BHO est-il un GW qui marche sur l’eau ?

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BHO est-il un GW qui marche sur l’eau ?

Barack Obama, dit BHO, va-t-il réussir là où personne n’estimait plus la chose possible, dans le registre de l’horreur grotesque : nous refaire le coup de l’Irak, avec la guerre à mesure, en Syrie ? Et cette fois, sans Petraeus pour sortir, abracadabra, pour les journalistes et les sénateurs huppés de Washington, le beau lapin baptisé “victoire” de sa casquette de commandant en chef d’un désastre sans précédent. Il s’agit donc de la question d’une intervention du bloc BAO en Syrie, menée par les USA, et qui dégénérerait, comme c’est probable s’il y a une invasion majeure, en un embourbement type-Irak. C’est une question qui a déjà été posée, qui est posée avec un peu plus d’insistance à chaque fois qu’une nouvelle “alerte” survient à propos de la Syrie, qui est posée une fois de plus, à propos de cette nouvelle “alerte” concernant toujours la Syrie, avec encore plus d’importance du fait que l’“alerte” est venue des USA, et d’Obama lui-même.

Cette question est détaillée, à sa façon, par John Glaser, de Antiwar.com, ce 7 décembre 2012, sous le titre «Obama’s Syria Policy Comes Dangerously Close to ‘Bush Doctrine’». Il expose d’abord la substance des interventions d’Obama et de son administration qui ont été à l’origine de l’“alerte” et de la flambée de communication concernant la Syrie : «The Obama administration is peddling two scenarios for a potential war in Syria. With news and official statements this week repeating uncorroborated allegations that the Assad regime is moving and mixing elements of chemical weapons and possibly loading the materials into bombs, administration officials warn that the US could intervene militarily (1) if the regime uses these weapons on its own people, and (2) if the danger that these chemical weapons could get into the hands of Islamic militant groups becomes too great… »

Pour ce qui concerne la situation qui l’intéresse, telle que nous l’avons illustrée plus haut, Glaser considère que seul le deuxième scénario (chimique syrien tombant dans des mains dangereuses et incontrôlées) est important dans l’esprit d’Obama et de son administration : «What about scenario (2)? The Obama administration is playing it off like this is the less important of the two scenarios for intervention, but I’m betting its the more important one, just not for public consumption. In August, Obama said “We cannot have a situation in which [chemical/biological weapons] are falling into the hands of the wrong people.”» (Il faut noter que, de ce point de vue, USA et Israël sont fort proches, alors qu’ils le sont beaucoup moins sur le but de la chute d’Assad. Une dépêche Reuters, dans le Chicago Tribune du 6 décembre 2012 détaille des réactions officielles israéliennes à cet égard, montrant même une sorte de “coopération” entre Israël et Assad… « Syrian President Bashar al-Assad responded to past warnings about the security of chemical weapons by taking steps to keep them out of the hands of militants, Israel's vice prime minister Moshe Yaalon said on Wednesday […] In an interview with the Israeli news website Walla that was posted on his Facebook page, Yaalon said: “There is speculation that the chemical arsenal will fall into the hostile and irresponsible hands of the likes of al Qaeda or other terrorist groups.” “In the past, clear messages were relayed to Assad on a number of opportunities, and in response Assad in fact gathered up the weaponry and separated the materials,” Yaalon said.»)

Enfin, Glaser développe l’essentiel de son argument, en s’appuyant d’ailleurs sur d’autres analyses, pour exposer combien, à propos de son scénario (2), l’administration Obama se rapproche “dangereusement” de la “doctrine Bush”, spécifiquement la doctrine de l’attaque préventive.

«For those of us that can remember the Bush administration’s justifications for the invasion of Iraq in 2003, this scenario should sound familiar. Three international relations scholars, Paul R. Williams, J. Trevor Ulbrick, and Jonathan Worboys, explain in Foreign Policy how “the Obama administration risks resurrecting the much-maligned Bush Doctrine of preemptive self-defense.”

»Under international law, a state may only invoke its right of self-defense in the case of an actual or imminent attack. After the 9/11 attacks by al Qaeda, however, the Bush administration asserted a right of preemptive self-defense against terrorist groups and states that harbor them or could supply them with weapons of mass destruction (WMD). Many states and experts rejected this justification for the 2003 Iraq war because Iraq could not be linked to WMDs or the 9/11 attacks. Unlike Iraq, Syria has CBW and has forged a close partnership with Hezbollah. Nevertheless, preemptive self-defense still suffers from the same theoretical deficiencies it did in 2003. The doctrine has a weak basis in international law and its legal recognition would improperly justify the use of force by powerful states.

»The Bush administration’s invasion of Iraq was an outright war crime, resting as it did on fudged evidence of a non-existent threat and, of course, no credible justification of self-defense. The situation with Syria right now isn’t exactly identical, but it’s notable that the Obama administration’s calculations for intervention rest on the same, almost universally reviled war criminal logic as the Bush administration.

»In some ways, the current situation is even messier. The Obama administration has explicitly refused to comment “on the specific intelligence” on Syria’s chemical weapons that inflamed so much bluster this week, but Syrian officials continue to emphatically deny any suggestion that they are planning on using them…»

…Mais, bien entendu, ce en quoi la situation est principalement “even messier” que celle de GW Bush jusqu’à devenir à la fois abracadabrantesque et pathétique à la fois, se trouve dans le fait que ces “mauvaises mains” où pourrait tomber le chimique syrien sont celles de djihadistes et islamistes, qui pour beaucoup ont été et sont armés, sponsorisés, soutenus, etc., par le Qatar et les USA eux-mêmes, indirectement puis de plus en plus directement, en Libye et en Syrie successivement, dans une sorte de chaîne continue d’une politique habile complètement invertie en son double absolument catastrophique. On sait d’autre part (voir notre texte du 7 décembre 2012), dans tous les cas l’on devrait s’en convaincre, combien cette sorte de situation est, du côté US, complètement incontrôlable tant le nombre d’agences et de services, avec des interférences extérieures, agissent dans ces domaines et prennent des décisions irresponsables, non contrôlées ni coordonnées, concurrentes, etc., où des choix sont faits, aussi catastrophiques que ceux où la démarche aboutit, sans qu’on le sache nécessairement au moment de l’acte, au soutien des djihadistes. Ainsi, l’administration Obama se crée-t-elle des conditions “accidentelles” grossières qui la conduisent à l’incurvation de sa politique que dénonce Glaser.

On a déjà vu combien nous jugeons qu’effectivement l’administration Obama suit les pistes de l’administration GW Bush pour ce que Harlan K. Ullman a nommé la “politique de l’idéologie et de l’instinct”. Deux textes sont à rappeler pour cela, ceux du 29 mai 2009 et du 16 février 2012, et aussi le texte général de notre Glossaire.dde, le 17 novembre 2012. Mais les indications que nous donnons dans ces textes concernent simplement la poursuite de certaines politiques et crises léguées par l’administration GW, sans reprendre les règles et doctrines fondatrices, déstructurants et dissolvants, qui les avaient déterminées. Même dans cette occurrence, Obama arrive à faire mieux que GW, sans doute à cause de cette grande intelligence dont il éclaire toute son administration. C’est ce que nous définissions de cette façon dans le texte déjà référencé du 7 décembre 2012 :

« Cet épisode hypomaniaque concernant la Syrie, essentiellement du fait du glorieux bloc BAO (dito, “le patient”), n’est pas le premier mais il est d’une vélocité et d’une acuité sans précédent. Il indique sans le moindre doute que le mal progresse fougueusement. Il est possible que le ‘very cool’ Barack Obama finisse par se convaincre de l’inéluctabilité de la guerre, ce qui le conduirait alors au degré zéro d’égalité, jusqu’à l’identification complète, avec GW Bush. Nous aurons donc alors un “super-GW”, puisqu’il est de notoriété publique que l’actuel POTUS est infiniment plus intelligent que son prédécesseur ; tout étant inversé et très souvent multiplié grâce à l’attraction vers le plus bas, ce supplément d’intelligence se traduirait par un supplément substantiel d’actes stupides.»

Ce qu’implique Glaser, c’est qu’on ajouterait à cela la réintroduction éventuellement implicite de la doctrine préventive de l’administration GW Bush qui joua évidemment le rôle absolument déstructurant qu’on sait, permettant effectivement la mise en place de la “politique de l’idéologie et de l’instinct” déjà citée. Cette doctrine serait réintroduite, non à cause des événements, mais à cause des erreurs catastrophiques de l’administration Obama. On aboutirait à un imbroglio également catastrophique et schizophrénique, où l’administration Obama, non seulement ferait une politiquer bien plus dangereuse que celle de l’administration GW Bush à partir du modèle GW Bush, mais bien plus autodestructrice puisque les divers facteurs moiteurs de cette politique d’agression préventive auraient été déterminées, non par des dangers potentiels réels, mais par des dangers effectifs réels créées par l’administration elle-même, non par calcul ni par manigance, mais par ignorance, inadvertance, désordre et concurrences bureaucratiques et ainsi de suite.

Il est difficile d’imaginer de pires conditions pour la politique d’une puissance telle que les USA. Elles généreront le désordre impératif avec aggravation des crises en cours, – mais cela, c’est déjà en cours, – mais aussi l’emprisonnement d’un cadre stratégique et implicitement doctrinal destiné à contrer un ennemi hypothétique, et suscité en vérité par les mêmes faiblesses et la dynamique d’autodestruction extrapolé par cette administration pour elle-même, de la course actuelle prise par le Système. Dans ce cas, effectivement, on peut dépasser le seul cadre de la bataille de la communication et voir se déclencher des conflits qui, non seulement, seront difficiles sinon impossibles à gagner, mais qui, en plus, placeraient l’administration en contradiction avec elle-même, et le président Obama, cherchant à être un président d’arrangement des situations de crise pour son deuxième mandat, devenant contre son gré un président de guerre pire que Bush. Le seul vainqueur dans cet immense désordre serait, est d’ores et déjà, la dynamique autodestructrice sponsorisée par ls Système, pour lui-même et pour trous ses mandants.


Mis en ligne le 8 décembre 2012 à 08H07