Baudrillard et la troisième guerre mentale

Les Carnets de Nicolas Bonnal

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Baudrillard et la troisième guerre mentale

Notre société anglo-américaine et démocratique matinée de gnosticisme techno (voyez notre internet) et de messianisme militaire semble folle et intégriste. On le sait depuis 1914, lisez Huddleston et Grenfell traduits par nos amis de lesakerfrancophone.fr. Le duo anglo-saxon aura détruit l’Europe et établi partout le communisme pour anéantir l’Allemagne.

Pour lutter contre le terrorisme, on a tué/bousculé/déplacé trente millions de musulmans avec l’assentiment des loques européennes submergées de pauvres réfugiés (jusque-là pas de simulacre…).

Ici on veut une troisième guerre mondiale et une extermination de l’Iran ; là on nous dit que tout est simulacre et conditionnement, guerre mentale et non mondiale. Notre Lucien Cerise avait résumé cette position : « Pour Baudrillard, la véritable apocalypse n’était pas la fin réelle du monde, sa fin physique, matérielle, assumée, mais son unification dans ce qu’il appelait le « mondial », ce que l’on appelle aujourd’hui le mondialisme, et qui signait la vraie fin, le simulacre ultime, le « crime parfait », c’est-à-dire la fin niant qu’elle est la fin, la fin non assumée, donnant l’illusion que ça continue. La Matrice, comme dans le film, si vous voulez. »

En 1991, dans sa très pointue Guerre du Golfe qui n’a pas eu lieu, Baudrillard se lâchait en fin de texte. Je retraduis de la version espagnole :

« Il s’avère malgré tout digne d’admiration que nous traitions les Arabes, les Musulmans, de fondamentalistes, avec le même dégoût avec lequel nous traitons quelqu’un de raciste, alors que nous sommes en train de vivre dans une société typiquement fondamentaliste, bien que simultanément sur la bonne voie de désintégration. »

Puis le maître, depuis traîné dans la boue par les analphabètes-système, ajoute – sur cet intégrisme démocratique, cet incessant djihad médiatique :

« Nous ne pratiquons pas l’intégrisme fondamentaliste dur, mais nous pratiquons l’intégrisme démocratique doux, subtil et honteux, celui du consensus. Cependant, le fondamentalisme consensuel (celui des Lumières, des droits de l’homme, de la gauche au pouvoir, de l’intellectuel repentant, de l’humanisme sentimental) est aussi féroce que tout religion tribale ou société primitive. »

Oui, c’est aussi un féminisme débile et militant, celui dont a parlé Todd à propos de Clinton dans son livre « Après l’Empire ». Baudrillard ajoutait :

« Il signale l’autre exactement de la même manière comme le Mal absolu (ce sont les termes employés par François Mitterrand faisant référence à l’affaire Salman Rushdie; allez, mais où trouve-t-il une façon de penser aussi archaïque?). »

Tout en étant humanitaire-doux, l’intégrisme occidental est dangereux car il hérite des siècles de suprématie militaire. La bible dans une main, le fusil de l’autre, la bombe atomique dans une main, la déclaration des droits de l’homme dans l’autre.

« La différence entre les deux intégrismes (dur et doux) est que le nôtre (le doux) détient tous les moyens de détruire l’autre, et ne se prive pas de le faire. Par coïncidence, il s’avère que c’est toujours l’intégrisme des Lumières qui opprime et détruit l’autre, qui ne peut que le défier symboliquement. Pour nous justifier, nous donnons corps à la menace, la fatwa sur Salman Rushdie suspendue comme une épée de Damoclès sur le monde Occidental, gardant une terreur disproportionnée, avec une ignorance totale de la différence qui sert de médiateur entre un défi symbolique et une agression technique. »

On verra si notre Vautrin, alias Trump-la-mort saura se limiter au virtuel ou s’il déclenchera une énième apocalypse démocratique pour satisfaire ses commanditaires... Une proche me dit que l’Amérique anéantirait l’Iran comme elle a anéanti le Japon. La planète applaudirait et retendrait son cou à ce clown-bourreau décidément amusant...

Ou nous aurons un règlement de comptes numérique : veni vidi twitti, et non plus vinci, qui mettra un terme à l’histoire. Les mollahs y vont mollo (comme notre Donald) et c’est dans les Leslie Nielsen qu’il faudra chercher les plus sophistiquées évocations des bouffonnades de ces messieurs enturbannés ou pas…

 

Sources :

La guerre du golfe n’a pas eu lieu, 1991

Internet, nouvelle voie initiatique