BHO peut-il être moi?

Avec quelques phrases, nous revenons sur l’interview de Gorbatchev par The Nation, qui est le thème de notre F&C du 2 novembre 2009. Il s’agit du dernier échange questions-réponses (deux), qui concerne les USA d’aujourd’hui et Barack Obama aujourd’hui.

The Nation: «Listening to you, it seems that you became a political heretic in your country.»

Gorbatchev : «I think that is true. I want to add that I know America well now, having given speeches to large audiences there regularly. Three years ago I was speaking in the Midwest, and an American asked me this question: “The situation in the United States is developing in a way that alarms us greatly. What would you advise us to do?” I said, “Giving advice, especially to Americans, is not for me.” But I did say one general thing: that it seems to me that America needs its own American perestroika. Not ours. We needed ours, but you need yours. The entire audience stood and clapped for five minutes.»

The Nation: «And do you think President Obama will be the leader of such an American perestroika?»

The Nation: «As far as I know, Americans did not make a mistake in electing him. Barack Obama is capable of leading your society on a very high level and of understanding it better than any political figure I know. He is an educated person with a highly developed capacity for dialogue, and that too is very important. So I congratulate you.»

Notre commentaire

@PAYANT …Oui, notre commentaire malgré que nous ayons souvent, déjà, abordé le problème. La réponse de Gorbatchev à une question fort directe (le dernière) est singulièrement embrouillée, insatisfaisante, un peu trop standard et notablement conformiste. Elle détonne complètement avec le reste de l’interview, toujours pour ce qui concerne les réponses de Gorbatchev. Ce que dit Gorbatchev en réalité, c’est, en quelques mots: “C’est bien, vous Américains vous avez fait ce que vous avez pu, vous avez élu le plus intelligent, le plus capable, le plus audacieux. Mais quant à dire que cela suffira pour une perestroïka à la mode USA…”

Gorbatchev, on le sait, a eu des contacts personnels avec BHO. Cette réponse se place en fonction de ces contacts, qui n’ont pas été de simple forme, qui ont duré un certain temps et ont marqué sans aucun doute des échanges substantiels. Gorbatchev s’est-il fait sa religion, qui serait dans ce cas – BHO est sans doute l’homme le plus apte à faire une perestroïka US (pour nous : une glasnost US), mais il semble bien probable que, malgré ses qualités, il n’y parviendra sans doute pas? A la suite de ces contacts, surtout celui de Moscou de juillet dernier, des sources russes ayant eu des échos de ces entretiens ont affirmé que des sujets sensibles auraient été abordés entre BHO et Gorbatchev, notamment sur les questions tactiques de savoir comment parvenir à débloquer la situation américaniste. Gorbatchev aurait abordé la question de la possibilité d’actions assez radicales ou abruptes, comme lui-même avait fait dans la période 1985-1989, et BHO aurait admis avec réticence qu’il s’agirait d’une possible nécessité, sans cacher qu’elle lui paraissait quasiment impossible à concrétiser à cause des contraintes systémiques, aussi bien des centres d’influence que de l’éclatement des pouvoirs et les contraintes du cadre légal.

Y aura-t-il encore des contacts entre BHO et Gorbatchev? C’est possible et, dirions-nous, selon l’évolution de la situation aux USA. Il est certain que ces contacts entre BHO et Gorbatchev ont été vus d’un très mauvais œil par certains membres de l’administration et par la majorité de l’establishment US. Les plus indulgents de ces critiques les considèrent comme des caprices du président US sans conséquences, mais dommageable par le manque de sérieux qu’ils suggèrent notamment auprès de l’establishment financier américaniste. Les plus inquiets les considèrent comme dangereux pour l’évolution d’Obama par rapport à l’establishment.

Mis en ligne le 3 novembre 2009 à 09H27