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972Parmi les dernières nouvelles avant le sommet de Moscou: Barack Obama a nuancé à grande vitesse, sinon en catastrophe, ce que ses initiatives ou discours précédents pouvaient avoir d’éventuellement désobligeant pour ses hôtes du jour, et éventuellement pour sa propre fortune. (La presse russe avait mal pris l’opposition Medvedev-Poutine, émettant l’hypothèse que BHO voulait séparer les deux hommes.)
Dans une interview donnée samedi à la chaîne de télévision Vesti, BHO s’est fait le dithyrambe des relations russo-américaines, de la Russie, de sa culture millénaire, de ses dirigeants magnifiques, – autant l’un (Medvedev) que l’autre (Poutine), et chacun avec les deux pieds, on vous l’assure. Mieux que tout, enfin, BHO proclame que la Russie est “l’égale” de l’Amérique et que c’est sur cette base que l’on entend bien “to reset the button” de l’entente et de la détente.
Quelques extraits, selon une dépêche AFP retransmise le 4 juillet 2009 par RAW Story. (La dépêche signale que les remarques d’Obama sont traduites du russe, puisqu’elles ont été elles-mêmes traduites en voix off pour les téléspectateurs russes. Lorsque la dépêche fut rédigée, aucun texte officiel de l’interview, en anglais certes, n’avait été diffusé par la Maison-Blanche. Manifestement, l’important était que les Russes entendissent le message, – pour les Américains, c’est moins pressé.)
• Il y a eu bien des inconséquences dans les relations entre les USA et la Russie sous le gouvernement de son prédécesseur, et cela doit changer («America respects Russia, we want to build relations where we deal as equals…»). La raison de cette nécessité du changement est simplement que la Russie est un pays exceptionnel dont on ne peut évidemment se passer («Describing Russia as a “great country with extraordinary culture and traditions,” he said it “remains one of the most powerful countries in the world” and is a major guarantor of “international stability and prosperity.”»)
• Pour les deux dirigeants russes, il y a désormais égalité dans la grandeur et la vertu, chacun avec ses particularités très humaines et extrêmement politiques. «Obama is due to meet both President Dmitry Medvedev and Prime Minister Vladimir Putin, which would allow him to “better understand the concerns and politics” of both men. He said he hoped both leaders would “reach the conclusion that they can work with me in an effective manner.” Labelling Medvedev a “thoughtful, forward-looking individual” who is “doing a fine job of leading Russia into the 21st century,” Obama added that Putin has been “a very strong leader for the Russian people.”»
…Tout se passe un peu comme si nous nous trouvions dans les bureaux du service de communication du président. Nul ne songera à accuser ce service de manquer de souplesse, et le président de s’y adapter avec un incontestable brio. La fable “Medvedev versus Poutine” ayant fait mauvais effet, il y eut aussitôt un exercice d’urgence en “damage control”, avec convocation expresse de Vesti pour une interview impromptue, le Kremlin bicéphale avisé de la chose et ainsi de suite.
Nous avons là un signe non négligeable de la confirmation d’une volonté, du côté US (Obama), de faire de ce sommet une occasion importante pour mettre en place une politique nouvelle qui permette de débloquer divers dossiers. Il y a plusieurs mois qu’existe cette impression, mais certains signes récents ont conduit à une plus grande circonspection. Cette dernière initiative d’Obama conduit à penser qu’effectivement le sommet qui s’ouvre aujourd’hui à Moscou est très ouvert et très difficile à prévoir dans les effets qu’il suscitera; il l’est d’autant plus que les manœuvres au niveau de la communication sont intenses et contribuent à fortement brouiller la perception de la réalité.
Nous avons également, avec cette péripétie suivant la précédente qui montrait un certain “durcissement” US, le signe d’une certaine confusion du côté US, et, notamment, du côté d’Obama, ce qui est assez inhabituel. L’explication peut être effectivement la plus simple, – la maladresse, – mais elle ne serait en tout état de cause que circonstancielle. Nous ne serions pas fixés pour autant puisqu’il reste à déterminer où se trouve la position réelle d’Obama. L’explication peut également être celle de certains affrontements au sein de l’équipe d’Obama, ou/et de pressions washingtoniennes extérieures à l’administration (éventuellement dans le sens de paraître durcir l’attitude US vis-à-vis de Moscou). Il apparaît finalement que ce sommet Russie-USA sème plus de trouble du côté US que du côté russe, malgré, ou à cause de l’épisode de l’appréciation contradictoire de Medvedev-Poutine par BHO.
Mis en ligne le 6 juillet 2009 à 06H04