Balade dans l’en-deçà de l’Horizon de la Crise

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Balade dans l’en-deçà de l’Horizon de la Crise

9 novembre 2020 – Nous continuons notre balade multiple et dans tous les sens, dans les mondes alternatifs qui caractérisent notre monde présent dans son “étrange époque”. L’“élection” extra-ordinaire de Biden, cela conçu d’un point de vue festif, avec danse publique du type Carnaval de Rio en beaucoup plus pataud et guindé ou bien rassemblement de l’être-ensemble de ‘jeunes’ dé-masqués puis re-masqués, a très largement contribué à creuser les voies complètement divergentes pour des mondes multiples qui se fichent complètement les uns des autres et moins encore de se connaître, comme autant de centres d’intérêt divergents, inconnus ; perdus dans l’immense univers sans début ni fin, s’ignorant sans s’être jamais croisés en aucune façon, méprisant bien imprudemment le “cosmos” qui est ce mot issu du grec ancien kósmos et signifiant “bon ordre, ordre de l' univers”.

En un mot multiple et non dénué de complications aimables, l’on dirait que nous vivons une époque non seulement productrice de simulacres de mondes alternatifs, mais également réductrice à un simulacre in-cosmique dont nul ne peut comprendre la situation ni même concevoir l’existence ; le susdit simulacre improbable tournant à grande vitesse comme une planète perdue dans le cosmos dont elle est la négation effrontée et stupide ; tournant également (image alternative) comme une machinerie de loto faisant s’entrechoquer des boules portant chiffres, comme autant de simulacres sans la moindre signification, avant d’accoucher du bon numéro ; tournant enfin (image finale, bon pour les petits esprits) comme un Codiv19 accélérant et aggravant la terreur, l’impuissance et la fureur autoritaire de nos directions-Système et de nos ZélitesZombie (ZZ).

Bien entendu, les thèses vont bon train, selon deux axes bien précisés et identifiés, que chacun reconnaît chez l’autre et que nul ne comprend. Pour autant et bien entendu, cela ne signifie en aucun cas que l’on parle le même langage, ni qu’on est de mondes similaires, ou dans tous les cas de monde avec vue de l’un sur l’autre et vice-versa. Les tromperies, simulacres, briganderies et haines diverses subsistent et établissent certainement des proximités inattendues et imprévues entre ces divers mondes alternatifs mais il s’agit de pures formules techniques. Par contre, on peut, – je peux continuer à espérer que la vérité-de-situation de ces réalités alternatives qui sont totalement ignorées les unes des autres, n’apparaît qu’à bon escient, à ceux qui s’en soucient vraiment et connaissent les efforts à faire et les intuitions à solliciter dans ce sens.

C’est ici qu’il faut placer en premier ce qui, en premier je l’espère, disparaîtra comme une bulle de savon qui se sera fait bien trop aussi grosse qu’un bœuf, et donc aura été expédiée ad patres. On parle des réactions du monde de la com’ peinturluré en information, et de ces populations folles qui s’imaginent en dépendre ; à Times Square à New York ; à Black Live Matter Square, devant la Maison-Blanche à Washington D.C. ; dans les rues de Paris où “l’on a fait la fête” samedi, dans cette gigantesque “Rave Party” du bloc-BAO hors-confinement pour festiver la démocratie retrouvée... Joe Biden élu ! La démocratie retrouvée ! Osera-t-on dire ce qu’il faut de bouffonnerie pour aboutir à rapprocher ces deux constats, en établissant un lieu de causalité entre les deux, et surtout un lien d’équivalence morale ? Et pourtant oui, « On peut le dire ! »

Tout de même ceci, hein : l’escadrille continue de vrombir dans le ciel et dans le siècle, et si l’on veut avoir une bonne idée de l’état de l’esprit, on me suivra lorsque je me permets d’emprunter un texte de monsieur Georges Michel, sur BoulevardVoltaire , qui a eu le courage de suivre l’une ou l’autre émission d’“information” sur les infos-continues, et qui a intitulé son intervention « Joe Biden : Youpi, c’est la fête !... »

« N’ayons pas peur des mots : depuis samedi soir, c’est la fête. Tout à la fois Pâques, 14 Juillet et Noël. Comme un package festif. Une sorte d’avant-goût de ce que sera la grande teuf mondiale, le jour où le virus sera vaincu. En attendant, c’est Trump, cette espèce de bête du Gévaudan qui mange les enfants et parle mal, qui a été terrassé. Il fallait que ça explose, que ça exulte, que ça… Enfin, vous voyez ce que je veux dire. Ça ne pouvait plus attendre. Il fallait annoncer la victoire de Biden. La nouvelle est arrivée en France comme une sorte de déconfinement à domicile. Une invitation à partager l’enthousiasme de cette scie de Nicole Bacharan, préposée inamovible à la défense du parti démocrate américain sur nos plateaux télé et radio, et de tant d’autres commentateurs.

» Et c’est là que le miracle s’est produit. Jusqu’alors, il s’agissait de battre Trump. Peu importait, finalement, l’homme qui portait cet espoir, que dis-je, cette espérance. On avait trouvé Joe Biden. Il ferait bien l’affaire. L’homme, d’apparence plutôt falote, jusqu’alors, semblait passer entre le mur et le papier peint de la Maison-Blanche qu’il avait fréquentée durant huit ans sous Obama. Eh là, subito, on a découvert toutes les vertus de ce charmant monsieur d’un certain âge, comme on dit aujourd’hui. Plus question de dire que s’il va au bout de son mandat, il aura alors 82 ans révolus. L’âge devient même un atout. Son premier mandat de sénateur remonte à 1972 (an 5 av. Macron). Presque quarante années de vie politique, c’est de l’expérience en barre. De la sagesse certifiée sur facture. Tout le contraire de l’autre dingo. En plus, il est catholique. Mais attention, un catholique ouvert : son premier message est à l’adresse des “communautés” diverses et variées. Pas le genre de la juge que Trump a nommée in extremis à la Cour suprême. C’est aussi l’art d’être grand-père qui entre à la Maison-Blanche. On n’avait pas connu ça depuis longtemps. Zappons pudiquement le fiston qui ne serait pas blanc-blanc dans ses affaires pour s’émouvoir de la petite-fille qui se jette dans les bras de son daddy : « Trop mignon », s’exclame, dès potron-minet, sur le plateau de BFM TV, la journaliste de service, si l’on peut dire ainsi. Trop mignon ! Tout un programme politique, finalement… »

Il est vrai que la foule danse aujourd’hui en l’honneur d’une vieille canaille pourrie, fourbue, corrompue et démente jusqu’à l’idiotie bafouillant de 77 ans de bons et loyaux du Système-Mordoch, produit puant d’une formidable manœuvre de fraude électorale (« Nous avons mis en place, je pense, l’organisation la plus extensive et la plus intégrée de fraude électorale dans l’histoire de la politique américaine... ») ; vieil homme fourbu de ses corruptions sans nom, ayant montré une stupidité constante dans le non-exercice de ses diverses fonctions... Tout cela, alors qu’elle, cette foule, dansait en d’autres temps si proches en l’honneur d’une gamine psychorigide, imprécatrice furieuse, encore classée dans les ‘moins-de-seize ans’ (réglementation-cinéma) du temps de sa gloire, la très-nordique Greta Thurnberg ; Greta a invité à voter Biden, et entretemps a trouvé une ‘anti-Greta’ en la personne de l’également-jeunette Naomi Seibt.

Bon prince sympa et très-républicain, nous dirions qu’il s’agit là du côté bouffe de la tragédie-bouffe qui, pour cette fois, n’est pas du tout confié à Trump ; mais nous savons bien que cette remarque est une pirouette qui ne résout rien de fondamental à ces étranges secousses spasmiques qui agitent le monde postmoderne sans en rien éclairer sinon cette tendance étrange à la spacticité.

Au contraire, Trump apparaît, lui, dans ces heures terribles, ces heures quasiment churchilliennes dans l’hypothèse évidente que Churchill aurait été parfaitement interprété aujourd’hui dans le rôle d’un Disc-Jockey (DJ) conduisant toutes ces agitations de rue ; au contraire, Trump apparaît, depuis l’élection, comme un modèle de discrétion, et peut-être bien du camp de ceux qui ont compris qu’il y a, à côté du bouffe, une tragédie en cours et qu’il devrait en être l’ordonnateur. En effet, pour ses partisans, la discrétion de Trump est celle de l’homme maître de soi qui s’apprête à frapper, à renverser la situation, à lancer un coup de théâtre de plus. On verra puisqu’impossible n’est pas postmoderne.

En attendant, c’est nous qui ne cessons d’être renversés dans nos jugements, nos appréciations, nos délires de compréhensibilité des secousses spasmiques du tremblement de la Terre qui nous secoue.

Par ailleurs, si nous voulons étendre ce constat du tourbillon des folies diverses frappant “les jeunes de 7 à 77 ans” dans l’ensemble spastique du monde qui nous est donné, ces folies qui découragent de trouver en elles-mêmes une vérité-de-situation, on apprendra sans véritable surprise au fond que la ‘victoire’ de Biden est saluée par les Iraniens et par les Chinois avec une satisfaction non dissimulée, et l’on comprend pourquoi ; qu’elle satisfait prudemment mais surement le Vénézuélien Maduro, qui y voit l’occasion d’écarter la poigne washingtonienne qui l’étouffe ; qu’elle rend encore plus mystérieuse et énigmatique la position russe qui martyrise l’esprit prospectif de nos ‘analystes’ du Bloc-BAO. En effet, Poutine se tient-il dans le silence, pour mieux rire silencieusement ? Toujours prudent ou ironique comme l’observeront les épistémologistes modèle Covid1917, Poutine se garde bien de féliciter un Biden qui, selon la lettre de la loi qui est tout ce qu’il reste au président russe pour tenter de comprendre quelque chose au comportement de ses “partenaires”, – bref, on ne félicite pas officiellement un Biden qui n’est pas encore élu. Poutine n’est pas comme ces diverses folles de l’Union Européenne qui se précipitent sur leurs smartphones pour baiser les babouches du vieux Calife-chef-de-tous-les-califes.

Comme vous le voyez, les spasmes nauséeux du monde-2020 sont bien difficiles à déchiffrer. Il est tout aussi difficile de distinguer précisément de quel “côté de la Force” se trouvent le bouffe et le tragique de la tragédie-bouffe. Le désordre des positions des uns et des autres est si grand qu’il est impossible de comprendre ce que les uns et les autres sont conduits à penser, à souhaiter et à attendre de l’élection USA-2020. Dans ce cas et pour ce jour, il est recommandé d’attendre demain ou après pour constater les changements tourbillonnants qui se sont ajoutés à ceux du jour présent, pour mieux décider de ne rien décider.

Je vous le promets : demain, ou peut-être après, nous essaierons vraiment de sembler y comprendre quelque chose, pour vous l’exposer. Peut-être bien une interview de Biden, lorsqu’il sera sorti de “réa”, s’il en sort, – ah oui, vous ne le saviez pas ? Biden a fait toute sa campagne alors qu’il était “en réa” ; bref, un homme d’expérience dans ce monde impitoyable...