours de la servilité volontaire, lequel s’adresse directement et précisément, aujourd’hui, à nos élites bien plus qu’à nos peuples, — c'est leur “feuille de route”, si vous voulez.)

Mis en ligne le 6 avril 2005, à 05H00