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393La guerre médiatique, la guerre du système de la communication, – on devrait dire, puisque nous sommes aux USA, la Guerre Civile du système de la communication, – cette guerre-là fait rage. L’affaire de l’Arizona l’alimente diablement. Le commentaire régulier de Jeffrey T. Kuhner, dans le Washington Times, dans sa chronique à la date du 30 avril 2010, ne dépare pas le tableau. Il accuse BHO de préparer une seconde Guerre Civile, et une guerre raciale: «Mr. Obama is fueling greater ideological, political and racial polarization. Not since the Civil War have Americans been so divided. He is laying the groundwork for a possible race war.» Il accuse Obama de s’inspirer de Martin Heidegger, qu’il qualifie de “fervent nazi” et de la Jane Fonda de sa période vietnamienne, pro-Hanoï. Charmant mélange de l’extrême droite et de l’extrême gauche.
Kuhner présente BHO comme désespéré de regrouper autour de lui un électorat pour éviter une défaite démocrate en novembre prochain…
«…Hence, Mr. Obama is resorting to the worst kind of demagoguery: playing the race card. In a video to Democrats, the president embraced identity politics; black, Hispanic and female voters are to be courted at the expense of white middle-class America. “It will be up to each of you to make sure that the young people, African-Americans, Latinos and women, who powered our victory in 2008, stand together once again,” he said.
»Mr. Obama conveniently ignored the large chunk of white voters - suburbanites, latte-sipping professionals, environmentalists, labor union members – who voted for him in huge numbers. For Mr. Obama in the 2010 election, whites no longer matter – especially white Christian males.
»In recent memory, no president has so deliberately and publicly sought to pit racial and gender groups against each other… […] Mr. Obama is fracturing America. He is calling on the primacy of race and gender in order to perpetuate his national socialist revolution. He is championing a revanchist tribalism - the politics of grievance and racial victimology that undermines our common national identity. […]
»[…Obama]and his Democratic allies have deliberately fanned the flames of racial tensions over Arizona's immigration law.
»The state statute does nothing more than empower local police to enforce existing federal immigration laws. Overrun by Mexican drug cartels, a soaring crime wave and many illegal migrants, Arizona's authorities are taking action to protect the border in the wake of federal government inaction. The state's comprehensive immigration enforcement law is simply patriotic common sense and self-defense.
»Mr. Obama, however, has blasted it as “misguided.” The liberal media is comparing the law to Hitlerism, a form of apartheid and white supremacy, supposedly for its racial profiling of Hispanics. The Rev. Al Sharpton is leading an economic boycott of the state. The attack on Arizona's immigration law is an attempt to frighten Hispanics into believing that white Arizonans are seeking to impose a racial caste system. It is deliberately playing the races against one another to help Mr. Obama get higher voter turnout among minorities in November.
»The consequences are the gradual Balkanization and breakup of America. The mainstream media refuses to report on one overriding reality: Racial violence has broken out in protest of Arizona's law. Gangs of Hispanic protesters in Arizona have been throwing rocks and bottles at police, spitting at them and denouncing them as “pigs.” Massive rallies are planned across the country this weekend to demand amnesty for illegal aliens. Event leaders will use Arizona's law as a rallying point to channel ethnic anger and rage.»
@PAYANT Kuhner n’est pas un extrémiste absolu, un de ces extrémistes ayant épousé les conceptions radicales des groupes religieux réformés les plus extrêmes comme il en pullule aux USA. Conservateur certes, Canadien d’origine, catholique, il est notamment identifié par le Wikipédia comme le président du «Edmund Burke Institute for American Renewal, a Washington D.C. think tank devoted to integrating minorities into the conservative movement». Cette caractéristique ne fait pas de lui un raciste furieux, opposé à tous les groupes non-Blancs des USA. La fureur terrible de son commentaire n’en est que plus révélatrice des tensions extraordinaires d’intensité qui se manifestent désormais de façon régulière aux USA, dans le cours de cette campagne électorale émaillée d’événements institutionnels particulièrement graves et caractéristiques. L’affaire d’Arizona en est un et, pour l’instant, un cas en pointe.
Comme nous avons tenté de le mettre en évidence lors de notre précédent texte sur l’affaire de l’Arizona, il est particulièrement malheureux, injuste et intellectuellement malhonnête de réduire cette affaire à la rhétorique grossière du racisme, alors qu’il s’agit bel et bien d’un épisode de plus de la très grave “crise d’identité” qui frappe les Américains. C’est pourtant ce que font les démocrates et la myriade d’association bienpensantes spécialistes de l’antiracisme comme d’autres sont spécialistes de la bourse, et, d’une certaine façon, Obama lui-même. En jugeant cette loi indigne comme il l’a fait, le président des USA passe à la trappe la responsabilité fondamentale du gouvernement fédéral dans son impuissance coupable pour la protection de la sécurité et du bien-être des citoyens des USA, – ceux d’Arizona, mais aussi d’autres Etats de l’Union, cela va sans dire, – au profit d’une politique absurde, criminelle et ruineuse d’aventurisme belliciste dans des contrées lointaines qui n’ont aucun attirance particulière pour notre zèle civilisateur et technologique. Aussi, la critique de Kuhner, sans aucun doute excessive, n’est pas non plus gratuite ni d’une complète mauvaise foi, comme ce fut souvent le cas avec des attaques de néo-conservateurs et autres plumitifs du même gabarit. En cette circonstance, la vertu presque déifiée pour ces domaines de l’humanitaire bienpensant du président des USA n’est pas absolument convaincante. L’accusation de Kuhner contre Obama de jouer la “race card” (la “carte du racisme”, disons) n’est pas infondée, et la chose n’est pas à l’avantage du président Africain-Américain. Surtout, dans le climat actuel, cela s’appelle “jouer avec le feu”.
C’est en effet l’essentiel. La chronique de Kuhner est une bonne marque de la tension actuelle aux USA, exacerbée dans tous les sens, de toutes les façons, souvent d’ailleurs au nom d’une politique politicienne qui situe le niveau de pauvreté d’âme de cette triste élite washingtonienne qui est en train de préparer le hara kiri des Etats-Unis d’Amérique. Désormais, l’expression de “Guerre Civile”, le constat de la “pire division des Etats-Unis depuis la Guerre Civile”, viennent naturellement sous les plumes des commentateurs. Peut-être semblerait-il que les événements ne correspondent pas encore tout à fait à ces jugements, mais certains signent commencent à y faire penser, et comme nous sommes dans une époque où domine le système de la communication, ces invectives écrites ne sont pas des énervements sans conséquence mais bien des affrontements réels qui dénotent effectivement que nous sommes proches de la guerre civile, – majuscule inutile dans ce cas. L’affaire de l’Arizona est une mèche particulièrement efficace dans ce cas. Elle rappelle, d’une façon anecdotique mais significative, – toujours cette puissance significative de la situation politique du système de la communication, – que le film de Joe Dante tourné en 1996, La deuxième Guerre Civile, suivait un synopsis assez semblable: le gouverneur de l’Idaho refusant un contingent d’immigrants que lui imposait Washington, l’affaire dégénérant… On y trouvait le mélange de circonstances sérieuses, d’autres dérisoires voire comiques, tout cela traité sur le mode caricatural qui convient, toutes ces caractéristiques étant bien celles de l’activité du système de communication; bientôt, tout cela suscitait un enchaînement devenant irrésistible vers l’affrontement que personne ne voulait vraiment mais vers lequel tout le monde se trouvait entraînés, justement par l’action de ce système qui les domine tous. Le film de Dante marquait ainsi la première période de “crise d’identité” des USA, de 1989 à 1995, dont Bill Clinton a récemment rappelé récemment, quoiqu’involontairement, combien la période actuelle lui était similaire, mais, bien entendu, dans un environnement et une tension infiniment plus aggravés que dans la période 1989-1995.
Par ailleurs, et s’il faut se convaincre du sérieux de la chose, on trouvera dans le Los Angeles Times du 28 avril 2010 un article complet sur les plus récents sondages concernant cette affaire de l’Arizona. On constatera que la loi de la gouverneur Brewer est extrêmement populaire, que la gouverneur, qui était en perte de vitesse et en position d’être battue, a retrouvé une position de leader dans les sondages, en Arizona, pour être réélue. Le problème qui se pose aujourd’hui aux dirigeants washingtoniens et à la camarilla de la volaille antiraciste habituelle est qu’il va falloir prendre la décision éventuelle de dissoudre le peuple d’Arizona (en attendant d’autres Etats) pour faire correspondre la réalité à leur vigoureuse et nourricière vertu.
Mis en ligne le 3 mai 2010 à 07H41