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543A l’image de cette sorte d’institution dont le système américaniste raffole, l’institut FERI (The Franklin & Eleanor Roosevelt Institute, installé en 1939) est perçu comme l’une des institutions assurant le legs économique et social du FDR du New Deal, voire le legs “spirituel” du “newdealism”. L’aspect très “social” du FERI (l’attention portée au sort des Américains touchés par la crise économique) est marqué par la présence, dans son intitulé, de Eleanor aux côtés de son mari Franklin Delano Roosevelt; Eleanor Roosevelt, qui eut un rôle politique, fut, dans le couple, la plus “à gauche”, la plus préoccupée par l’aspect social en général, et plus précisément du désastre de la Grande Dépression. Le FERI est une sorte de “gardien du temple FDR”, tendance Eleanor. Par conséquent, le texte publié par un de ses membres, Marshall Auerback, le 25 juin 2009 sur le site du FERI, et repris ce même 25 juin 2009 sur Huffington.post, sonne comme un jugement très sévères des mânes de FDR et de sa femme, de l’action de BHO.
Le jugement est sans appel: BHO est exactement l’anti-FDR, alors qu'il paraîtrait, ou prétendrait paraître de la même veine… L’article détaille l’aspect technique qui conduit à observer cette aide massive des banques, sans réel bénéfice pour la population, parallèlement avec une dégradation accélérée de la situation sociale suivant une dégradation de la politique économique. Clairement sous-jacente dans le texte, et marquée par le titre («Risk of Major Social Upheaval Likely if Bank Bonanza Continues»), la crainte de troubles sociaux…
»Banks are also benefiting from lending programs that effectively allow them to borrow at zero and reinvest in Treasuries at around 3%. A bank doesn't have to do anything to make money. The banks' return on equity is going to be very good. They are going to be able to restore their finances.
»While this is good for banks, is it good for anyone else? The problem is the government's "free money" program means banks have little or no incentive to do any actual lending. Combined with rising unemployment and the ongoing housing crisis, this means any recovery is likely to be muted, at best, especially given the ongoing weakness in the real estate market. Growing income inequality will likely be perpetuated and exacerbated with all of the resultant social strains. .. [...]
«The key is building a political case for the stimulus. This means getting people around a common objective where everybody is perceived to be benefiting and that the sacrifices are being borne fairly. This was clearly the situation in WWII when the budget deficit as a percentage of GDP got as high as 30.3% of GDP, yet nobody complained about the "sustainability" of government expenditures. The upshot was that by 1946, the GDP per capita was 25 percent higher than it had been in the last peace years before the War. GDP per capita continued to grow during the Marshall Plan years. Despite giving away two percent of U.S. GDP, American residents (and taxpayers) experienced a higher standard of living each year. And nobody spoke about us running out of money.
»By contrast, the current bonanza for banks is neither economically efficient, nor politically sustainable… […]
«Both FDR and JFK had a brain trust that could help forge public opinion. Obama has his halo, Geithner, and Summers. We've known from the start that was a misstep.
»In the meantime, beyond automatic stabilizers, the door appears to be shutting to further active fiscal ease. I wonder if the stage is already being set for tax hikes, as rumors of a federal VAT (value added tax) have been floating around of late. Add this to rising commodity prices and interest rates, and the profile of any recovery may become increasingly in question, a la 1937-8. Add to that additional bank write-offs, further credit contraction and a minimalist welfare system which leaves nothing in the way of social cohesion, and the prospects for major social upheaval look dangerously likely.»
Dans ce texte très technique, qui s’appuie essentiellement sur des références au programme du New Deal, et essentiellement sur la dimension sociale et politique de ce programme, nous avons souligné en gras quelques observations qui montrent combien les préoccupations de l’auteur portent sur l’absence, dans l’action de l’administration Obama, de la dimension politique d’une action de mobilisation sociale.
Cette politique de l’administration Obama est encore illustrée par son attitude vis-à-vis du cas californien. Le site WSWS.org, qui suit de près cette affaire, décrit ce 26 juin 2009 la dévastation sociale de la Californie, avec l'exemple d'Imperial Valley (Californie du Sud) où le chômage officiel atteint 26,1% (la réalité étant autour de 40%), après avoir commenté, le 25 juin 2009, l’échec du budget de l’Etat présenté par le gouverneur Schwarzenegger. Tout cela suit une requête qui s’est heurtée à une fin de non recevoir d’une aide fédérale pour la Californie, également présentée par WSWS.org le 18 juin 2009.
«The Obama administration has rejected any immediate aid to the state of California. State officials went to Washington over the weekend to request emergency loans to address California’s looming budget and financial crisis.
»“We’re not expecting any help from the federal government,” the California state treasurer’s office stated after the meeting. “At this point, we’re on our own.” The state faces a $24 billion budget gap, and the state controller said California faces a “complete financial meltdown” as soon as July 28.
»Treasury Secretary Timothy Geithner, along with White House economists Lawrence Summers and Christina Romer, insisted that the state take measures of its own to address its fiscal crisis. “A lot of the burden,” Geithner said earlier in congressional testimony, “is going to be on them to lay out a path that gets their deficits down to the point where they’re going to be able to fund themselves comfortably.”
» In taking this position, the administration is giving its full support to a series of crushing austerity measures proposed by Governor Arnold Schwarzenegger and the state’s Democratic Party. The state government is responding to the financial crisis by destroying what little remains of the social safety net upon which millions of people depend.»
Le cas californien illustre combien la critique des orthodoxes rooseveltiens, qui porte sur la cohésion sociale per se et l’absence de mobilisation politique de la population comme ce fut le cas avec le New Deal, pourrait être étendue à la cohésion structurelle de l’Union, notamment par les conditions aggravées dans certains Etats du fait du refus de l’aide fédérale, contrastant évidemment avec l’aide massive accordée à Wall Street (et alors que les citoyens des Etats fournissent eux-mêmes des subventions au niveau fédéral avec leurs impôts). Pour l’heure, cette politique, avec ses résultats évidents, continue à entretenir le mystère autour du personnage d’Obama, dont l’attitude, dans ce cas où il soutient une politique maximaliste, extrémiste et déstructurante, contraste avec son attitude dans d’autres volets, notamment certains cas de sa politique étrangère, où il suit l’attitude inverse. La question est de savoir si, dans l’un ou l’autre cas, il s’est aperçu de ce qui se passe quant aux véritables conditions des politiques suivies.
Mis en ligne le 26 juin 2009 à 14H21
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