Bandar ou le signe des temps

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Bandar ou le signe des temps

Prince Bandar, personnage de l’ombre particulièrement fameux et qui semble affectionner particulièrement et paradoxalement de mettre en pleine lumière, avec les précautions d’usage, ses activités secrètes et normalement dissimulées. Ce contraste entre ce goût de la publicité indirecte et l’aspect nécessairement secret et discret de ses manigances, forme un des “charmes” pervers et vénéneux du Prince, mais constitue également, dans certaines circonstances, un cas certain de vulnérabilité. Pour afficher hautement son caractère et son action, Bandar doit assurer constamment ses arrières. Il semblerait aujourd’hui que ses arrières s’effritent de plus en plus, et particulièrement ses “arrières américanistes”.

On avait déjà laissé entendre que Bandar n’avait plus vraiment la position de force qu’il était accoutumé d’occuper depuis près de trente ans, dans tous les “coups fourrés” (dirty tricks) arabo-américanistes. (Voir le 23 octobre 2013.) Plusieurs sources alimentent cette thèse.

• Il y a l’agence iranienne FARS News Agency (FNA), qui donne ses propres informations qu’elle présente comme venues de bonne source, en même temps qu’elle relaie d’autres informations dans le même sens, du réseau d’infgormation al-Manar, une station TV libanaise proche du Hezbollah. FNA diffuse son compte-rendu sur Prince Bandar le 24 novembre 2013.

«According to al-Manar news channel, during his recent visit to Riyadh, US Secretary of State John Kerry has demanded the Saudi officials to dismiss Prince Bandar from heading the spying network which acts against Damascus. And to show that its demand is serious, the CIA has also stopped its intelligence cooperation with the Saudi spy agency, the TV channel reported. “The administration of US President Barack Obama is angry at the positions adopted by Prince Bandar on the Syrian case since it thinks that he manages the case through collaboration and collusion with the neoconservative groups in Washington which seek to spoil Obama’s policies on Syria, Iran and even Russia,” al-Manar added.

»An informed source told FNA in September that tens of Saudi princes in a letter to King Abdullah bin Abdulaziz Al Saud protested at Prince Bandar's failure in coaxing the US into a war on Syria to topple President Bashar al-Assad's government. “The letter was signed by 17 influential Saudi princes and was submitted to King Abdullah's Chief of Staff,” a Saudi source close to King Abdullah's monarchy, who asked to remain unnamed due to the sensitivity of his information, told FNA.

»The source also revealed that since the Saudi King and his Crown Prince Salman Bin Abdul Aziz are not in good health conditions, the King's Chief of Staff controls the country's affairs and the Saudi princes presented the letter to him to protest at Prince Bandar's weak performance on Syria. The source said that Bandar's failure in persuading the US and its allies to wage war on Syria has created deep differences among the Saudi princes.

»Earlier reports said that Prince Bandar Bin Sultan has spent tens of millions of dollars to persuade the US political and security officials to launch a military strike on Syria. Prince Bandar has spent a sum of $70 million to encourage the American officials to attack Syria, a Saudi security source told FNA in Riyadh late August...»

• D’autre part, une information publiée quelques jours auparavant, le 20 novembre 2013, sur le site Intelligence Online, va dans le même sens, notamment pour ce qui concerne la très rapide dégradation des relations entre Bandar et la direction US, que ce soit l’administration dans le chef de Kerry, que ce soit la CIA dont Bandar est en général présenté comme un proche, sinon un très-proche. Il est intéressant de noter que Intelligence Online, qui se présente comme neutre par rapport aux diverses forces qui s’affrontent, serait certainement plus proche de la ligne du bloc BAO, donc des USA, s’il fallait pousser l’investigation. On a donc une certaine concordance entre deux sources de tendances qu’on peut qualifier d’“opposées”, ce qui conduit à prendre très sérieusement les informations concernant Bandar.

«The director of the CIA was to have accompanied John Kerry to Riyadh on November 4. But John Brennan cancelled at the last minute to display his disapproval over his Saudi counterpart Bandar bin Sultan's more and more open support of active Jihadist groups in Syria. Bandar, for his part, refused one-on-one meetings with Kerry, instead opting for a three-way sit-down in the company of his cousin, Saudi foreign minister Saud bin-Faisal.

»Bandar was also a no-show for the US Secretary of State’s audience with King Abdullah. Kerry took advantage of his absence to accuse the GID’s leader of poorly synchronising his operations in Syria with those of the United States, and of pushing support for jihadist groups too far, with the GID actively trying to federate them like Bandar once did in Afghanistan.»

Bandar, certes, c’est une légende, une sorte d’archétype de l’assimilation réussie du monde pseudo-musulman dans l’univers hyper-postmoderne de la communauté mondaine du renseignement et du Big Business connecté aux directions politiques et d’influence du bloc BAO. Rien de ce qui concerne la séduction sardonique et la corruption enrobée de ricanements ne lui est étranger, assorties de pratiques impitoyables dont les SR saoudiens sont coutumiers, – mais pas tellement plus que leurs vis-à-vis du bloc BAO qui agissent, eux, sous l’ombrelles vertueuse des “valeurs” du Système, – bref, du Bandar avec l’hypocrisie en plus. Tous ces gens sont faits pour s’entendre comme larrons en foire et le fait, qui semble de plus en plus se confirmer, qu’ils ne s’entendent plus comme larrons en foire devrait nous apparaître comme significatifs, – et notamment sur le point que la foire, ou la fête, est finie. Nous irions jusqu’à penser que le fait de la rupture entre Bandar et le bloc BAO, si cela se confirme, nous apparaîtrait bien comme un signe et même un événement plus important que tous les accords du monde entre l’Iran et les P5+1. Ainsi raisonnons-nous dans la fureur des événements extraordinaires, à l’occasion bien plus attentifs à de ces “petits faits” à la Stendhal qu’à de grandes manœuvres diplomatiques qui marquent surtout combien la situation qui les a déterminés était devenue une impasse insupportable pour tous, et d’abord pour le bloc BAO.

Quelles que soient les explications qu’on donnera pour éclairer l’éventuelle rupture de Bandar avec ses amis du Système, nous en resterons à notre jugement que le fait même constituerait, ou constitue s’il est acquis, un symbole particulièrement éclairant de l’effondrement par dissolution du bloc BAO et de sa politique-Système. Que de telles accointances, ici entre Bandar et ses amis washingtoniens, ne puissent plus s’exprimer dans les problèmes courants, voilà qui en dit long sur l’état de décomposition du Système. Certes, derrière la disgrâce éventuelle de Bandar, il y a l’insuccès de l’opposition de l’Arabie aux USA, mais aussi avec cette idée que cette mésentente de l’Arabie avec ses amis du bloc BAO semble, Bandar ou pas Bandar, devoir perdurer. Que de telles alliances que celle de l’Arabie avec les USA, semblent de moins en moins pouvoir résister aux accidents de la politique en cours, voilà qui confirme effectivement cette situation de décomposition.


Mis ebn ligne le 27 novembre 2013 à 12H35