“Berlusconi cède”? Mais non, vous, eux, nous n’y comprenons vraiment rien!

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“Berlusconi cède”? Mais non, vous, eux, nous n’y comprenons vraiment rien!


16 mars 2005 — Nous sommes de colossaux crétins néandertaliens d’avoir cru que Berlusconi avait cédé. “Céder”, Berlusconi? Et “céder” à la pression populaire à cause de l’incident où les G.I. ont tiré sur la voiture ramenant l’otage Giuliana Sgenia et tué le n°3 des SR italiens?

Berlusconi n’a pas “cédé”, idiots invertébrés que nous sommes… Plus simplement, Berlusconi a compris que tout est sur le point d’aller beaucoup mieux en Irak, — non, que tout va mieux en Irak et qu’en septembre cela ira tellement bien que les Italiens pourront commencer à partir. Voilà ce qui s’est passé, point final. Lisez donc ces quelques paragraphes précédés du titre de « Italy troop withdrawal not tied to shooting — White House »:


« Italy's decision to begin withdrawing troops from Iraq this year was not connected to the death of an Italian intelligence officer shot by American forces, the White House said on Tuesday.

(...)

» White House spokesman Scott McClellan said those comments were similar to ones he made last week to the Italian senate. Asked whether Italy's decision was tied to the shooting incident, McClellan said he had not heard Italian officials saying that. “I'm not sure I'd make a connection there,” he said.

(...)

» “If you look at what he (Berlusconi) said last week and what he said again today, this will be based on the ability and capability of Iraqi forces and the Iraqi government to be able to assume more responsibility and that he will work in agreement with allies in the region before taking those steps,” McClellan said. “And we certainly appreciate the contributions of the Italians. They have served and sacrificed alongside Iraqis and alongside other coalition forces,” he said. »


On pourrait croire de façon sérieuse et entendue que la question serait de savoir jusqu’où ils ont décidé de prendre les gens pour des machines à enregistrer sans entendre ni écouter, encore moins réfléchir et juger. S’ils se prennent eux-mêmes pour références, cela peut aller loin. Mais non, cette question n’est qu’anecdotique.

Le véritable enseignement serait qu’à force de débiter leurs machins comme ils font, ils rendent un très grand service à ceux à qui le rapport de la réalité du monde importe. La machinerie gouvernementale étant si totalement déliée de tout engagement, contrat, rapport quelconque avec la réalité, les liens qui nous tiennent à elle, par reste d’habitude d’un vague respect de l’autorité, finissent par se dissoudre et disparaître complètement. Le champ est libre pour l’esprit critique. Le gouvernement devient une “source” parmi d’autres, et, sans aucun doute, c’est entendu, la plus asséchée et la moins digne de foi de toutes.

Cela nous permet de constater que, de leur côté (du côté des “sources officielles”), ce n’est pas moins la confusion que du nôtre lorsque nous lisons ces nouvelles contradictoires et berlusconiennes, et que c’est même plutôt plus.

Par exemple, c’est la confusion entre Blair et Berlusconi, sous l’œil vigilant de GW et de son porte-parole McClellan, qui n’ont d’intérêt que pour les nouvelles interprétées par Washington. La façon dont Berlusconi à annoncé la nouvelle du retrait de ses forces prête effectivement à confusion, — et on imagine bien pourquoi, connaissant l’habileté légendaire du commandatore qui veut rester amis avec tout le monde. On a vu par ailleurs que lorsque Berlusconi parle d’une décision concertée avec Blair, et que d’aucuns pourraient croire que Blair s’intéresse à cette décision jusqu’à envisager de l’imiter, les choses sont aussitôt mises au point du côté britannique, de cette façon (dans le Guardian, notamment): « British defence sources last night repeated the British government's stated policy that its troops will stay in Iraq “as long as is necessary and as long as the Iraqis want us”. Mr Berlusconi's comments about a precise exit strategy were “an aspiration” or “political guesswork”, they added. »

Mais à Washington, est-ce bien le cas? Lit-on la même chose? On voit, dans cet article du Washington Times, que Berlusconi prend la décision de retrait en concertation avec Tony Blair, comme si Tony Blair pourrait lui-même avoir pris cette décision…


« “As early as September, we will start a progressive reduction of the number of our soldiers in Iraq,” the Italian prime minister said in an interview with a popular television talk show.

» Citing his discussion of the decision with Mr. Blair, the Italian leader hinted the British prime minister might be planning a similar move.

» Britain recently increased its troop commitment to Iraq but the British defense ministry has found it increasingly difficult to meet its armed forces' peacekeeping commitments to work in different parts of the world.

» “I spoke about this with Tony Blair and it is our countries' public opinion that expects this decision,” Mr. Berlusconi said. »


... Entretenons la confusion: comme, par ailleurs, McClellan nous dit que la décision de retrait de Berlusconi, après tout, n’a rien à voir avec les tirs US contre la voiture transportant l’otage italienne (quels tirs US? quelle voiture? quelle otage?) ; comme il nous dit que cette décision a tout à voir avec l’amélioration de la situation en Irak, décrétée par GW et par la démocratie… Eh bien, Blair pourrait penser dans quelques jours ou quelques heures, en écoutant McClellan, qu’en effet, la situation est bien meilleure en Irak, et qu’il pourrait faire comme son ami Silvio, c’est-à-dire commencer à quitter l’Irak … Olè!, comme disait Zapatero en saluant Aznar dans la nuit du 15 au 16 mars 2004, il y a un an.


Rappel…

Lisez ceci et dites-vous que, puisqu’on ne quitte l’Irak que quand tout va bien, la situation là-bas doit être sensationnelle.

(Ce texte ci-dessous, sans prétention ni secret d’état, d’une de nos “sources”.)


« Italy's prime minister announced plans to start drawing down his country's 3,000-strong contingent in Iraq in September, putting a fresh crack in President Bush's crumbling coalition. Bulgaria also called for a partial withdrawal, and Ukraine welcomed home its first wave of returning troops. The moves come on top of the withdrawal of more than a dozen countries over the last year and could complicate efforts to keep the peace.

» The scramble to get out has taken the multinational force from a high of about 300,000 soldiers early in 2003 to 172,750 and falling. About 150,000 U.S. troops shoulder the bulk of the responsibility and suffer the most casualties. Some 137 Ukrainian servicemen returned home Tuesday, part of a gradual pullout of a 1,650-strong contingent to be completed in October. Ukraine has lost 18 soldiers in Iraq, and its people overwhelmingly oppose the deployment. The Netherlands formally ended its mission March 7, and the bulk of its 1,400 troops return home this month. The U.S. and British governments urged Dutch leaders to extend the mission, but they refused, saying they had met their commitments. Poland, which has command responsibility for a large swath of central Iraq, plans to withdraw several hundred of its 1,700 soldiers in July and hopes to pull out completely by year's end or early in 2006. Among the nations that withdrew last year were Spain, which pulled out 1,300 soldiers; Tonga, 44; New Zealand, 60; Thailand, 423; the Philippines, 51; Honduras, 370; the Dominican Republic, 302; Nicaragua, 115; and Hungary, 300. Norway withdrew 150 troops but left 16 liaison officers, and Singapore withdrew 160, but later provided a landing ship tank and crew. Last month, Portugal withdrew its 127 soldiers, and Moldova pulled out its 12. In Bulgaria, which has 460 troops in Iraq, the deaths of eight soldiers have heightened public calls to bring them home. On Tuesday, President Georgi Parvanov urged a partial withdrawal, a proposal that parliament must now decide. Britain, with about 8,000 soldiers, and South Korea with 3,600 are standing firm. Australia, Albania and Georgia are boosting their presence. Yet surveys suggest opposition is running at roughly two-thirds in most coalition countries. In Albania, a staunch U.S. ally that plans to enlarge its 71-member contingent to 121 in April, there are fears the troops could end up paying with their lives. »