BHO, le BMDE et l’Iran

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Lors de sa conférence à la Nouvelle Ecole de Science Economique de Moscou, le 7 juillet 2009, Obama est allé un peu plus loin sur la question de BMDE que l’appréciation discrète signée par les deux présidents (Obama et Medvedev) le jour précédent. Cette fois, il a repris les termes du marché contenu dans la lettre officieuse-officielle qu’il a peut-être/peut-être pas envoyée (en février) à Medvedev: une aide de la Russie dans la crise iranienne, pour neutraliser le nucléaire en formation, contre le BMDE, qui n’aurait alors plus aucun intérêt, qui serait alors abandonné corps et boulons.

C’est le Times, qui parvient à faire de cette proposition une “mise à l’épreuve” du Kremlin (“put the Kremlin to the test”), qui nous instruit là-dessus ce 8 juillet 2009. (Voir aussi Antiwar.com, ce même 8 juillet 2009, sur le même sujet.)

«President Obama put the Kremlin to the test yesterday by offering to scrap a missile defence shield in Eastern Europe if it helped to stop Iran building a nuclear bomb. He used the second day of the Reset Summit in Moscow to urge a new era of partnership between Russia and the US in combating the spread of nuclear weapons to rogue states and terrorists. “That is why we should be united in opposing North Korea’s efforts to become a nuclear power and preventing Iran from acquiring a nuclear weapon,” Mr Obama said.

»The US plan to put a missile shield in Poland and the Czech Republic strained relations with Russia under President Bush. Moscow views the shield as a threat to its security, while Washington insists that it is to defend against a surprise attack from Iran. In a speech that was notably light on criticism of Russia, Mr Obama pressed Moscow to take more responsibility for stopping an Iranian bomb.

» “I know Russia opposes the planned configuration for missile defence in Europe . . . I have made it clear that this system is directed at preventing a potential attack from Iran and has nothing to do with Russia,” he told an audience of students from the New Economic School in Moscow. “I want us to work together on a missile defence architecture that makes us all safer. But if the threat from Iran’s nuclear and ballistic missile programmes is eliminated, the driving force for missile defence in Europe will be eliminated. That is in our mutual interest,” he said.»

Avec cette idée, BHO revient à la démarche initiale qu’il a entreprise vis-à-vis des problèmes du BMDE et de l’Iran, dans ses relations avec la Russie. Cette fois, la chose est complètement officielle, ce qui est nouveau. C’est ce qu’observe Antiwar.com: «[T]his is the first time President Obama has so directly offered to trade the shield, which is well outside of the range of any Iranian missiles but quite close to Russian territory, for anti-Iran moves.»

La proposition d’Obama (le fait qu’elle soit publiquement faite) a surtout comme effet de renforcer la relativité du dossier BMDE. Ce qui faisait le caractère déstructurant du système à son origine, c’était son caractère unilatéral renvoyant à la fameuse “politique de l’idéologie et de l’instinct” qui s’est déchaînée à l’époque Bush; dans ce cas, le fait que ce programme n’était lié à aucune rationalité commune aux pays intéressés. La thèse exposée par les USA aux Russes était alors: le BMDE sera déployé contre l’Iran, vous n’avez rien à craindre et il n’y a rien à négocier. Avec la visite d’Obama, les engagements (“linkage”) signés et la proposition du 7 juillet, le système devient une pièce d’une négociation multiple. Il devient complètement relatif, donc dépendant de facteurs désormais soumis à des appréciations rationnelles (et, par là même, sans aucun doute d’une extrême fragilité conceptuelle si l’on considère les raisons réelles qui ont conduit à la décision de lancer cette affaire). C’est sans aucun doute le principal résultat du voyage d’Obama à Moscou, et un résultat d’une grande importance.

Sur la question même du “marché” proposé par Obama (qui vient en plus de la condition de “linkage” qu'a acquis le système), – l’aide russe dans la crise iranienne contre l’abandon du BMDE, – il n’est certainement pas assuré qu’on puisse dire que la Russie soit “mise à l’épreuve”, comme l’écrit le Times. La demande d’Obama pour une collaboration russe, déjà plus ou moins évidente pour la Russie, n’implique nullement des résultats concrets, mesurables, etc. Il s’agit d’une orientation générale recherchée par les USA, d’ailleurs partagée par les Russes eux-mêmes, qui ne tiennent pas nécessairement à voir l’Iran devenir une puissance nucléaire, qui seraient sans doute plus satisfaits avec l’idée d’une zone dénucléarisée pour la région ou toute autre formule de compromis. La proposition d’Obama ne fait plutôt que confirmer la faiblesse de la position US et le besoin qu’ont les Américains du soutien des Russes (pour l’Iran comme pour l’Afghanistan). Si le BMDE peut paraître un moyen de pression des USA sur la Russie dans le cas iranien, avec la réserve vue plus haut que la Russie n’est pas vraiment opposée à cette pression puisqu’elle a elle-même intérêt à régler la crise iranienne, il l’est beaucoup moins dans le cas des START (START-2); il ne nous semble qu’en aucun cas les Américains, essentiellement Obama, ne mettront en danger un accord START-2 pour le réseau anti-missiles BMDE. Nous ne sommes plus, à cet égard, dans des situations de concurrence exclusive à-la-Bush (politique du tout ou rien, ou “politique de l’idéologie et de l’instinct”).

• Un addendum pour clore, à ce point dans tous les cas, la chronique de BHO à Moscou. Le président des USA est désormais grand ami de Poutine, on peut être rassuré. Il a pu constater que les deux jambes du premier ministre russe étaient dans le même sac. Selon le même Times:

«… Mr Obama met Mr Putin for the first time yesterday at his country residence and praised his “extraordinary work” as President and now Prime Minister of Russia. Mr Obama had called Mr Putin a man with “one foot in the old ways of doing business” last week. Mr Putin told Mr Obama: “We associate your name with the hopes of developing our relations.”

»A senior US official later told reporters that Mr Obama had changed his view of Mr Putin and was “convinced the Prime Minister is a man of today”.»


Mis en ligne le 9 juillet 2009 à 06H33

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