BHO, c’est GW-turbo

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BHO, c'est GW-turbo

On sait que nous devons au distingué Harlan Ullman cette expression que nous employons souvent de “politique de l’idéologie et de l’instinct”, et que nous tendrions désormais, la messe étant dite à cet égard, à désigner comme la “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”. (Pour l’intronisation à notre utilisation de ce terme, avec salutation à Ullman pour sa trouvaille conceptuelle et symbolique, voir le 29 mai 2009.)

A cette époque (mai 2009), Ullman se demandait, avec la suggestion d’une réponse négative, si Obama, BHO pour les intimes, allait réussir à se débarrasser de ce fardeau de la “politique de l’idéologie et de l’instinct”, destructrice, déstructurante et dissolvante, héritée de l’ère GW Bush. Aujourd’hui, il confirme cette intuition négative, et au centuple si c’est possible, avec le titre expressif de son article du 15 février 2012 sur UPI : «BHO equals W on steroids!» (Tiens, c’est une des premières fois, peut-être la première pour notre compte, – mais certes, nous ne lisons pas tout, – que nous voyons Obama désigné par un membre éminent de l'establishment sous le sigle BHO, qui le désigne justement et symboliquement comme un pion automatisé du Système ; cela, et non pas désigné par le pompeux et conformistement respectueux “Barack Obama” employé par les talk shows et autres “journaux télévisés” énamourés et parisiens du parti des salonards ; “Barack Obama” est sexy, BHO est un pion, aux deux sens du mot...)

Le texte de Ullman est remarquable, tant par la véracité de son analyse que par les réserves-Système (la critique conceptuelle ne va pas jusqu’à son terme) qu’Ullman se croit obligé d’introduire, ou bien est obligé, par tactique ou par conviction c’est selon…

«Ironic humor, fortunately, is never far from politics. Few may recall the so-called "freedom agenda" advanced by President George W. Bush a decade ago. Spreading democracy by muscular means would “transform” the Middle East as autocratic regimes crumbled. And it did but not the way Bush intended. Afghanistan and Iraq were the test cases and the Taliban and Saddam Hussein victims.

»President Barack H. Obama has embraced Bush's preference for regime change without an accompanying freedom agenda. He has done so vigorously and deliciously. First Tunisia dumped its long-standing leader. Egypt and Yemen followed suit. And, without the loss of a single military life on our side, Libya lost its dear Colonel Gadhafi. Now Syria and Iran are in Obama's gun sights.

»Bush took down two odious regimes. Obama has already doubled that score during his first term AND brought Osama bin Laden to justice. BHO has indeed become W on steroids.

»Whether or not these regime changes have made the world a safer or better place, the costs of Afghanistan and Iraq have been horrific and the futures for Egypt and Libya remain unresolved. But, wrongly handled, Syria and Iran have the potential for catastrophe. This column has brooded about repeating July 1914 a century later. The consequences of what happens in Syria and Iran reflect the realities of the 21st century. Yet, our strategy, thought processes and use of policy instruments smack of the 20th century.

»Most likely, a general and/or a Baathist would take over given the divided opposition with little propensity for reform or constructive change. The Russians fear another Iranian-like revolution but with radical Sunnis in control. Moscow could have a point.

»And there is Iran… […]

»What should the Obama administration do? First, the White House must recognize and respond to the seismic changes that have altered the geostrategic and economic landscapes and use them to advantage. We aren't doing that. For example, sanctions could drive Iran into a corner from which the only options left such as blocking Hormuz would be self-defeating for all concerned. Keeping all options on the table, meaning the use of force, is counterproductive unless we are prepared to invade, occupy and govern Iran… […]

»If the United States were clever – a big if – it would be subtly and discreetly fashioning a deterrent scheme in the region offering protection for our friends in the Persian Gulf should Iran actually field nuclear weapons. Other nuclear states, particularly Britain and France and possibly Russia, China, India and Pakistan, could be encouraged or persuaded to join this arrangement in the event Iran crossed the nuclear threshold.

»Indeed, thinking well outside conventional boundaries, some form of nuclear arms limitations regime might be conceivable between Israel and Iran, since it is in no one's interest if these weapons were ever used. This type of thinking is reminiscent of another Republican president and his doctrine for using geostrategic realities to advantage – Richard Nixon and the Nixon Doctrine. It was based on exploiting the Sino-Soviet rift. And the world would become a better place for it.

»Today, the competing and clashing forces of the 21st century can be applied as constructively and imaginatively as Nixon did to contain and even eliminate many of the looming crises confronting us. But we must have the courage to think boldly. And that will require even more steroids!»

Effectivement, l’expression “politique de l’idéologie et de l’instinct” doit être remplacée par “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”. Il ne fait plus aucun doute que cette politique, effectivement déstructurante et dissolvante, est totalement la politique de la transformation de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction, – et c’est, on ne peut plus, la marque fondamentale du Système issu du “déchaînement de la Matière”. Ullman ne va pas à ces conclusion, non plus qu’il ne s’empêche de glisser dans son analyse réaliste et juste de la catastrophe, – celle déjà achevée, de GW, et celle in the making, de BHO, – les remarques standard sur les “odious regimes” mis à bas par ces catastrophes. (Ces remarques standard, pour sauvegarder ce qui reste de la vertu éclatée et pantelante de la narrative du système de l’américanisme.) Il serait intéressant pour la chronique, effectivement, de savoir s’il s’agit d’une démarche de prudence, d’un reste de conviction ou d’un automatisme-Système ; pour l’essentiel, c’est anecdotique…

Par contre, il est significatif qu’une analyse aussi acceptable de la catastrophe qu’est la politique-Système du bloc BAO apparaisse sous la plume d’une personne, Harlan Ullman, dont on a déjà vu qu’il s’agit d’un membre honorable de l’establishment. Il ne fait pour nous aucun doute que cette analyse est partagée par de nombreux pairs de Ullman. (Par exemple, nous croyons qu’à cet égard, l’establishment washingtonien est plus lucide, – mais, bien sûr , sans espoir d’une quelconque efficacité, – que la morne intelligence rationnelle de la “communauté” des experts, philosophes et analystes satellitaires du parti des salonards parisiens, qui expriment en équations bien foutues la conviction des élites françaises de la justesse de cette “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”, version Rive Droite-Rive Gauche. Paris-sous-Sarko, ou ce qu’il en reste, est sous de bien plus basses eaux que Washington à cet égard, puisqu’il faut bien que la fameuse “intelligence française” justifie à ses propres yeux les plus basses et infâmes sottises dont est faite la politique française du temps courant, qu’elle se croit évidemment devoir cautionner, et qu’elle cautionne en se forçant à y croire pour ne pas sombrer définitivement. L’effet-Système sur ces deux establishment permet la lucidité à Washington, à cause du cynisme automatique par conformisme du système de l’américanisme ; il oblige à la fausse conviction à Paris, par loyauté due à l’intelligence pleine de brio héritée des catastrophiques Lumières.)

Mais l’impuissance psychologique est à cet égard totale, face aux pressions du Système, qui ne cesse de réanimer et de réactiver les caractères de l’inculpabilité et de l’indéfectibilité dans cette psychologie au départ exclusivement caractéristique du système de l'américanisme. Il s’agit par conséquent de tensions extrêmes à l’intérieur des mêmes individus, entre la catastrophe que leur perception leur restitue et l’emprisonnement total qui les soumet au Système et leur interdit de prendre la réelle mesure à transformer en politique de ces catastrophes ; avec souvent, pour nombre d’entre eux dans ce dilemme épuisant et insupportable, le recours, pour s’en sortir, à l’épisode maniaque, comme on prend drogues et extasy (ce qui est d’ailleurs, fort souvent, le cas, et apporte un complément d’explication pharmaceutique à l’ensemble).

 

Mis en ligne le 16 février 2012 à 06H44